Le réchauffement de l’océan aurait été sous-estimé depuis les années 70 en raison d’une collecte de données insuffisante dans l’hémisphère sud. Déterminer la quantité de chaleur qui s’accumule dans l’océan est crucial pour mieux comprendre et évaluer le réchauffement climatique.
La capacité de l’atmosphère terrestre à contenir de la chaleur équivaut à ce que l’on peut trouver dans les 3,5 premiers mètres de l’océan. Plus de 90% de la chaleur absorbée par le système climatique ces dernières décennies en raison des gaz à effet de serre l’a été par la mer. Pour savoir à quel point la Terre se réchauffe, il est donc nécessaire de mesurer avec précision la température de l’océan.
Grâce à l’analyse des observations satellites et des modèles climatiques, des chercheurs du Lawrence Livermore Laboratory ont découvert que le réchauffement des 700 premiers mètres des océans de l’hémisphère sud avait été sous-estimé.

Réchauffement de l’Atlantique et du Pacifique ces 6 dernières décennies (1955-2011 ; Source : Timo Bremer,/LLNL).
Les scientifiques ont comparé les observations directes et celles basées sur les relevés satellitaires aux modèles climatiques réalisés par ordinateur. Les résultats se sont avérés cohérents pour l’hémisphère nord mais pas pour le sud, selon l’étude publiée le 5 octobre dans Nature Climate Change.
Les chercheurs du Lawrence Livermore Laboratory aidés de la NASA ont découvert que les modèles climatiques simulaient bien l’élévation du niveau de la mer dans les hémisphères nord et sud. Ils ont noté cependant que lorsque l’on séparait les simulations du réchauffement dans les deux hémisphères, on obtenait des résultats qui ne correspondaient pas aux estimations basées sur les observations. Le niveau de la mer et la chaleur contenue dans l’océan devraient être cohérents et indiquent que le réchauffement des océans de l’hémisphère sud a a été sous-estimé, selon Paul Durack, principal auteur de l’étude.
La cause de l’erreur est donc un problème d’échantillonnage des données et des moyens de mesure insuffisants dans certaines régions de l’océan.
Paul Durack estime que le réchauffement des océans de l’hémisphère sud depuis les années 70 pourraient être deux fois plus important que ce que l’on avait pu établir précédemment. Au niveau global, aussi bien au sud qu’au nord, le réchauffement entre 1970 et 2005 aurait été 24 à 58% plus rapide qu’on ne le pensait.