Climat

Amplification Arctique et vagues de chaleur

Canicules, pluies torrentielles : en été, ces phénomènes extrêmes pourraient s’intensifier et s’installer pendant des périodes de plus en plus longues en Amérique du Nord, en Europe et dans certaines régions d’Asie. Une équipe de scientifiques dresse un bilan de la recherche, pointant l’impact de l’Amplification Arctique. Le réchauffement des hautes latitudes ne perturberait pas seulement les conditions météorologiques régionales et locales en hiver, il agirait aussi en été.

Alimenté par les émissions de gaz à effet de serre, le réchauffement climatique pourrait amplifier les phénomènes météo extrêmes en modifiant la circulation atmosphérique estivale. Généralement, les ondes atmosphériques jalonnées de hautes et de basses pressions se déplacent vers l’est entre l’équateur et le pôle nord. Mais les observations montrent qu’elles ont tendances à ralentir, voire à se bloquer, conduisant à des phénomènes extrêmes comme les canicules de 2003 en Europe ou de 2010 en Russie.

Certes, les températures moyennes sont en hausse en raison du réchauffement climatique. Mais en plus de ce réchauffement moyen, des changements dynamiques risquent d’amplifier ponctuellement les canicules.

L’été 2018 a donné un nouvel  exemple de vague de chaleur persistante en Europe occidentale, en Russie et dans certaines régions des États-Unis.

L’augmentation de la fréquence et de l’intensité des épisodes chaleur et de précipitations soutenues depuis la fin des années 1980 sous les latitudes moyennes est très probablement liée au réchauffement climatique anthropique. Les scientifiques ont peu de doute sur les facteurs thermodynamiques à l’oeuvre. Ce qui est moins clair en revanche, c’est le rôle des facteurs dynamiques. Autrement dit, les extrêmes sont-ils amplifiés par la modification de la circulation atmosphérique ?

Dans Nature Communications, une équipe internationale de scientifiques (D. Coumou, G. Di Capua, S. Vavrus, L. Wang, S. Wang) passe en revue les principales pistes.  Plus précisément, les chercheurs se penchent sur le rôle du réchauffement exacerbé de l’Arctique (deux à quatre fois plus rapide que le reste du globe). Avec le phénomène d’Amplification Arctique, la différence de température entre le pôle Nord et l’équateur se réduit. Or cette différence est la principale force motrice des flux d’air.

AA 2010-2017

Anomalies de température globale (jan-dec) sur 2010-2017 par rapport à 1951-1980. D’après NASA GISS.

D’après les auteurs de l’étude, il y a désormais des preuves solides que les vents associés aux systèmes météorologiques estivaux s’affaiblissent avec comme conséquence des conditions météorologiques plus persistantes et donc des conditions météorologiques plus extrêmes.

C’est que la variabilité de la température en été a augmenté et cette variabilité accrue indique que des processus plus complexes, au-delà du simple forçage radiatif des gaz à effet de serre, jouent un rôle majeur dans le développement des extrêmes thermiques.

La plupart des études analysant les liens de l’Arctique avec les conditions des latitudes moyennes se sont concentrées sur l’hiver ces dernières années. Des hivers anormalement froids dans le centre de l’Eurasie depuis les années 1990 ont beaucoup attiré l’attention.

La chaleur stockée dans l’océan Arctique en raison de la perte de glace de mer est libérée dans l’atmosphère au début de l’hiver. L’expansion associée de l’air proche de la surface augmente les hauteurs géopotentielles de l’Arctique et peut affecter directement la circulation circumglobale ou indirectement via les rétroactions entre la troposphère et la stratosphère. C’est toujours un sujet actif de recherches.

Les étés récents ont peut-être moins retenu l’attention des chercheurs. Pourtant, de nombreuses vagues de chaleur estivales ont eu lieu récemment, qui ne peuvent s’expliquer par le seul effet thermodynamique du forçage des gaz à effet de serre. Dim Coumou et ses coauteurs ont identifié trois phénomènes principaux susceptibles d’avoir un impact dynamique sur les conditions estivales et renforcer les phénomènes extrêmes : les trajectoires de dépressions affaiblies, les courants-jets décalés et les ondes quasi-stationnaires amplifiées.

