L’épisode El Niño 2015-2016 a été l’un des plus forts des annales et il est maintenant sur le déclin. L’anomalie de température à la surface de la mer est nettement moins importante qu’au pic du phénomène mais reste encore très élevée pour la saison. D’après deux des principales agences qui étudient l’océan, la NOAA (Etats-Unis) et le Bureau of Meteorology (BOM, Australie) des conditions neutres devraient prévaloir au printemps et en été 2016. La Niña pourrait ensuite émerger en automne, avec une probabilité de 50%.
Cet épisode El Niño restera dans les annales. On peut voir sur le graphique ci-dessous que la température surface de l’océan a atteint un niveau record en 2015-2016.
El Niño touche maintenant à sa fin. L’une des manifestations les plus nettes de ce reflux est la température dans les 300 premiers mètres de l’océan, note le Bureau australien de météorologie (BOM). L’anomalie a bien diminué pour atteindre en mars des niveaux que l’on n’avait plus vu depuis janvier 2015.
A la surface, le recul est moins spectaculaire : au mois de mars, on reste quand même à +1,68°C dans la région clé 3.4, un niveau exceptionnel pour la saison. C’est à peu près ce que l’on avait pu observer à l’apogée du Niño 2009-2010, d’intensité modérée à forte.
L’indice SOI qui mesure la différence de pression à la surface du Pacifique montre que les conditions atmosphériques sont tout juste au-dessus du seuil considéré comme caractéristique d’El Niño : -7,5 le 10 avril pour un seuil à -7.
Les anomalies à la surface de la mer au centre et à l’est du Pacifique pourraient donc d’ici fin 2016 retrouver des valeurs négatives après le gros pic de la fin 2015-début 2016.
La plupart des modèles prévoient qu’El Niño continuera à s’affaiblir dans les prochains mois pour arriver à des conditions neutres en milieu d’année. Pour la fin 2016, les chances de rester sur des conditions neutres ou de voir émerger La Niña sont équivalentes. Le Bureau australien de météorologie prévient cependant que les prévisions à ce stade de l’année doivent être prises avec des pincettes.
En 1998-1999, un épisode La Niña exceptionnel a succédé à ce qui fut probablement le phénomène El Niño le plus important du 20è siècle. Lorsque survient un phénomène El Niño extrême, les conditions sont favorables à un épisode La Niña très marqué l’année suivante, selon un spécialiste d’ENSO, Wenju Caï, du CSIRO Marine and Atmospheric Research (Australie).
Pour Wenju Cai, les épisodes La Niña intenses sont la suite logique du renforcement des épisodes El Niño déjà influencés par l’effet de serre. Le fort événement La Niña de 1998-99 a atteint un sommet quelques mois après le largage de chaleur dû à l’événement El Niño de 1997-98. De manière similaire, l’épisode La Niña de 1988-89 a suivi les deux El Niño consécutifs de 1986-87 et 1987-88. Dans les deux cas, El Niño a été suivi d’une remontée d’eau froide dans le Pacifique central. Ce refroidissement a renforcé les vents d’est et l’empilement de chaleur dans l’ouest du Pacifique. Ce type d’évolution élève le gradient de température entre le continent maritime et le centre du Pacifique et favorise encore plus la remontée d’eau froide au centre de l’océan. Ainsi Wenju Cai décrit-il le passage d’un état El Niño à un état La Niña, le tout voyant sa fréquence dopée par le réchauffement climatique dû aux gaz à effet de serre.
En 2016, Niña ne devrait cependant pas atteindre les niveaux observés fin 1998, selon les prévisions des modèles. La moyenne des modèles annonce un niveau de -0,5 pour novembre-décembre-février 2016, pile le seuil caractéristique d’un phénomène La Niña. Fin 1998, l’anomalie avait chuté à -1,6.