Climat

De grandes chances de dépasser les 2°C d’ici 2100

Les  chances de limiter le réchauffement à 2°C sont faibles, d’après une nouvelle étude statistique. Pour éviter une hausse de plusieurs degrés, une réduction drastique de l’intensité carbone serait la solution la plus efficace.

De nouvelles projections basées sur une analyse statistique ont été publiées le 31 juillet dans Nature Climate Change. On y apprend que les chances de limiter le réchauffement à 2°C ne sont que de 5%. Pour un réchauffement inférieur ou égal à 1,5 degrés, la probabilité tombe même à  1%.

Lors de l’Accord de Paris, un objectif ambitieux de 1,5°C a été retenu en raison des impacts graves qui résulteraient d’un dépassement de ce seuil. Les dommages causés par les vagues de chaleur extrêmes, la sécheresse, ou encore l’élévation du niveau de la mer seront beaucoup plus sévères si l’on autorise une augmentation de température de 2°C.

D’après les auteurs de l’étude statistique, la hausse la plus probable se situe dans une fourchette de 2 à 4,9°C d’ici 2100 avec une valeur médiane de  +3,2°C.

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La hausse de la température globale projetée pour 2100 est de 3,2°C, avec une chance de 90% entre 2,0-4,9°C . Crédit : Adrian Raftery / University of Washington

Pour parvenir à cette conclusion, l’étude se penche sur les conditions socio-économiques qui conditionnent l’élévation des températures.

Des scénarios socio-économiques, il y en a déjà eu dans le rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur le changement climatique (GIEC). Ce dernier délivre en effet des perspectives climatiques basées sur quatre scénarios d’émissions de carbone. Chaque scénario est basé sur un contexte socio-économique différent. Ces scénarios baptisés RCP ont été sélectionnés pour représenter la littérature scientifique et couvrir une gamme de forçages radiatifs à l’horizon 2100. Le scénario RCP2.6 a été conçu pour représenter des niveaux faibles d’émissions de gaz à effet de serre. RCP4.5 et RCP6 sont les scénarios modérés et RCP8.5 représente la plus forte hausse du forçage radiatif.

Mais ces scénarios RCP ne sont pas des prévisions. Ils représentent quatre mondes possibles pour lesquels le réchauffement sera plus ou mois important. Reste à déterminer quel scénario est le plus crédible.

La nouvelle étude se concentre sur trois quantités qui sous-tendent les scénarios pour les émissions futures : la population mondiale totale, le produit intérieur brut par personne et la quantité de carbone émise pour chaque dollar d’activité économique (l’intensité carbone). Les auteurs de l’article ont effectué des tests rétroactifs pour valider leur modèle statistique. Les données relatives à la période 1950-1980 leur ont permis de prédire la période 1980-2010 avec succès.

D’après les projections des Nations Unies, la planète atteindra vraisemblablement 11 milliards de personnes d’ici 2100. Les RCP du dernier rapport du GIEC ont pu tirer parti des informations sur la population jusqu’en 2012. L’ONU a récemment publié de nouvelles projections démographiques à l’horizon 2100, reflétant les données jusqu’en 2015. La distribution prédictive de l’ONU pour la population mondiale en 2100 table sur une moyenne de 11,2 milliards avec pour l’intervalle de 90% de 9,7 à 12,9 milliards d’individus.

D’après les projections de l’étude, le PIB par habitant devrait augmenter à environ 1,8% par an, alors que l’intensité du carbone devrait diminuer d’environ 1,9% par an. Ces tendances risquent de s’annuler mutuellement.

La population de l’ONU devrait augmenter d’environ 4 milliards à 2100, passant de 7,2 milliards à 11,2 milliards. Une grande partie de cette augmentation devrait être en Afrique subsaharienne, dont la population devrait passer de 1 milliard à 3,9 milliards. Bien que le PIB devrait augmenter d’environ 21%, les émissions de CO2 provenant de l’Afrique subsaharienne ne représenteront qu’environ 6% du total mondial à la fin du siècle. On peut en déduire que l’augmentation de la population ne constituera pas un facteur important pour les augmentations futures d’émissions.

