La probabilité de voir arriver El Niño en cours d’année est désormais très importante. C’est le constat du Centre de prédiction du climat de la NOAA, l’agence américaine responsable de l’étude de l’océan et de l’atmosphère. Les signes de l’émergence du phénomène se multiplient dans le Pacifique équatorial.
Le dernier phénomène El Niño de grande ampleur a été enregistré en 1997/98, provoquant des pluies torrentielles au Pérou alors que les forêts indonésiennes étaient en flammes de l’autre côté du Pacifique. Survenant tous les 3 à 5 ans en moyenne, El Niño se caractérise par un réchauffement des eaux de surface au centre et à l’est du Pacifique.
Habituellement, les alizés qui soufflent d’est en ouest entraînent les eaux chaudes de surface vers le Pacifique ouest équatorial. Les eaux bordant la côte sud-américaine sont alors beaucoup plus froides. Mais périodiquement, la zone de haute pression située à l’ouest s’affaiblit, ainsi que les alizés, ce qui permet à l’eau chaude de migrer vers l’est du Pacifique : c’est le phénomène El Niño Des trombes d’eau s’abattent alors sur les côtes américaines alors que l’Indonésie et l’Australie sont en proie à la sécheresse. La mousson indienne peut même s’en trouver perturbée.
Avec El Niño l’année 1998 avait battu tous les records de chaleur et reste l’une des plus chaudes depuis le début des relevés météo. A lui seul, El Niño peut élever les températures mondiales de 0,2°C. L’année la plus chaude jamais enregistrée, 2010, a connu un événement El Niño d’ampleur modérée.
L’observatoire El Nino du Centre américain de prédiction du climat (CPC) a estimé le 8 mai 2014 que les chances pour que le phénomène se développe d’ici l’automne étaient de 80%. Estimée à 50% en mars, la probabilité a sans cesse été revue à la hausse ces dernières semaines. Michelle L’Heureux, du CPC, rappelle toutefois qu’en 2012, la probabilité pour qu’El Niño survienne avait été évaluée à 75% mais qu’El Nino ne s’est jamais manifesté. Le Pacifique était alors revenu à des conditions neutres.
Plusieurs signes indiquent cependant que le phénomène pourrait émerger cette année. Pour qu’El Niño se développe, il faut que des coups de vent soufflent d’ouest en est, favorisant l’inversion du mouvement des eaux chaudes vers les côtes américaines. Or, depuis le début de l’année, trois grosses rafales de vent d’ouest ont été reperérées le long de l’Equateur en janvier, février et avril. Parallèlement, on a bien enregistré une migration d’eaux chaudes de surface vers l’est de l’océan.
Quand les alizés s’affaiblissent, l’eau chaude qui s’est accumulée autour de l’Indonésie peut entamer un mouvement vers l’est, c’est ce que l’on appelle l’onde de Kelvin. Ce courant de subsurface (entre 50 et 300 mètres de profondeur) a été repéré en direction de l’est aux mois de mars et d’avril. L’eau chaude était encore récemment confinée mais elle a commencé à émerger début mai. Le CPC surveille de près ce phénomène qui pourrait favoriser le réchauffement de l’est du Pacifique.
Si El Niño arrivait en milieu d’année, le réchauffement du Pacifique favoriserait l’élévation des températures de l’athmosphère au niveau mondial et un nouveau record pourrait être établi.