Climat

Canicule de juin 2017 : une sensation de chaleur confirmée par les chiffres

Le 21 juin 2017 a été la journée de juin la plus chaude en France depuis 1945, selon Météo France. A Paris Montsouris, on a relevé une température record pour un 21 juin avec un maximum de 36,9°C. Le taux d’humidité a encore accru la sensation de chaleur : l’indice humidex, qui combine chaleur et humidité, est l’un des plus hauts jamais relevés à Paris.

La température n’est pas le seul paramètre à surveiller par temps de canicule. Une humidité élevée accroît encore la sensation de chaleur. Plus il fait humide, moins l’air peut recevoir de vapeur d’eau supplémentaire. Ce qui pose problème lorsqu’il y a une combinaison de chaleur et de forte humidité : le corps humain se refroidit alors plus difficilement.

Le corps doit se maintenir à une température interne constante de 37 °C. Par temps chaud, la transpiration permet de rafraîchir le corps. Mais s’il y a beaucoup d’humidité dans l’air, le corps a moins de marge de manoeuvre. L’évaporation s’arrête même complètement lorsque l’humidité relative atteint 90%.

C’est pourquoi des météorologues canadiens ont créé l’humidex, un indice qui combine la température et l’humidité, censé mieux refléter la température perçue. Un humidex de 40 avec, par exemple, une température de 30 degrés signifie que la sensation de chaleur dans l’air humide à 30 degrés serait plus ou moins la même que dans de l’air sec à 40 degrés.

A Paris Montsouris, l’humidex le plus élevé recensé remonte à la canicule de 2003, avec un Humidex de 43,8. Le 21 juin 2016, ce niveau a de nouveau été presque atteint avec 43,5. Du jamais vu pour un mois de juin, sachant que les données présentées dans cet article remontent à 2000 (faute de données suffisantes, il n’a pas été possible de prendre en compte les années précédentes).

Voici un tableau qui permet de calculer l’humidex à partir de la chaleur et de l’humidité. Au-delà de 39, il y a une réelle sensation d’inconfort. Il est rare de voir ce niveau atteint à Paris en été. La zone de danger commence à 45, un niveau que l’on ne trouve pas à Paris, même lors des canicules. On a quand même pu voir en 2003 que plusieurs jours avec un humidex supérieur à 40 avaient affaibli les organismes. Des indices humidex de 45 et au-delà sont relevés dans certains pays plus chauds et humides que la France. L’impact sanitaire dépend bien sûr des équipements de la population concernée, de son expérience et de son mode de vie.

Tableau de l’indice Humidex. Source : Environnement Canada.

Interprétation du tableau :

Plage d’humidex Degré de confort
20 à 29 Aucun inconfort
30 à 39 Un certain inconfort
40 à 45 Beaucoup d’inconfort : évitez les efforts
Au-dessus de 45 Danger : coup de chaleur possible

Située au sud de Paris, la station de Paris-Montsouris enregistre les températures depuis 1873.  Voici le top 10 des plus gros humidex observés en juin à Paris-Montsouris depuis 2000. Le 21 juin 2017 se distingue du reste de l’archive et s’est approché de la zone de danger (45). Cela explique sans doute la chaleur assez pénible que beaucoup de Parisiens ont dû ressentir alors que le thermomètre affichait « seulement » 36,9°C. Le 22 juin 2017 se classe au 3è rang.

Top 10 humidex à Paris Montsouris depuis 2000. D’après les chiffres de Meteociel.

Le niveau observé le 21 juin est le deuxième plus élevé depuis 2000, tous mois confondus. Seul un jour de 2003 a dépassé ce seuil. La principale différence entre 2003 et 2017 est sans doute la chaleur brute relevée au thermomètre et la répétition de jours très chauds lors de la canicule de 2003, qui n’a laissé aucun répit. Voici les trois plus gros humidex relevés à Paris-Montsouris en juin-juillet-août. On peut voir ci-dessous la température en °C, l’humidité relative en % et l’indice humidex :

8 août 2003

36.3 °C
40%
43.8

21 juin 2017

36.9 °C
36%
43.5

1er juillet 2015

38.5 °C
29%
43.5

Comme on peut le voir ci-dessus les humidex les plus élevés ne sont pas forcément relevés les jours où la température est la plus importante. Par exemple, en 2003, une journée a atteint 39,2°C mais avec une humidité de 22%, l’humidex fut seulement de 41,8.

