Climat

6è plus bas niveau d’extension de la glace de mer arctique

Alors que la saison de fonte est sur le point de s’achever, l’étendue de la glace de mer arctique a régressé à un des plus bas niveaux jamais relevés. La situation est totalement différente en Antarctique, où l’extension de la glace de mer est à son maximum.

Ces dernières décennies, l’Arctique est la région du globe où le réchauffement climatique s’est fait le plus sentir, élevant les températures à un rythme deux à trois fois plus rapide que sur le reste de la planète. En conséquence, la glace de mer de l’océan arctique s’est réduite de 30% par rapport au début des relevés satellites en 1979. Le record de la plus faible extension a été établi en 2012. Il n’a pas battu cette année mais le National Snow and Ice Data Center américain (NSIDC) a annoncé que le 6è plus bas niveau avait été atteint le 15 septembre avec 5,07 millions de km2.

 

Extension de la glace de mer arctique le 15 septembre 2014. La ligne orange représente la moyenne d'extension 1981-2010 (Crédit : NSIDC)

Extension de la glace de mer arctique le 15 septembre 2014. La ligne orange représente la moyenne d’extension 1981-2010 (Crédit : NSIDC)

La glace de mer atteint chaque année son plus bas niveau à la fin de l’été, au mois de septembre. Inversement, elle est son maximum à la fin de l’hiver. La glace de mer arctique avait ainsi progressé jusqu’au 21 mars dernier avant d’entamer son retrait. Avec 14,91 millions de km2, mars 2014 avait connu la 5è plus faible extension pour une fin de saison hivernale.

Le niveau d’extension est important car la glace de mer reflète les rayons du soleil vers l’espace, ce qui tend à abaisser les températures. La perte de glace de mer signifie donc que l’océan absorbe davantage l’énergie solaire, accélérant le réchauffement climatique dû aux émissions de gaz à effet de serre.

Le rythme de la fonte depuis le début du mois de septembre 2014 a été de 28 000 km2 par jour, soit un rythme deux fois plus rapide que sur la moyenne 1981-2010. Quasiment toutes les régions de l’Arctique sont à niveau plus bas que la moyenne, sauf dans le secteur de la mer de Barents où les températures ont été plutôt froides par rapport aux précédents étés.

Le retrait de la glace de mer a en revanche été particulièrement important dans la mer de Laptev, où l’anomalie de température à la surface de l’océan a été de 5°C. La zone d’eau libre de glace s’est approchée à 5 degrés de latitude du Pôle Nord. C’est la première fois depuis 1979 que l’on ne trouve pas dans cette zone la moindre glace de mer.

Si le réchauffement climatique fait fondre la glace de mer en Arctique, tel n’est pas le cas pour le moment dans l’hémisphère sud. Cela fait maintenant une trentaine d’années que les glaces de l’Antarctique connaissent des phases hivernales de forte croissance. Le NSIDC a annoncé le 16 septembre que la glace de mer avait atteint une extension de 19,7 millions de km2. Sachant qu’il reste encore quelques semaines de croissance, un nouveau record pourrait ainsi être battu après les niveaux records de 2012 et 2013.

Pourquoi la glace de mer progresse-t-elle en Antarctique alors que les émissions de gaz à effet de serre sont censées élever les températures ? Plusieurs facteurs pourraient expliquer le phénomène. Il y a d’abord la géographie particulière du continent et son climat relativement isolé du reste du globe. L’Antarctique de l’ouest a  connu ces dernières décennie une forte élévation des températures qui ont provoqué une fonte accélérée des glaciers mais l’Antarctique de l’est, beaucoup plus massif, n’a pas connu le même réchauffement.

Il faut aussi bien distinguer la glace de mer des plateformes de glace et des calottes glaciaires. Si la la glace de mer varie grandement selon les saisons, ce n’estt pas le cas des plateformes et des calottes (la glace qui repose sur le continent a une épaisseur moyenne de 2 km).

Plusieurs théories ont été avancées face à l’extension de la glace de mer, notamment celle de l’oscillation de l’Antarctique qui affecte les vents d’ouest soufflant autour du continent. Le vortex polaire s’est en effet intensifié depuis une trentaine d’années.

Dans la phase positive de l’oscillation de l’Antarctique, les vents d’ouest se renforcent, favorisant l’empilement et l’épaississement de la glace. Les endroits où la glace a été balayée laissent alors à découvert l’océan dans des zones où il peut à nouveau geler en surface, selon une étude dirigée par Jinlun Zhang, chercheur à l’université de Washington. La destruction de la couche d’ozone est soupçonnée être liée au phénomène. En refroidissant la stratosphère, la perte d’ozone favorise les forts vents d’ouest et donc la constitution de glace de mer.

Une autre théorie est que la fonte des plateformes de glace libère une eau douce et froide susceptible de geler en surface alors que l’eau plus chaude reste confinée en-dessous, faisant fondre les glaciers à leur base.

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