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Mécanismes dynamiques qui lient l’Amplification Arctique aux conditions estivales des moyennes latitudes. Source : Nature Communications, Coumou et al, 2018,

Par rapport à l’hiver, la circulation estivale des latitudes moyennes est plus faible, plus barotrope et les jets climatologiques sont plus zonaux, ce qui favorise la formation de trains d’ondes encerclant le globe. En été, la météo est moins influencée par la variabilité des températures de surface des mers tropicales (El Nino a un impact maximal en hiver) mais plus sensible aux rétroactions terre-atmosphère impliquant l’humidité du sol ou la couverture de neige. En outre, la stratosphère a un rôle quasi-inexistant sur l’été boréal.

En moyenne, l’activité des tempêtes en hiver ne change guère. En été, en revanche, Dim Coumou a pu observer dans une étude de 2015 un net affaiblissement des dépressions atlantiques, en fréquence comme en intensité. La vitesse de certains tourbillons atmosphériques a diminué d’un dixième depuis 1979.

Les données théoriques, observationnelles et les modèles confirment l’hypothèse selon laquelle la trajectoire des dépressions estivales sur l’Atlantique s’affaiblit avec le réchauffement de l’Arctique. Dans la basse troposphère, une réduction du gradient de température nord-sud conduit à un affaiblissement de la cyclogénèse.

Autre conséquence de l’affaiblissement du gradient de température nord-sud : la position du courant-jet. Affaibli, il a tendance à onduler davantage, permettant des déplacements vers le sud des masses d’air polaires. Ces méandres peuvent d’ailleurs aussi bien favoriser un flux d’air chaud vers le nord. Les épisodes de chaleur et de froid extrêmes seraient donc susceptibles de persister plus longtemps par ce second mécanisme.

Troisième phénomène identifié, « l’amplification quasi-résonante » qui accentue les ondulations nord-sud du jet stream et qui freine ces ondes au lieu de permettre un déplacement d’ouest en est. Ce qui aboutit à une situation de blocage comme lors de la canicule de 2010 en Russie.

Le phénomène de résonance proposé en 2013 par Vladimir Petoukhov entre en jeu lorsque le jet stream comporte 6, 7 ou 8 ondes de Rossby. Dans ce cas, et quand le jet stream est circonscrit au nord comme au sud, on voit alors les ondes de Rossby libres entrer en résonance avec les ondes de Rossby stationnaires liées aux différences thermiques ou à la présence de montagnes.

Un anticyclone peut stagner, confiné par des guides d’ondes (waveguides) au nord et au sud. Aux moyennes latitudes, la force des vents diminue, tandis qu’aux extrémités – au nord et au sud – des vents plus forts circonscrivent l’anomalie chaude à une latitude bien déterminée. Au sud, le jet subptropical joue un rôle de guide d’ondes entre 30 et 45° de latitude nord, tandis qu’au nord, dans la région subpolaire, des vents renforcés, forment le deuxième guide d’ondes. Entre les deux, la circulation se retrouve parfois bloquée dans les moyennes latitudes. Quand le courant jet compte de 6 à 8 méandres, le phénomène dit de résonance se produit et le blocage se met en place.

La canicule de 2010 en Russie est  la pire recensée dans le monde depuis 1980. La configuration météorologique correspond au phénomène d’amplification quasi-résonante, avait conclu une étude de Michael Mann, Dim Coumou et Stefan Rahmstorf en 2017.

