Climat

Diminution de la glace de mer mondiale malgré le record en Antarctique

L’extension de la glace de mer autour de l’Antarctique ne compense pas les pertes de l’Arctique, selon une nouvelle étude de la NASA. Dans l’ensemble, la planète a perdu de la glace de mer à un rythme annuel moyen de 35 000 km² depuis 1979.

Même si la banquise antarctique a atteint un nouveau maximum record en septembre 2014, la baisse se poursuit au niveau mondial si l’on additionne les niveaux atteints dans les deux régions polaires. C’est la conclusion de l’étude menée par Claire Parkinson, chercheur au Goddard Space Flight Center de la NASA. La diminution de la banquise arctique dépasse de loin les augmentations de la banquise antarctique. La cause est sans nul doute le réchauffement accéléré de l’Arctique, dont le rythme est deux fois plus élevé que pour le reste de la planète. Lors de la première partie de l’année 2010, notamment, les températures ont été de 4°C supérieures à celles de la moyenne 1968-1996, selon la NOAA (météo américaine).

Extension de la glace de mer arctique le 15 septembre 2014. La ligne orange représente la moyenne d'extension 1981-2010 (Crédit : NSIDC)

Extension de la glace de mer arctique le 15 septembre 2014. La ligne orange représente la moyenne d’extension 1981-2010 (Crédit : NSIDC)

L’étude de Claire Parkinson porte sur la glace de mer et non sur les glaciers, qui reposent sur les terres. Les glaciers fondent partout dans le monde, au Groenland comme en Antarctique, et contribuent à l’élévation du niveau de la mer.

Avec moins de glace de mer, la Terre absorberait davantage de chaleur

Une des raisons pour lesquelles la diminution de la glace de mer est préoccupante, c’est que cette surface est très réfléchissante alors que l’océan liquide est très absorbant. Alors, quand la zone de couverture de la glace de mer est réduite, les rayons du soleil sont moins réfléchis vers l’espace. Cela signifie une plus grande absorption du rayonnement solaire par la Terre et un réchauffement climatique qui s’ajoute à celui des gaz à effet de serre.

Parkinson a utilisé des données recueillies par la NASA et les satellites du ministère américain de la Défense pour son étude publiée en décembre 2014 dans le Journal of Climate. Elle a ensuite additionné les données mensuelles de l’étendue de glace de mer de l’Arctique et de l’Antarctique entre novembre 1978 et décembre 2013 pour déterminer l’étendue de la glace mondiale pour chaque mois.

Accélération des pertes de glace de mer

Son analyse montre que sur cette période de 35 ans, la tendance est à la baisse pour chacun des mois de l’année.
En outre, la diminution globale de glace s’est accélérée : dans la première moitié (1979-1996), la perte de glace de mer était d’environ 21 500 km² par an. Ce taux a plus que doublé pour la deuxième moitié (1996-2013) avec 50 500 km² par an.

« Cela ne signifie pas que la perte de glace de mer continuera à accélérer », précise Parkinson. Une fois que toute la glace de l’Arctique aura disparu en été, les pertes ne pourront pas accélérer davantage.

La glace de mer a diminué dans presque toutes les régions de l’Arctique, alors que les augmentations de la glace de mer dans l’Antarctique sont moins étendues géographiquement. Bien que la couverture de glace de mer ait augmenté dans la majeure partie de l’océan Austral entre 1979 et 2013, elle a diminué sensiblement dans les mers de Bellingshausen et d’Amundsen. Ces deux mers sont à proximité de la péninsule Antarctique, une région qui s’est réchauffée considérablement au cours des dernières décennies.

Dans son étude, Claire Parkinson montre également que le cycle annuel mondial est plus semblable au cycle annuel de l’Antarctique que de l’Arctique. Au total, l’étendue minimum se produit en février de chaque année, comme en Antarctique, et l’étendue globale maximale se produit en octobre ou novembre, un ou deux mois après le maximum de l’Antarctique.

En moyenne sur les 35 années de l’enregistrement satellite, l’étendues de glace de mer de la planète va d’un minimum de 18,2 millions de km² en février à un maximum de 26,6 millions de km²  en novembre.

En Arctique, le record de la plus faible extension a été établi en 2012. En 2014, le National Snow and Ice Data Center américain (NSIDC) a annoncé que le 6è plus bas niveau avait été atteint le 15 septembre avec 5,07 millions de km². La glace de mer de l’océan arctique s’est réduite de 30% par rapport au début des relevés satellites en 1979.

Source : NSIDC

Source : NSIDC

Quelles perspectives pour l’Antarctique ?

La glace de mer autour de l’Antarctique a atteint le 22 septembre 2014 un niveau d’extension record avec 20.11 millions de km². Le précédent record datait de 2013 et cela fait maintenant plusieurs années que la glace de mer tend à progresser dans l’hémisphère sud. L’une des causes possibles est celle du vortex polaire qui s’est intensifié depuis une trentaine d’années. La destruction de la couche d’ozone est soupçonnée être liée au phénomène. En refroidissant la stratosphère, la perte d’ozone favorise les forts vents d’ouest et donc la constitution de glace de mer.

Source : NSIDC

Source : NSIDC

Le passé pourrait aussi être riche d’enseignements. Récemment, des images de la Terre prises par des satellites de la NASA ont été redécouvertes après avoir été oubliées dans les archives pendant une quarantaine d’années. Ces clichés apportent des informations précieuses sur l’évolution des glaces de l’Arctique et de l’Antarctique avant les relevés réalisés par les satellites modernes. Jusqu’à présent, les plus vieilles images satellites permettant de connaître l’étendue de la glace de mer polaire dataient de 1979. Grâce à une trouvaille faite dans les archives de la NASA il y a 4 ans, il est désormais possible de remonter à 1964, date de lancement des premiers satellites Nimbus.  Les données de Nimbus sont très intéressantes puisqu’elles montrent que la surface de la glace de mer était quasiment aussi importante en Antarctique en 1964 (avec 19,7 millions de km2) que lors du record atteint cette année le 22 septembre (avec 20,11 km2).

Image de l'Antarctique prise par le satellite Nimbus en septembre 1964 : la ligne jaune indique l'extension de la glace de mer en 1964, la ligne rouge celle atteinte en 2014 (Source : NSIDC)

Image de l’Antarctique prise par le satellite Nimbus en septembre 1964 : la ligne jaune indique l’extension de la glace de mer en 1964, la ligne rouge celle atteinte en 2014 (Source : NSIDC)

Parkinson ne pense pas que l’expansion autour de l’Antarctique accélère et soit susceptible d’inverser la tendance négative de la glace de mer mondiale à l’avenir. Sur le long terme, la croissance de la glace de mer de l’Antarctique est plus susceptible de ralentir ou même de s’inverser.

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