Selon la NOAA, les conditions El Niño ont 80 % de chances de se maintenir jusqu’à la fin 2015.  Le réchauffement des eaux de surface du Pacifique tropical, la marque d’El Niño, se poursuit. Les modèles divergent cependant quand à la force future du phénomène. Certains prédisent d’ici la fin de l’année un événement extrême, comparable à celui de 1997-98. D’autres sont beaucoup plus prudents.

La situation actuelle dans le Pacifique est inhabituelle puisque les températures de surface de l’océan continuent à monter dans la région 3.4 du Pacifique, un secteur clé qui sert à mesurer l’intensité d’El Niño. L’indice ONI, une moyenne des anomalies de températures sur trois mois dans la région 3.4, doit dépasser le seuil de 0,5°C pour que l’on considère que des conditions El Niño sont en place. Le seuil a déjà été dépassé, c’est l’une des raisons qui ont conduit la NOAA (agence météo américaine) à officiellement déclarer l’émergence d’El Niño au mois de mars 2015.

Régions El Niño (source : NOAA)

L’indice ONI était de +0,6°C sur février-mars-avril. Ce niveau est relativement faible au regard des pics enregsitrés dans le passé mais ce qui est étonnant c’est le timing du réchauffement : au printemps. Habituellement, l’indice ONI décline à cette période et c’est plutôt en automne qu’El Niño se développe pour atteindre sa pleine force aux abords de l’hiver. On est encore loin des valeurs enregistrées lors des gros épisodes, comme ceux de 1983 et  1998, avec une anomalie de +2,2°C, ou même du Niño plus modéré de 2010 avec +1,6°C.

Mais tout de même, le réchauffement dans la région 3.4 est précoce. Le phénomène ne s’est produit qu’une fois sur les 50 dernières années. Normalement, cet indice clé pour déterminer l’occurrence d’un phénomène El Nino faiblit vers avril-mai. Mais pas cette année : il est en train de monter et a atteint début mai +1°C et même +1,1°C aux alentours du 20 mai dans la région 3.4 du Pacifique. Cela signifie que des conditions El Niño faibles à modérées prévalent actuellement. Certains modèlent prévoient un pic à plus de 2,5°C, du jamais vu, même en 1997-98.

Si le phénomène continue à s’intensifier comme certains modèles le prévoient, des valeurs exceptionnelles pourraient être atteintes dès l’été. Une situation qui serait proprement incroyable par rapport à ce que l’on a pu observer dans le passé. Mais comme on l’a dit, il y a une grand variabilité dans les différentes prévisions des modèles. On devrait y voir plus clair au mois de juin. L’un des paramètres à suivre le mois prochain sera la force des vents. Les alizés avaient empêché l’émergence d’El Niño en mai 2014.

Prévisions des modèles pour El Niño (Source : NOAA)

Ce qui est sûr, c’est qu’il y a actuellement une bonne réserve de chaleur dans l’est du Pacifique. C’est l’une des raisons pour lesquelles El Niño pourrait être extrême cette année : la masse d’eau anormalement chaude dans les 300 premiers mètres du Pacifique équatorial. On a retrouvé cette grande réserve de chaleur dans les mois précédents les gros phénomènes El Niño. Voici les écarts à la moyenne publiés par la NOAA :

Année   Mois   130E-80W   160E-80W   180W-100W

2015     3           0.85               1.17                1.52

2015    4             1.05               1.42               1.74

Du jamais vu, à l’exception de la fameuse année 1997 :

1997     3            1.09              1.26               1.17

1997     4            1.49              1.87               2.17

Même 1982, l’autre super-gros El Niño, est loin derrière :

1982    3            0.74              0.78              0.92

1982    4           0 .69               0.79             0.93

Des conditions El Niño devraient favoriser une température moyenne élevée en cette année 2015. Si le phénomène se renforce, l’année 2015 sera probablement marquée par un nouveau record de chaleur.