Comme il est peut probable que les politiques futures visent à une réduction du PIB par habitant, il faut donc plutôt regarder du côté de l’intensité carbone, la quantité d’émissions de carbone produite pour chaque dollar d’activité économique. Cette valeur a diminué au cours des dernières décennies à mesure que les pays augmentent l’efficacité et adoptent des normes pour réduire les émissions de carbone. La rapidité avec laquelle cette valeur baisse au cours des prochaines décennies sera cruciale pour déterminer le réchauffement futur.

L’étude prévoit un large éventail de valeurs possibles d’intensité carbone au cours des décennies à venir, selon les progrès technologiques et les engagements des pays à mettre en œuvre des changements.

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Projections mondiales des émissions de carbone pour 2100, par année (à gauche) et cumulatives (à droite). Les lignes pointillées montrent les quatre scénarios du dernier rapport climatique du GIEC. La zone ombrée est la nouvelle approche statistique, où la zone plus sombre est l’intervalle de confiance de 90% et un ombrage plus léger est l’intervalle de confiance à 95%. Crédit : Adrian Raftery / University of Washington.

En terme de réchauffement, la projection médiane se situe entre celles des deux RCP moyens, RCP4.5 et RCP6. La gamme plausible des émissions futures est large, allant de 2 300 à 5 700 Gt de CO2 d’ici 2100. Les résultats suggèrent que les émissions cumulatives ont de très grandes chances d’êtres plus importantes que prévu par le scénario RCP2.6 à faibles émissions, basé sur la preuve actuelle. Elles devraient être inférieures aux 6 840 Gt projetés par le scénario RCP8.5 des émissions élevées mais pourraient 83% de ce niveau si l’on se base sur la tendance actuelle.

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31 réponses »

  1. Je ne comprends pas, on ne peux pas revenir en arrière, que faisons-nous des boucles rétroactives positives tels la fonte de la banquise et des glaciers et la perte de l’effet albedo. Sans être une scientifique il faut être idiot pour ne pas voir que la tendance est à la hausse surtout depuis 4 ans, que la planète est fini et que population est en expansion. Il faudrait aujourd’hui être en décroissance économique pour penser diminuer les effets de ce moteur thermique qu’est la civilisation moderne. Nous faisons partie de la sixième extinction, et cela viendra bien avant 2100….!

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    • D’après le modèle vieillissant, mais non invalidé, utilisé par les Meadows (World3), l’effondrement sera avant 2050. Il se pourrait même que nous en sentions déjà de sérieuses prémisses dès 2020, et ce, sans l’emballement climatique qui n’y a pas été intégré, ni l’extinction des espèces en cours.
      Le problème, outre le fait qu’un forçage radiatif (4.5 à 6 W/m²) ne dit rien de plus de ce qu’il est, c’est que les scenario SRES ne sont pas détaillés au point de donner une idée bien précise de la plupart des conséquences réelles et palpables quotidiennement sur nos civilisations (en fait, personne n’en sait foutre rien 🙂 mais on en a un vague idée et on affole personne en disant qu’il y aura toujours de la croissance). Bien sûr, l’énumération de fréquences accrues de certains phénomènes météorologiques sont rarement les seuls effets, mais ils sont le plus souvent médiatisés comme s’il était plus facile de s’en relever.
      Et donc, la planète Terre selon le GIEC, c’est plutôt le chateau de la marquise.

      En fait, je ne me fais aucune illusion quant à l’avenir, et il m’est avis également que nous utiliserons jusqu’à la dernière goutte de pétrôle pour espérer s’en sortir.
      Je recommande de lire l’essai de Vincent Mignerot : http://adrastia.org/transition-2017-1-realite/

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    • La question est de savoir si nous avons passé ce fameux « point de non-retour » à partir duquel le système climatique s’emballe pour basculer définitivement vers un nouvel état d’équilibre. Si ce n’est pas le cas, il est encore possible de cesser toute émission dès maintenant, et une grande partie de l’excès de gaz à effet de serre atmosphérique serait alors pompée dans les puits de carbones (notamment les océans). Enfin… c’est vrai tant que les émissions incontrôlables (incendies majeurs, fonte du pergélisol…) demeurent inférieures à la capacité d’absorption des écosystèmes qui, elle, ira en diminuant (mort du phytoplancton, destruction des forêts, réchauffement et acidification des océans…).