Avec l’augmentation du nombre de canicules, les indices humidex devraient s’approcher encore davantage du seuil de 45 dans les années à venir.

Une étude a montré en 2014 que le risque d’une canicule aussi sévère que 2003 était passé de 1 tous les 1000 ans à la fin du XXe siècle à 1 tous les 100 ans au début du XXIe siècle.

Il s’agit d’un phénomène global : le nombre de canicules sévères enregistrées sur la planète entre 2002 et 2012 a été trois fois supérieur à celui relevé  lors des périodes 1980-1990 et 1991-2001

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26 réponses »

  1. Bonsoir Johan,

    Comme d’habitude, très bon article. Intéressant d’utiliser l’humidex qui « capture » mieux l’intensité de la chaleur, je trouve. En regardant les chiffres de la station de Rennes (à proximité du lieu où j’habite), j’ai aussi regarder les statistiques de cet indicateur en juin, sans trouver d’équivalent (42.3 le mardi 20 et 43.5 sur une station voisine). Je trouve dommage que Météo-France ne l’utilise pas ou très peu.

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    • Bonsoir Quentin,
      Merci pour le commentaire. Effectivement, Rennes a connu aussi un humidex élevé la veille avec une température un peu moindre mais une humidité plus importante. Au final, le résultat s’approche de celui de Paris. Le 9 août 2003, l’humidex a atteint 45 à Rennes, plus que Paris. Le niveau de la zone de danger avait alors été franchi. J’ai personnellement connu des températures de 50°C dans la Vallée de la mort aux Etats-Unis et pas loin à Phoenix. Sans climatisation, cela aurait été insupportable. Mais là-bas, il ne vient à l’idée de personne de se déplacer sans la clim, c’est un autre mode de vie…

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  2. Comme on est sur un plateau climatique plus élevé que lors de toutes les périodes précédentes depuis des siècles, fort logiquement on a toujours des valeurs élevées. On pourra sans doute faire plein d’articles avec Top3 ou 5 des températures 😀
    D’autant plus qu’on est encore sous l’influence du dernier El Niño.
    On en a encore pour 2 ans minimum à avoir chaque mois qui va passer, des températures dans le Top3 ou 5.
    Après, si ça continue à grimper et que la tendance au réchauffement reprend vraiment, on battra carrément des records.
    Dommage qu’on n’ait pas de relevés ni de la période médiévale, ni de la période romaine. On aurait pu comparer 😉

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      • Oui, enfin, attention quand même à la rupture de stock. Car plus sérieusement, on a battu un record estival de consommation d’électricité le 21 juin, à 13h00, avec 60 900 mégawatts. Le précédent record datait du… 1er juillet 2015, où elle avait atteint 58 969 mégawatts. Tiens tiens, ce sont 2 des 3 plus gros humidex jamais relevés, comme on peut le voir ci-dessus dans l’article…

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        • Il faut généralement acheter ça assez tôt. À cette époque, c’est hors de prix effectivement. 🙂

          La consommation électrique a une tendance à la hause même si ça plafonne actuellement (quitte à importer quand ils surchauffent), et ce n’est pas prêt de changer, même si les prix baissent, il a bien fallu trouver des usages pour écouler les surpus de production aux lendemains de la mise en place du plan Messmer, et depuis, entre l’extension des villes et des infra consommatrices, la généralisation des clims dans les bureaux et autres datacenters (on s’est pas mal tertiarisé en france), les PAC pour particuliers et la déferlante des objets connectés h24 et autres véhicules électriques cette tendance ne va pas être contrecarrée sans couac majeur.

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  3. En 2003, lors de la plus dévastatrice canicule qu’on ait eue (14.000 personnes âgées mortes de mémoire), je crois me souvenir qu’il y avait eu des demandes de restriction d’électricité, car les centrales nucléaires ne pouvaient pas se refroidir correctement pour cause de niveau des fleuves insuffisants. Il y avait eu des appels à ne pas trop utiliser les clims justement.
    Je suis sûr que depuis 14 ans, le parc de clim a dû considérablement augmenter (doubler , tripler ? plus ?). Pourtant, EDF a pu fournir du courant sans problème cette fois-ci. Le niveau des fleuve est donc plus haut en 2017 qu’en 2003 ? la canicule qu’on vient d’avoir est nettement moins forte qu’en 2003 ? Le record de 60900 mégawatts seraient plus dus au parc de clim qui n’a fait qu’augmenter d’année en année, plus qu’à l’humidex ?
    Pas si simple tout ça non ?
    Un peu comme le réchauffement actuel que la presse n’attribue qu’à une seule et unique cause, en éludant complètement les autres causes qui ont très largement fait leurs preuves au cours de l’histoire.

