Peut-on classer les canicules selon leur degré de sévérité ? Dans une étude publiée dans le Journal of Geophysical Research: Atmospheres, des scientifiques dévoilent un palmarès des différentes vagues de chaleur recensées dans le monde ces dernières années. Résultat : c’est la canicule de 2010 en Russie qui arrive en tête, devançant largement celle de 2003 en Europe.
Des chercheurs européens ont mis au point un indice qui permet de comparer l’intensité et la durée des canicules dans les différentes régions du globe et à différentes époques. L’indice, qui se résume à un chiffre, leur a permis d’établir un classement des vagues de chaleurs survenues ces 33 dernières années.
La canicule de 2010 en Russie est la pire qu’ait connu le pays en 130 années d’archives météo. Selon le nouvelle indice, elle est même la vague de chaleur la plus sévère recensée dans le monde depuis 1980. Un pic à 44°C avait été atteint dans une région où la moyenne se situe plutôt aux alentours des 20°C. Elle se démarque des autres périodes extrêmes du même type aussi bien par son intensité que par son extension (le double de celle de 2003 en Europe).
Derrière la canicule russe, qui obtient un score de 5,43, la deuxième plus importante relevée par les chercheurs est celle de 1980 aux Etats-Unis avec un indice de 4,10. Celle de 2003 en Europe se classe 3è sur la période 1980-2012 avec un score de 3,48. Les autres vagues de chaleur notables sont celles de 1994 en Allemagne et au Benelux, de 2007 en Grèce, de 2011 et 2012 aux Etats-Unis.
Globalement, entre 2002 et 2012, le nombre de canicules sévères enregistrées sur la planète a été trois fois supérieur à celui relevé lors des périodes 1980-1990 et 1991-2001. Une étude de Christidis et al. de 2013 avait estimé que les chances pour qu’une canicule comme de 2010 à Moscou se produise sans l’influence humaine sur le climat étaient quasiment proches de 0.
A l’avenir, selon les auteurs de l’étude, la probabilité d’événements extrêmes augmentera et les épisodes considérés aujourd’hui comme exceptionnels deviendront la norme. Selon le pire des scénarios envisagés pour les émissions de CO2, qui prévoit un réchauffement global de 4°C à la fin du siècle, les canicules comme celle de 2003 en Europe et de 1980 aux Etats-Unis deviendront habituelles à partir de 2070. A la fin du siècle, l’épisode russe de 2010 sera également considéré comme normal. Si les gaz à effet de serre augmentent fortement, un été sur deux connaîtra une vague de chaleur extrême entre 2068 et 2100.
Dans un futur plus proche (2020-2052) , avec des scénarios d’émissions plus raisonnables qui prévoient de 1 à 2°C d’augmentation de la température moyenne, les canicules extrêmes se produiraient de une à trois fois tous les 33 ans dans la plupart des régions du globe.
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