Les émissions de CO2, le principal gaz à effet de serre dû aux activités humaines, ont augmenté de 2,3% en 2013, selon le Global Carbon Project, un organisme de recherche qui traque le cycle du carbone. Le rythme s’accélère donc légèrement par rapport aux deux années précédentes, où la hausse avait été de 2,1%. Avec un total de 36 milliards de tonnes, les émissions sont désormais 61% plus élevées qu’en 1990, année référence du protocole de Kyoto.
Cela fait au moins 800 000 ans que le dioxyde de carbone atmosphérique n’a pas été à un tel niveau et il semble que les émissions actuelles de combustibles fossiles suivent les scénarios les plus pessimistes du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Les projections d’émissions annoncent 2,5% d’augmentation en 2014 et la trajectoire actuelle conduirait la planète à une hausse de la température moyenne de 3,2°C à 5,4°C à l’horizon 2100.

Scénarios du GIEC indiquant que la trajectoire actuelle pourrait mener à une élévation des températures de 5,4°C en 2100
Un Chinois émet désormais davantage de CO2 qu’un Européen
En 2013, les émissions de CO2 ont été principalement dues à la Chine (28%), aux Etats-Unis (14%), à l’UE (10%) et à l’Inde (7%). La Chine et l’Inde voient leurs émissions fortement progresser entre 2012 et 2013 avec respectivement 4,2% et 5,1%. La croissance est moindre pour les Etats-Unis alors que l’Europe enregistre même une baisse de ses émissions de 1,8%.
Un fait notable ressort de l’étude : les émissions par habitant de la Chine dépassent pour la première fois celles de l’Europe. L’utilisation massive du charbon en Chine depuis les années 2000 a favorisé l’envolée des émissions de CO2. C’est une mauvaise option dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique puisque le charbon est encore pire que le pétrole et le gaz en matière d’effet de serre.
En 1990, les pays dits développés représentaient 62% des émissions mais ne totalisent aujourd’hui plus que 36% en raison de la croissance rapide de la Chine et de l’Inde, où la production industrielle a été massivement délocalisée.
Moins d’émissions dues à la déforestation
Les émissions de CO2 dues à la déforestation et à l’usage des terres ont été de 0,9 milliards de tonnes entre 2004-2013, un niveau qui représente 8% du total des émissions dues aux activités humaines. Il s’agirait d’une diminution par rapport aux années 90 où le rythme était de 1,6 milliards de tonnes.
Selon le rapport du Global Carbon Project, les nouvelles politiques d’usage des terres, le renforcement des lois environnementales pour faire cesser la déforestation illégale et les plans de reforestation pourraient avoir contribué à l’amélioration du bilan carbone depuis le début des années 2000.
Actuellement, moins de la moitié du dioxyde de carbone émis reste dans l’atmosphère.
Sur le total des émissions comptabilisées sur la période 2004-2013, 44% se sont accumulées dans l’atmosphère, 26% dans l’océan et 30% ont été absorbées par les terres. Durant cette période, la taille des puits naturels de carbone semble avoir augmenté, selon le Global Carbon Project.
Pourtant, une étude publiée cette année par l’Université d’Edimbourg dans Nature Geoscience indiquait que la hausse des températures mondiales était susceptible de diminuer l’absorption du CO2 par l’océan. Les scientifiques ont analysé une carotte de sédiments vieille de 26.000 ans, issue du golfe de Californie, pour savoir comment la capacité de l’océan à absorber le CO2 atmosphérique avait changé au fil du temps. Ils ont découvert qu’en affectant la vie du plancton, un manque de fer pouvait perturber la pompe biologique du dioxyde de carbone.
Les premières mesures effectuées en 1958 avaient montré que les concentrations de CO2 dans l’atmosphère étaient de 315 ppm (parties par million), déjà en augmentation par rapport aux teneurs estimées avant la révolution industrielle à 278 ppm. En 2013, le seuil symbolique des 400 ppm a été atteint en plusieurs endroits du monde, notamment à la station référence de Mauna Loa.
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