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        • Les canicules ne sont malheureusement pas qu’une question de confort : la canicule de l’été 2003 est à l’origine de 70 000 morts excédentaires en Europe, , celle de 2010 en Russie de 55 000 décès supplémentaires.
          Voir cet article du « Monde » citant une récente étude :
          « … Les auteurs ont ensuite croisé ces données avec les paramètres climatiques enregistrés lors de ces épisodes : température de l’air, taux d’humidité relative, ensoleillement, vitesse du vent… Ils en ont déduit que le facteur déterminant, pouvant altérer la capacité de thermorégulation de l’organisme humain et provoquer un état d’hyperthermie, était le couple température-humidité, cette dernière renforçant la chaleur ressentie. Ils ont alors calculé un seuil à partir duquel l’association de ces conditions ambiantes peut devenir fatale…
          Les chercheurs n’affirment évidemment pas que le dépassement de ce seuil conduit à un trépas inéluctable, mais simplement qu’il expose à un « coup de chaud » potentiellement mortel… A l’aune de ce critère, l’équipe a établi qu’en 2000, le seuil fatidique de température et d’humidité a été franchi, pendant au moins vingt jours, sur environ 13 % de la surface continentale de la planète, abritant 30 % de la population mondiale…
          La menace ne va faire que s’amplifier… Dans le scénario le plus pessimiste, avec lequel les rejets carbonés conservent une courbe ascendante entraînant un réchauffement moyen de 3,7 °C en 2100, ce sont 47 % du territoire et 74 % des individus qui seraient mis en péril« .

          Attention, il ne s’agit pas du risque de mourir, heureusement, mais d’être exposé à un coup de chaleur potentiellement fatal, puisqu’au-delà du seuil de danger… Tout dépendra bien sûr de l’exposition des individus et de leur vulnérabilité.

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          • Avec cette hérésie de vouloir parquer les humains dans les centres urbains pour la croissance et rationaliser la « mégamachine », ça va être fun… Et à cela, il faudra aussi ajouter le tarrissement dans certains endroits des ressources karstiques, l’approvisionement en eau commence déjà a être régulé dans certaines régions de france. Il faudra la chercher ailleurs – et les impacts sur l’agriculture seront plus évidents.

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  4. N’empêche qu’à l’occasion de la semaine de canicule qui vient de se passer, tout le monde croit ressentir le « réchauffement ». Forcément avec des température de 37°C, ça va dans le sens du réchauffement.
    Et là, aujourd’hui, il ne faisait plus que 17°C, ce qui n’a plus rien à voir.
    Bref, cette canicule est bien un évènement ponctuel dans notre petit pays, comme il y en a toujours eu, même si au global et en moyenne la température a un peu augmenté.
    Pas sûr qu’on crève de chaud tout l’été finalement.

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    • Même si les canicules gagnent en fréquence et en intensité, elles restent évidemment un événement ponctuel. Avec ou sans réchauffement climatique, il n’y a aucune certitude sur une nouvelle canicule cet été. Maintenant, si un gros anticyclone se met en place entre le 15 juillet et le 15 août, ça peut à nouveau monter…

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  5. Oui, au cours de la dernière décennie, il y a eu en moyenne un déficit, mais pour l’année 2016-2017 l’augmentation d’épaisseur de glace a été spectaculaire et supérieure à tout ce qui a été enregistré depuis 30 ans (cf. le 2ème graphique après la phrase que vous citez).

    Tiens, ce matin j’ai 13°C chez moi à 8h55. La canicule a été de courte durée, et en plus elle est bien compensée par ces derniers jours.