Les scientifiques ont examiné des dizaines de modèles climatiques différents du projet CMIP5 ainsi que des données d’observation, et il s’avère que la distribution de la température favorisant le ralentissement de l’onde planétaire a augmenté dans près de 70% des simulations depuis le début de l’ère industrielle. Les modèles climatiques montrent que le phénomène est particulièrement marqué aux moyennes latitudes, comme on peut le voir ci-dessous (graphiques c et d) :

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Empreinte de l’amplification quasi-résonante (QRA). a et b montrent l’empreinte QRA dans les modèles avec respectivement tous les forçages et avec le seul forçage anthropique. c et d montrent le focus sur l’empreinte QRA en lien avec la température entre 25 et 75° de latitude nord. Source : Mann, M. E. et al.

Les régimes à double jet pourraient devenir plus communs. De tels régimes sont caractérisés par des jets subtropicaux plus nets qui peuvent servir de guides d’ondes et favoriser le phénomène de résonance. En été,  on a vu un réchauffement accru des terres sous les hautes latitudes (vers 70 ° N) et un réchauffement beaucoup plus faible au-dessus de l’océan Arctique voisin. Alors que le gradient de température global entre l’équateur et le pôle diminue, le gradient thermique augmente à la frontière terre-océan autour du cercle arctique. En été, cette situation favorise la formation du jet arctique à environ 70 ° N, en plus du jet subtropical qui est normalement présent. Ces régimes à double jet sont devenus plus fréquents ces dernières années et favorisent en théorie la formation de guides d’ondes et la résonance, mais cela reste encore à démontrer.

Russian double jet

A gauche : circulation normale en juillet. A droite : double jet de juillet 2010. Source : NOAA.

Les changements sont cependant plus prononcés dans la réalité que ceux  identifiés par les modèles climatiques. Donc de deux choses l’une : soit les modèles sous-estiment les changements en cours, soit les changements observés sont fortement influencés par la variabilité naturelle.

 

41 réponses »

  1. Bonjour Johan, Les rétroactions positives pourraient elles amplifiés considérablement les trois phénomènes principaux expliqué ci-dessus et de fait remettre en questions les modèles climatique de manières plus importantes encore que cela pourrait être? Si oui a quel moment pourrons nous le savoir?
    Merci pour le temps que vous consacré a ce site.

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    • Bonjour Joris et merci pour le commentaire.
      En gros, les trois phénomènes identifiés pourraient se renforcer mutuellement, d’autant plus si l’amplification arctique se poursuit. Les auteurs de l’étude insistent bien sur l’effort de recherche qui reste à accomplir car il y a de nombreuses incertitudes et d’autres facteurs entrent en jeu comme la circulation océanique (AMOC) et les Tropiques.
      Quand vous parlez des rétroactions positives, je suppose que vous faites référence notamment à la diminution de la couverture neigeuse et de la glace, ainsi qu’au dégel du permafrost.
      D’après les auteurs de l’étude, il y a déjà des indices d’un impact sur la circulation atmosphérique (« Several arguments support the AA influence on summer circulation as compared to winter »).
      Mais les scientifiques indiquent qu’il n’a pas encore été possible de quantifier exactement le rôle des différents facteurs et qu’il y a encore du travail à faire (« Still, multi-model attribution analyses are needed to quantify the exact role of past and future AA on the weakening of storm tracks »).
      Il y a donc encore des incertitudes quand à l’évolution future, même si les observations et les modèles montrent que les dépressions atlantiques pourraient s’affaiblir en été.
      Pour ce qui est des ondes quasi-stationnaires (« There is robust evidence that summer time quasi-stationary waves lead to persistent and therefore extreme weather conditions). Mais encore une fois cela n’est pas bien quantifié et le il y a des incertitudes pour l’avenir (« However, substantial uncertainty remains in how such waves will change under global warming including the role of AA therein. »).
      Les modèles ne semblent pas bien reproduire les phénomènes physiques identifiés. (« While physical mechanisms exist that could amplify quasi-stationary short waves as an indirect response to AA, their representation in climate models is biased »).
      On ne sait pas quand les incertitudes seront levées – si elles peuvent l’être -mais vu que les scientifiques appellent à un effort de recherche coordonné, je suppose qu’ils pensent qu’il est possible de faire des progrès dans années à venir.