      D’après le GIEC, nous ne devons pas émettre plus de 1000 milliards de tonnes équivalent CO2 pour avoir une chance raisonnable de rester sous les +2°C (https://global-climat.com/2014/11/24/emettre-moins-de-1000-milliards-de-tonnes-de-co2-pour-rester-sous-les-2c/). Cela implique une diminution rapide des émissions. En revanche, si le taux de CO2 atmosphérique demeurait sur le long terme tel qu’il est aujourd’hui (on a désormais dépassé les 400 ppm), cela nous ramènerait à une situation inédite depuis le pliocène (il y a 2,6 à 5,3 millions d’années). Or, durant cette époque, la température était environ 3°C supérieure à celle de l’ère pré-industrielle. En conséquence, les océans étaient au moins 20 mètres plus hauts et les déserts arides tropicaux s’étendaient au sud de l’Europe et des Etats-Unis…

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      • Bonjour Maignal, ça ne fera rien au schmilblick mais on peut effectivement affirmer que quelque soit notre position par rapport au point de non-retour d’un état d’équilibre définit, souhaitable ou non, nous pouvons tout de même arrêter toute émission de CO2 qui viendrai de la destruction massive de la biosphère nous précédant et des profondeur de la lithosphère. 🙂
        Dès demain par exemple. Ce serait certainement un foutoir monstre, mais la peur du chaos, à mon avis, nous donne une puissante raison de ne pas le faire. Pour le moment, rien n’est fait pour stabiliser la concentration des GES qui nous préoccupent, et rien ne garanti bien entendu que la cinétique soit aussi faible pour espérer le moins « pire ». La situation serait figée au stade actuelle que certaines conséquences prévues ne seraient pas forcément inédites pour les hominidés, Orrorin devait les avoir probablement vécues.

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    • Evidemment, une usine qui capterait le CO2 serait une bonne nouvelle. En anglais, ils utilisent le terme overshoot pour dire que le réchauffement dépasserait les 1,5°C temporairement avant que des technologies ne permettent des émissions négatives.
      Malheureusement, garantir que les technologies futures suffiront à inverser la tendance est par définition impossible. Des progrès seront faits à coup sur et pour favoriser les chances de découvertes, investir massivement dans les énergies renouvelables me semble indispensable.
      La quantité de carbone qu’il nous reste à émettre, comme le rappelle Maignial, est quand même très limitée. Une réduction de la consommation d’énergie me semble tout aussi nécessaire, que cela passe par la technologie ou le développement d’infrastructures et de transports plus efficaces.

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    • Personnellement, plus que dubitatif sur ce contenu, je dirai même que le remède pourrait bien être pire que le mal. Je passe le coté « engrais », le cycle du CO2 absorbé/réémis dans un cycle court de consommation étant un jeu à somme nulle.

      Comparer et souligner une supériorité technologique à un être vivant qui fait le même travail pour peanuts mais plus lentement (saleté d’arbre, seul, devenu 1000 fois plus inefficace face à nos conneries, rasons-le et remplacons-le sans remords et place au progrès ! 🙂 ), c’est trop green market pour être honnête – une erreur dans la ligne éditoriale du site probablement. Reprenons quelques uns des points noirs de cet article qui m’ont fait tiqué – j’avoue ne pas avoir cherché ailleurs, si on peut me les préciser, je prends :

      « Ses filtres brevetés sont réutilisables : il suffit de les chauffer à 100°C pour les remettre à neuf »
      => pendant combien de temps et donc quel est le temps d’indisposition pour cette maintenance ? Quelles conditions ? Le brevetage étant d’emblée discriminatoire, cela peut ne pas bénéficier à tous uniformément. Bof bof.

      « chaque filtre pourrait capturer 50 tonnes de CO2 par an »
      « L’usine de Climeworks doit capturer 900 tonnes de CO2 par an »
      => J’en déduis un changement de 18 filtres par an, quid du bilan énergétique pour cette opération et sur quelle source, énergies, procédés et matériaux totalement verts/naturels ou non ?

      « L’entreprise suisse ambitionne de capturer 1 % des émissions mondiales de CO2 (…) qui exigerait l’ouverture de 750 000 usines du même type »
      « Quand on sait que l’usine de Hinwil a coûté près de deux millions d’euros »
      => est-on prêt à dépenser une telle somme et/ou comment cela se financera-t-il ? Quid de leur fabrication et des pollutions engendrée par celles-ci (filtres, extraction métaux pour les carcasses et tout autres matières, transformation, etc.) dans ce processus industrialisé ? Ainsi que celles issues de son exploitation / vie série où l’on doit chauffer à 100°C 750000 fois 18 filtres par an pour absorber 1% du CO2 produit (que celui croît ou pas en absolu, c’est une autre histoire)… ?