    D’autres sons de cloche ici => http://www.skyfall.fr/2017/06/30/bulletin-climato-realistes-n-70/#more-5799

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    • Il est question d’une tendance à moyen terme pour la période étudiée (cette page est ressortie chaque année surtout par les sceptique style skyfall en début d’été pour une partie de ses graphique en « temps réel », allez comprendre pourquoi, hein ?), pas d’un gain exceptionnel d’une année qui peut être effacé en 1 an ou 2.
      S’il fait 13°C chez vous, mais qu’il fait 44°C à Sofia, la moyenne entre ces 2 valeurs reste près de 28… vous n’allez pas me ressortir ça chaque année pour me prouver qu’il fait de plus en plus chaud ou froid. Si, vous oseriez ? 😉

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    • @Ninja: je crois que vous avez mal compris ce qui est montré sur ce graphe: il s’agit du gain en surface (issu des précipitations), pas de l’épaisseur de la calotte! Ne sont pas prises ici en compte la fonte basale et le fluage latéral des glaciers, qui vont s’accélérant en réponse au changement climatique.

      Ainsi, entre septembre 2015 et août 2016, le gain total en surface avait été de 150 Gt environ, mais pourtant la calotte avait connu une perte nette de glace (environ 250 Gt: http://polarportal.dk/en/groenlands-indlandsis/nbsp/total-masseaendring/). Je n’ai pas les chiffres provisoires pour la période 2016-2017, mais même avec un gain de surface doublé, le Groenland continuerait à perdre de la glace. Du reste, l’augmentation des précipitations régionales, qui explique que le gain de surface soit important cette année, ne constitue pas une bonne nouvelle; c’est le symptôme d’un réchauffement qui affecte les régions arctique, d’où plus d’évaporation et de vapeur d’eau dans l’atmosphère, donc plus de précipitations. Cela limite peut-être à court terme les dégâts au Groenland, mais pour les mêmes raisons, on a du soucis à se faire pour la banquise arctique… Et à long terme, cela veut dire que l’eau « chaude » des océans va accélérer la fonte basale des glaciers du Groenland dont la base, pour certains, est sous le niveau de l’eau.

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  6. Je cherchais justement, où le « changement climatique » ou le moins politiquement correct « réchauffement global » qui sont à l’origine d’une augmentation de fréquence d’évènements extrêmes, et paf, je suis arrivé sur ça justement, ça tombe bien :
    http://polarportal.dk/nyheder/nbsp/nyheder/heavy-snowfall-in-greenland/

    « This increasing mass has not gone unnoticed and we have received a number of questions about it, so here we attempt to summarise what we know and can infer about the winter 2016-2017 and what it might mean to the overall surface mass balance year 2016-2017.

    However, these storms also meant that Autumn was record warm in east Greenland with all DMI weather stations on the east coast recording the warmest or second warmest October on record. These records stretch back to 1873 in some places on the east coast.  »

    Comme quoi, ce n’est pas incompatible, mais peu accomodant pour les sceptiques. Pas besoin d’être à 0°C ou avoir des valeurs négatives, on peut avoir des précipitations de neige jusqu’à 4°C en surface, en france…

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  7. Clairement, ça s’est globalement réchauffé depuis 1873 (et même avant), personne ne peut le contester. Ce ne serait même plus être sceptique que de contester l’incontestable, ce serait de la bêtise. Cependant il y a des fluctuations. Beaucoup de « sceptiques » se risquent même à prédire un refroidissement dans les prochaines années, ce qui devrait sauver la banquise si c’était vrai. Ca questionne, car il ne s’agit pas de n’importe qui (les sceptiques), et en plus ce qui justifierait la théorie du réchauffement par le CO2 anthropique (à savoir les fameux modèles) est à la ramasse par rapport aux observations (sans compter toutes les manipulations autour de ce sujet).
    Finalement, le flou est total, et ça revient presque à une histoire de croyance. La vérité dans quelques années.

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  8. Pas assez pour moi… 😀
    Je ne croirai à la « théorie » du CO2 anthropique, QUE quand les relevés de température (UAH par exemple) corréleront les modèles du GIEC, et sans avoir à se raccrocher à un pic transitoire comme celui d’El Niño 2015-2016.
    Donc ce n’est pas pour demain n’est-ce pas ? 😉

    PS : ce serait bien aussi d’éviter les bidouillages du genre « le hiatus n’a pas existé », ça décrédibiliserait encore plus ladite théorie.

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    • Si les ENSO deviennent plus fréquent et plus violents (et dont les phases niña ne refroidissent plus), vous aurez du mal à procrastiner en sens inverse.

      Rendez-vous dans quelques années !

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