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  2. Bonjour à tous ,
    Je vois que la catastrophisme auto alimenté est toujours d’actualité.
    1) T+ en arctique :

    Rien de particulier si ce n’est des anomalies chaudes sur les 80 premiers jours de l’année . Nous ne sommes plus en mars , faudrait débloquer le compteur.
    2) le volume de glace de mer en arctique est à ce jour largement supérieur à 2016 et surtout au dessus de la moyenne 2004 / 2013 . Autrement dit la banquise reprend de la masse.

    3) le soleil :

    A ce jour 12 sunspot . La transition entre 2 cycles faibles ( le suivant étant prévu faible ) n’est pas franche . Par le passé , cycle faible et long ( ce qui n’est pas tout à fait le cas actuellement , tout au moins pour le moment) engendrait une baisse des températures
    4) GES toujours en hausse mais grosse baisse des températures mondiale sur ces derniers jours mais surtout baisse des températures depuis 2016. Cf t° mondiale acutelle et les différents tableaux de Johan.

    Conclusions:
    Les t° ne suivent pas la progression des GES mais suivent la progression des cycles solaire comme par le passé ( sauf catastrophes naturelles : volcans , météorites ) .
    L’arctique se porte bien.
    Les cycles solaires semblent donner raison à ceux qui avaient prévus des cycles faibles .
    Baisse des t° depuis 2016 malgré l’arrêt de el nina ( ça c’est plutôt un signal très fort en faveur des solaristes)
    Ca risque de devenir de plus en plus compliqué de faire du catastrophisme climatique anthropique car la réalité des chiffres s’éloignent de plus en plus de vos théories

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    • Ah, DMI. Votre graph, c’est la température au-delà de 80°N et vous nous parlez de l’été. Il s’agit donc d’une fausse info : la température stagne toujours à 0°C en été. Car à cette latitude, EN ETE, la température est limitée par la fonte de la glace.
      Ice thickness : plutôt que la moyenne 2004/2013, vous devriez voir votre site source : il ne reste plus que 60% de glace estivale par rapport à 1979.

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    • Oui phil, ce qui pourrait être étrange c’est que La Niña s’est arrêtée vers le mois de Mars, mécanique 2 mois après, la température planétaire aurait dû légèrement remonter ou au moins se stabiliser, mais en effet c’est vrai qu’elle continue à être orientée à la baisse depuis 2016. Bon de toute manière là c’est sûr qu’elles vont remonter ces prochains mois avec le prochain El Niño.

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  3. Nono1212 bonjour ,
    Effectivement , il est temps qu’un bon vieux 😉 El nino vienne au secours des grands effets d’annonce du catastrophisme anthropique.

    .

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    • Donc d’après votre théorie, les températures actuelles ne sont pas élevées par rapport aux conditions en vigueur dans le Pacifique ? Vous le savez probablement mais je préfère le rappeler car c’est un peu irritant de laisser planer des contre-vérités. Il n’a jamais fait aussi chaud qu’en 2018 avec des températures de la mer aussi basses dans le Pacifique. Le dernier ONI index est de 0,1 et l’année a commencé avec -0,9… Pour une température globale de 0,82°C sur janvier-juillet (NASA). La dernière année avec des niveaux de STT similaires fut 2012. La température globale sur janvier-juillet avait été de +0,58°C.

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  4. Je…les climatoseptiques. Je sais que le sujet principal de ce site est le climat, mais la terre EST UN TOUT, une biosphère, et elle est de plus en plus disfonctionnelle. L’élimination de la biodiversité, la surexploitation des matières premières, la surpopulation, la surproduction et surconsommation auront malheureusement le dernier mot, il est fou de croire que l’intelligence humaine pourra trouver des solutions. J’admire les convictions et la décision de M.Nicolas Hulot. « Il faut changer de paradigme… »

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  5. Hulot a t’il un comportement exemplaire vis à vis de la nature ? survol de troupeau à basse altitude , pollution sonore , pollution par gaz d’échappement etc etc Imaginons tous les êtres humains ayant un comportement identique à lui …
    Faites ce que je dis pas ce que je fais ….

