Climat

Le Groenland sur une pente glissante

Le Groenland pourrait être plus sensible qu’on ne le pensait au réchauffement climatique en raison d’un sol spongieux qui laisse plus facilement glisser la glace vers la mer. La contribution du Groenland – déjà significative – à l’élévation du niveau des océans pourrait donc s’accélérer.

Le Groenland contient suffisamment de glace pour élever le niveau de la mer de 7 mètres en cas de fonte intégrale. Sa calotte de glace, d’une superficie trois fois plus grande que la France, représente 80% de son territoire et son épaisseur moyenne est de 2,3 km… Avec le réchauffement climatique, l’inlandsis n’est plus en équilibre : il perd plus de glace qu’il n’en accumule. Il cède ainsi chaque année 200 milliards de tonnes de glace, ce qui conduit à une élévation du niveau de la mer de 0,6 mm par an, soit 20% du total mondial.

Des chercheurs de l’université de Cambridge ont développé un nouveau modèle pour étudier l’évolution de la calotte du Groenland en intégrant une donnée qui n’avait jusqu’à présent pas été prise en compte, le caractère spongieux du sol sous la glace. Des études de terrain ont en effet permis de découvrir récemment des zones où le sol était plus poreux, précisent les chercheurs dans leur étude parue dans la revue Nature Communications.

Les analyses précédentes supposaient que le sol rocheux sous la glace était imperméable et dur. Le fait qu’elles soient au contraire plutôt spongieuses dans certaines régions devrait conduire à un glissement plus rapide des glaces vers la mer.

Il faut dire que la calotte du Groenland est loin d’être immobile. En été, le réchauffement climatique fait fondre la glace en surface, ce qui provoque l’apparition de lacs. Ces derniers transportent ensuite l’eau fondue vers le sol rocheux à travers ce que l’on appelle des « moulins ». Ce phénomène tend à lubrifier la base de la calotte de glace et à faciliter son déplacement. Si le sol est spongieux, le mouvement peut être encore plus rapide. En absorbant toujours plus d’eau, il perd de la résistance, selon les auteurs de l’étude.

L'eau s'infiltre dans la calotte du Groenland à travers des moulins de ce type (Source : NASA-NSIDC)

L’eau s’infiltre dans la calotte du Groenland à travers des moulins de ce type (Source : NASA-NSIDC)

Les chercheurs de Cambridge ont utilisé un modèle de calotte de glace en 3D couplé à des données relatives à la fonte de surface fournies par leurs collègues de l’université d’Aberystwyth. Marion Bougamont et Poul Christoffersen, coauteurs de l’étude, ont ainsi pu reproduire de manière plus précise le mouvement de la calotte de glace en réponse à l’eau fondue atteignant le sol rocheux.

Selon Poul Christoffersen, la calotte est non seulement sensible au changement climatique, mais elle est aussi susceptible d’être déstabilisée par des événements météorologiques extrêmes comme des pluies importantes ou des vagues de chaleur.

Il s’agit d’une nouvelle donnée à prendre en compte alors qu’il apparaît que le Groenland est par ailleurs plus vulnérable au réchauffement de l’océan qu’on ne le pensait. Certains canyons qui bordent les côtes sont très profonds, avec un lit rocheux situé sous le niveau de la mer. Une étude de chercheurs de la Nasa et de l’université Irvine, publiée en 2014, a permis de dresser une nouvelle topographie de l’île.

Le Groenland était jusqu’à présent censé résister au réchauffement de l’océan en raison de son front rocheux qui devait empêcher l’eau de trop s’engouffrer à l’intérieur des terres. Mais en fait cette barrière naturelle n’est pas assez élevée et présente de nombreuses failles permettant à l’eau de se frayer un chemin à travers les terres. La pronfondeur des fjords va permettre à l’eau chaude de s’infiltrer, faisant fondre davantage les glaciers.

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