      Pour Jan Wurzbacher, lui ou un autre, il est clair que cela n’est qu’un marché comme un autre. Peu importe que celui-ci soit destructeur ici ou ailleurs, et pourvu que la face sombre soit oblitérée comme la plupart du temps (avec ces gigantesques éoliennes par exemple), tant que les accords de Paris sont respectés, il assurera sa propre respectabilité et quelques euros à son actif – oui, c’est mesquin, na !

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      • Oui, bon, apparemment, il y a encore de gros progrès à faire et le point noir est que l’on n’est pas à la source de la pollution et que cela absorbe peu de CO2 au final. Sans compter qu’un arbre pourrait s’avère r plus efficace, pour peu que l’on en plante suffisamment.
        D’un autre côté, il y a pas mal d’inventions qui semblent farfelues au départ puis qui progressent au point de dominer les technologies classiques.
        Concernant le risque d’effondrement de la civilisation, parfois évoqué, je n’y crois pas. La civilisation actuelle est bien trop forte pour tomber. Le problème est qu’elle ne l’est peut-être pas assez pour changer et épargner de nombreuses régions du globe.Mais bon, ce genre de scénario est difficile à anticiper, non ?

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        • Bonjour Johan, que l’on soit à la source ou pas pour le captage, cela change peu de choses : nous sommes dans le cas ou nous sommes prêts à accumuler, à notre propre charge, des technologies destructrices (et énergivores) pour espérer/tenter de rattraper voire annuler des effet d’autres technnologies destructrices, dans une foi aveugle que toutes nos cochoncetés/conséquences néfastes sont corrigibles sans tenir compte des 2 premiers principes thermodynamiques. Nous avons gobé les énergies renouvellables probablement comme moyen de remplacement, c’était naïf de ma part quand j’étais gamin ce serait imbécile maintenant, car ce qui s’est produit avec les hydro, éolo, nucléo, bio & Cie est bel et bien un ajout. On n’a jamais extrait autant de matière fossiles qu’aujourd’hui – ~2015, depuis, le charbon subit l’effet cop21, ce dernier n’est pas encore totalement détricoté par le staff de Trump. L’article reste prudent avec sa dernière petite phrase/question assassine sur ce point et il entrevoit même notre propre aliénation.

          En raison de la déplétion plus ou moins rapide de certaines ressources indispensables à notre stabilité relative, si nous ateignons un pic trop rapidement ou bien si nos ressources pour nous faire avancer (nourriture et eau potable faciles) en tant qu’individus tombent encore plus rapidement qu’attendu, la transition énergétique attendue n’aura tout simplement pas lieu. Notre civilisation industrialisés comme toutes les autres est dépendante, dépendante de la croissance; et celle-ci est dépendante de ses circuits de financement, d’énergie, de nourriture, de la disponibilité d’espaces, de sa culture à maintenir son besoin de croissance. Et bien plus. Un seul vient à faillir, et l’édifice en prendra la pleine mesure. Les études successives quantifiant et détaillant l’état actuel de notre environnement nous montrent qu’on est plutôt mal parti pour s’imaginer qu’il faille faire encore plus vite.
          Globalisées, nos civilisations ne sont pas plus forte qu’une autre à la complexité et aux contraintes moindres, nous présumons simplement de cette « force » (résilience ?) dans la confiance qui nous anime si nous pouvions virtuellement les mettre les unes en faces des autres, toujours avec leurs flux vitaux au climax, tout comme un humain avec une arme à feu pourrait être plus efficace pour soustraire une proie à un humain avec un arc – et s’il ne le tue pas au passage, il aura aussi moins à manger. En celà, il pourrait être évident que face aux conséquences du changement climatique, à l’image récente de quelques individus prêtes à tirer quelques balles vers un ouragan sur proposition d’un réseau social moderne grand public, notre arc est plutôt faible face aux fusils naturels.

          Pour les arbres, hors sylviculture, la chose la plus suprenante qui soit pour un économiste, c’est que la fabrication du produit reste totalement gratuite pour une entreprises qui s’en emparerait. Si on devait en venir à cette industrie généralisée pour avoir ses arbres ultimes et spécialisés, pour des questions de rentabilité, il est évident que les parcelles privatisées ne s’embarrasseront pas de certaines espèces, animales et végétales, qui pourraient y trouver refuge (si tant est que la monoculture puisse satisfaire toutes les espèces) et encore moins des ravageurs et donc traitement chimique en « -cide » dont on ne sait (veut ?) toujours pas évaluer les retombées sur notre propre santé.
          Il s’en trouvera bien un, un jour ou l’autre, pour [re]venir faire une telle proposition verte très allèchante. 🙂

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  2. Il y a 2 aspects qui m’embêtent avec cette fuite en avant technologique:

    -il va bientôt falloir se payer ce qui était autrefois prodigué gratuitement par la nature, indirectement si ce n’est directement. Ici, ce sont les fermes qui payent pour le CO2. Mais cela veut dire qu’au lieu d’une agriculture bio qui ne coûte rien, on se jette dans une agriculture techno chère où la surconsommation renchéri la sollicitation du portefeuille du consommateur et/ou appauvrit le petit producteur;
    -on se rend de plus en plus dépendant de systèmes vulnérables au intérêts particuliers et aux attaques, terroristes ou non. La qualité de l’atmosphère sera bientôt « garantie » par des stations individuelles qu’on paiera hors de pris (cf plus haut), ou par des usines qui deviendront des cibles stratégiques. Remplacer la nature en tout nous fait plonger dans un dangereux puis sans fond, où chaque bond technologique se traduit par de nouvelles menaces, plus nombreuses ou dangereuses, qui font appel à de nouvelles solutions technologiques qui elles mêmes créent toujours plus de menaces… Cela a déjà commencé, en fait, notamment dans le domaine de l’agriculture. Mais avec l’atmosphère, il n’y a plus d’oasis possible. Apparaît, au bout du chemin, le cauchemar d’un monde totalement connecté où le moindre bug, la moindre attaque ciblée, peut provoquer une avalanche de dysfonctionnements de grande ampleur allant des transports au taux d’oxygène atmosphérique. Bien avant d’en arriver là, un monde plus dangereux que celui d’hier se profile déjà sous nos yeux. Si la stabilité du système climatique et des écosystèmes doit passer par la « main invisible » du marché, on est vraiment mal barré!

    Tant qu’on a le choix, je préfère passer par de petites unités de production écologique locales et par la décroissance, plutôt que par des monstres qui échappent à notre contrôle. Mais si on n’a pas le choix, alors, il faut réfléchir à des systèmes provisoires et sous contrôle démocratique.

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    • Maignial et Ghtuz,
      Bonsoir. Le défi est de taille et pour réduire les GES, il faut s’attaquer aux gros postes d’émissions. Les engagements de la COP21 nous mènent pour le moment à +3°C et de nombreux pays ne sont certainement pas disposés à réduire leur niveau de vie, bien au contraire.
      La question des énergies renouvelables me semble incontournable. Nous disposons déjà de moyens de produire de l’électricité sans recours aux énergies fossiles. Deuxième objectif, des transports à zéro émissions. Pour le logement, il y a une marge très importante dans l’isolation. Planter des arbres et stopper la déforestation, avec comme vous dîtes une agriculture plus respectueuse des sols. Capter du CO2 dans les usines où c’est nécessaire, pourquoi pas.
      Il y a déjà beaucoup de solutions existantes, sans compter les perspectives ouvertes par la recherche. Reste à les mettre en oeuvre.

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      • Si réchauffement provoquera à coup sûr de grand changement dans la production alimentaire avec des zones d’incertitudes climatiques et d’inconfort pour l’être humain, couplé avec une déplétion des ressources pour le transport par exemple cela impliquera une réorganisation et un réagencement des espaces dans nos sociétés. Il est à craindre que les surfaces agricoles (et plus vraiment les meilleurs) entrent davantage en « compétition’ avec les zones habitables si la demande reste croissante dans cet immédiat.
        Possible que d’ici là, si des conflits armés (civile, etchnique ou inter-armées, etc.) pour les ressources ne gèrent pas la population totale, une politique proche de celle qu’a connu la Chine jusqu’à il y a peu, peut très bien être mise en place dans de nombreuses régions du globe.
        Ma conviction est qu’aucune promesse technologie n’arrivera à temps pour sauver les meubles, les évènements vont bien trop vite.

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  3. Il n’est pas question ici de nier l’ingéniosité et les capacités de la nature humaine, pour imaginer des technologies qui capterons le CO2, rien ne se perd rien ne se crée tout se transforme. Mais de savoir qu’un arbre qui prends 75 ans à pousser (à ma latitude 45e) se coupe manuellement en 5 minutes (je ne parle même pas de la machinerie multifonctionnelle), on ne s’inquiète pas de cette disproportion, parce que c’est une ressource renouvelable. Ce qui est alarmant c’est le déséquilibre entre la finitude d’une grande majorité de matières premières qui on pris des milliards d’années à se former et la vitesse à laquelle elles sont consommées ou même partiellement recyclés dans une certaine limite. Et je ne vois pas comment l’homme pourra filtrer les océans acidifiés par le CO2 et gorger de microparticules de plastiques afin de faire revenir le phytoplancton pour nous réoxygéner. Mon fils est optimiste, il a foi en l’être humain, moi je n’y crois pas, l’une des premières arnaque à la bourse c’est fait en annonçant la mort de Napoléon et depuis ce temps…!!!

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    • C’est effectivemet l’idée, on pourra « filtrer » tout ce que l’on veut, mais si nous continuons d’en exhumer en même temps et de détruire les anciens puits, c’est inutile.
      Un des problèmes de nos tenants technologiques est là : une solution pour un symptôme, pas contre la maladie. Hors de question de remettre en cause le système qui permet de voir naître la raison de cette solution. La puissance acquise ne doit pas être rétrocédée, plus de progrès, plus de pouvoirs.
      De plus, s’il s’agit d’enfouir du CO2 tel ce qui est prévu pour les déchets radioactifs à Bure, ces bombes à retardement sont réellement irresponsable et potentiellement catastrophique (nous pourrions craindre les « clathrates guns » mais pas la création de son pendant avec le CO2 ?). Et s’il faut remplacer la fonction devenue défaillantes ou disparue de ces puits naturels par notre concentration et notre consommation en continue de ce carbone dans des puits devenus artificiels (nourriture, habitat, biomasse humaine 🙂 ), il n’est pas nécessaire d’être grand clerc pour en déduire qu’il ne s’agit dès aujourd’hui en aucun cas de proptection de l’environnement mais de sa destruction pure et simple pour la croissance et maintenant la survie de l’espèce dominante.

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      • Tenir cet engagement implique une réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre. C’est de cela que les États devront répondre car s’il faut en préalable qu’ils changent leur modèle socio économique, on risque d’attendre longtemps. Il faudrait peut-être voir comment d’autres menaces ont été contrées au niveau international. J’ai en tête deux sujets : l’arme nucléaire et la couche d’ozone. La reconnaissance de la menace me semble un élément déterminant pour que des États puissent s’entendre sur un sujet, au-delà de leurs divergences idéologiques.
        La menace climatique est prise en considération par de nombreux États très différents mais chacun a peur d’agir le premier, de crainte que le concurrent ne respecte pas son engagement.
        L’obstacle me semble davantage psychologique qu’économique ou idéologique.

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        • Pour moi, la réponse est au contraire idéologique. Les puissants de la planète, qui se maintiennent continuellement au pouvoir par la possession des moyens financiers et médiatiques qui permettent de gagner des campagnes électorales à coup de com’ dans nos pays dits « démocratiques », croient avant tout à la liberté de faire du fric. Peu importent les conséquences, même si on écrit quelques textes pour faire joli et calmer la populace. On sait, par exemple, que le traité de libre échange prévu entre l’UE et le Canada aboutira à l’émission de plus de gaz à effet de serre qu’on en produit déjà (http://www.fondation-nature-homme.org/sites/default/files/presse/161013_dp_ceta.pdf je me permets de partager cet appel de la fondation Nicolat Hulot, puisque ce dernier est désormais ministre de la transition écologique et solidaire, et que l’avis de sa fondation sur le sujet devrait compter); or, ce traité concerne potentiellement les économies déjà parmi les plus polluantes de la planète, en Europe de l’ouest et en Amérique du nord (compte tenu de l’intrication étroite entre les économies et les grands groupes du Canada et des Etats-Unis).

          D’ailleurs, de grandes puissances comme la Californie ou l’Allemagne polluent autant aujourd’hui qu’il y a 30 ans, malgré l’explosion des capacités en renouvelables. La raison est simple: ces pays sont la caricature de notre système capitaliste, qui est par définition productiviste et basé sur une croissance infinie, comme le rappelle fort justement Ghtuz. Si donc la croissance va plus vite que l’apparition des renouvelables, ou si elle est simplement suffisante pour que nos émissions de GES demeurent supérieures à la capacité d’absorption des écosystèmes, nous sommes condamnés à un emballement climatique.

          C’est simple, il faut admettre que la transition énergétique (et plus largement, la transition écologique) n’est pas compatible avec notre système économique actuel. Peut-être bien qu’on risque d’attendre longtemps avant de changer de modèle; mais si on ne le fait pas, de toute façon, on est fichus.

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        • « les chances de limiter le réchauffement à 2°C ne sont que de 5% »

          Bonjour Johan,

          En dehors du pouvoir des chiffres, nous savons bien sûr que réduire nos émissions dans les proportions nécessaires et dans l’espoir de ne pas dépasser ce seuil, c’est très différent de gérer « quelques bonhommes derrière un bouton rouge » et les CFC dans quelques uns de nos produit de consommation : ils ne propulsent tout simplement pas nos économies. Cela est infaisable dans le laps de temps restant. Cela a pris près de 30 ans pour l’ozone (des années 60 à 90), pétition de principe d’une COPxx ou pas, plus que 2 ans.
          https://global-climat.com/2017/06/08/le-pic-des-emissions-de-co2-doit-intervenir-au-plus-tard-en-2020/

          Ceci dit, je suis pourtant entièrement daccord sur la proposition vaste suivante, et sans délai : laissons-le dans le sol.
          Le système ayant une certaine cinétique, les effets que nous subissons aujourd’hui sont très certainement les conséquences de certaines conditions dépassées. Il n’est donc pas impossible que notre actions soit déjà trop tardive et que la concentration de CO2 continue son ascension dont nous ignorerions encore la limite malgré 0 émissions supplémentaires.

          Un Etat (« nous ») n’attend pas de s’affaiblir à coté d’un autre – il ne peut que se renforcer ou être annexé sinon détruit, c’est son principe même : il attendra juste que les moyens lui permettent d’agir et de ne pas perdre ses avantages (forces). Ni sur ses protégés, ni sur les voisins. C’est ce qu’on peut appeler un principe évolutif. Si ces moyens n’existent pas, il ne bouge pas, s’ils ne sont pas intéressants, ils ne les développera pas.
          Si je suis un citoyen idéal dans un pays idéal, je soutiendrai l’Etat qui me protège, je ne souhaiterai pas créer des conditions d’existence plus précaires : le protecteur de mes droits et de mes libertés doit être le plus fort possible pour les garantir (face à quoi, on se le demande). S’il doit investir dans un secteur, une industrie ou autre au prix d’une certaine austérité et pas forcément sur ce que j’estime être prioritaire, je réfléchis et je tente de changer sa direction par un moyen qui m’est offert, par exemple par la voie démocratique : le vote.
          Si le problème est la concurrence, alors nous avons un réel problème social et économique. Mondial. 😉

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          • Quand je dis que le problème est davantage psychologique qu’idéologique ou économique, je pense à deux choses essentiellement.
            Premièrement, on a vu depuis la deuxième guerre mondiale trois grandes idéologies : communiste (URSS), capitaliste (USA), un mix des deux (Chine) rivaliser d’émissions de GES.
            À chaque fois, un système industriel très polluant est en place. Aujourd’hui, des technologies existent pour remplacer les énergies fossiles. Regardez la progression récente du Danemark. Il faut surtout arrêter le plus tôt possible le charbon.

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          • Polluer, de polluo veut aussi dire déshonnorer, enfreindre la loi.
            Pour conserver leur position dominante, certains grands « organismes » aujourd’hui comme il y a 60 ans, n’ont rien trouvé de mieux que de déshonnorer la vie en détruisant les habitats et en mettant en batterie une pincée de quelques espèces pour faire un peu de gras, et d’enfreindre ses lois en ne rendant pas correctement au milieu ce qui lui a été pris, pour leur propre bénéfice. Que vont faire concrètement leur technologies contre cela ?

            Au Danemark, même si la consommation des ménages y est légèrement plus frugale, il n’en reste pas moins que les « renouvelables » comme le solaire et l’éolien industriels ne sont absolument pas neutre. Si on ne compte que l’émission de CO2 en local, c’est fantastique, on arrive à tout réduire. Si nous prenons toute la chaîne (quand on s’intéresse au climat, nous tentons de garder une vision la plus globale possible et la plus fine), de l’extraction des mat. premières jusqu’à la mise en fonctionnement du produit finit (on ne comptera pas par la suite le coût des entretiens/maintenances et le renouvellement des renouvelables – 30 ans pour le solaire, 20 ans pour l’éolien), le tableau est d’ores et déjà moins idylique. Si ce pays est tout autant à la pointe, il va sans dire qu’il est aussi un excellent pollueur comme tout bon pays européen qui se respecte. Par exemple : http://www.blog-habitat-durable.com/un-quart-des-deee-produits-par-les-pays-industrialises-finissent-leur-vie-dans-sept-pays-afrique-et-asie/ (en partant du principe que tout recyclage est coûteux – collecte, entreposage, tri, traitement chimique/thermique/mécanique, etc.). Que de promesses non tenues.

            C’est aussi pour cette raison que la techno-logie ne résonne plus en moi comme un phare dans nos ténèbres.
            Nous ne voulions plus de la charue et de la calèche. Nous ne voulons plus de CO2, nous aurons donc d’autres nuisances. 🙂

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  4. « De grandes chances… » Il faudra bien en faire une chance mais, pour l’heure, il y a surtout « un grand risque » à dépasser les 2°C d’ici 2100.

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  5. Il faut effectivement bien examiner toute la chaîne de production d’énergie mais c’est aussi un débat politisé qui risque de paralyser l’action.
    Au dernier pointage, le Danemark est à 83% d’électricité produite par l’éolien (ponctuellement). La crainte au départ était que le charbon soit utilisé en appoint.
    Mais cela n’est plus le cas. La consommation des énergies fossiles est en baisse.
    Depuis les années 1990, la consommation de CO2 par habitant à été divisée par plus de deux. Si ce pays progresse encore, ça peut devenir très intéressant, ne soyons pas trop grognons 😉

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    • Oui, c’est un risque supplémentaire, la cindynique est une science assez récente très prisée au point d’en évacuer aussi tout principe de précaution. Business first, business as usual.
      Je ne ronchonnerai effectivement pas sur l’abandon de ces ressources carbonnées, mais je ne m’abandonnerai pas non plus à la première solution venue sous prétexte d’une urgence et d’un choix par défaut ou imposé. Dans notre cas, autant mettre un point d’arrêt complet et temporaire à toute activité, c’est ce qui nous pend au nez de manière définitive, à terme, si nous nous fourvoyons. 🙂

      En ce qui concerne le Danemark, j’ai cru comprendre que la balance commerciale dans ce domaine avait également changé de polarité.

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  6. Bonjour Johan,
    Même si cela s’éloigne du sujet principal mais c’est ici que cela a été abordé; guère étonnant donc : une étude de l’EASAC pas très optimiste quant aux NETs.
    https://easac.eu/press-releases/details/negative-emission-technologies-will-not-compensate-for-inadequate-climate-change-mitigation-efforts/
    J’ajouterai aussi que les glaciologues ne sont pas très chauds quant à la géo-ingénierie solaire : https://www.the-cryosphere-discuss.net/tc-2017-279/
    Et très en vogue actuellement, le livre de Guillaume Pitron, dont je glane quelques résumés éparse à droite et à gauche. Le volet géopolitique sur la Chine qui arriverai mieux que tout le monde à aborder la transition énergétique en raison de ses stock de matières essentielles (mais toujours non renouvelables) en sous-sol me laisse toutefois dubitatif.

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    • Bonjour Ghtuz,
      Pas très optimiste en effet. Mais il est difficile d’appréhender ces émissions négatives… Sans parler de la géo-ingénierie solaire.
      Quand aux terres rares. La Chine a sans doute des atouts pour développer les renouvelables. On peut être dubitatif sur la pollution mais pour en rester sur le climat, de toute façon, le CO2 n’a pas de frontière.

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