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    • Phil, je n’approuve pas toujours Hulot, loin de là. Toutefois, la question que vous évoquez est quelque peu insultante. Selon vous, les militants écologistes sont des pollueurs car, cherchant à s’informer, observer, vérifier, ils doivent se déplacer et donc, émettre des pollutions. Ainsi, le bon écologiste serait celui qui resterait chez lui et n’utiliserait aucun des moyens d’information et de médiatisation. ainsi, il laisserait les pollueurs et assassins de la Terre poursuivre leur gabegie. En revanche, celui qui pollue à tout va, se déplace pour un oui, pour un non, consomme pour le seul plaisir de se sentir exister auprès de lui et auprès des autres, celui là serait irréprochable car il ne s’est pas engagé et donc n’a pas de comptes à rendre.

      Cette question des déplacements, je ne connais pas un écologiste qui ne se la soi pas posée. Leur reprocher cela, c’est réellement insultant.

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      • Les climatosceptiques bas du front (ça arrive fatalement quand ça affiche fièrement que ça ne veut rien comprendre aux explications de Johan qui tente encore une fois à faire la part des choses avec la variabilité naturelle) aiment bien les sophismes, et l’argument du « tu quoque » est un de leur préféré quand ils n’ont plus rien d’autre à dégueuler sur des sujets qui leur échappe – selon la même logique l’esclave antique et moderne ne peut parler de liberté, c’est à peine s’il a le droit d’aspirer à l’être, alors se révolter…
        Hulot sait parfaitement que l’écologie et le libéralisme avec sa religion de croissance sont irréconciliables, seulement la présence du lobbyiste Coste et le limite foutage de gueule de Macron a été la goutte d’eau. Il ne devrait même plus y avoir un tel ministère (de l’écologie, de l’environnement ou similaire), c’est également une insulte à celles et ceux qui se sentent réellement concernés par l’état de la biosphère, habitat du vivant et non pas machine à gagner. Des potes de conviction à Hulot, je pense par exemple à D.Bourg, avaient moins d’espérances à faire bouger les choses en passant par la case ministre, il n’y a donc rien d’autre à lui reprocher.

        Pour l’Arctique, il y a un phénomène qui inquiète davantage la communauté scientifique, pas celle avec qui on nage en plein refroidissement (là ! c’est enfin sûr !), c’est l’ouverture de la mer de glace au nord du Groenland à deux reprises cette année, où une glace plus fine fond plus rapidement et l’eau exposée au soleil plus tôt peut donc absorber davantage de chaleur.

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  6. Parmantier : je ne parle des militants écologiques mais de Hulot. Faut pas déformer surtout que je me sent très proche des militants écologiques.
    Quand je parle de hulot et de pollution , il est évident que je fais référence à son émission Ushuaia pas à son action sur l’écologie.
    Donc je repose ma question : quel serait l’état de la terre si tous les humains se comportaient comme Hulot ( lors de son émission Ushuaia ) ?

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      • Johan, peut-être que le monde ne serait pas si différent, je tiens à dire que en effet certains scientifiques climatosceptiques sont probablement payés par des industries, mais les lobbyistes existent aussi du côté des réchauffistes. D’autres scientifiques climatosceptiques (la plupart) ne sont pas payés par des industries. Moi par exemple je suis dit « climatosceptique » mais je ne suis pas contre l’écologie, je suis pour l’écologie et pourtant le CO2 pour moi n’a pas ou très peu d’effet sur le climat. Je suis pour une transition écologique tout simplement, car la pollution de l’air est incontestablement néfaste pour la santé, chaque année des milliers de personnes meurs à cause de la pollution. Puis aussi les ressources fossiles ne sont pas éternelles, donc il faut bien se débrouiller avec autre chose, mais pas les énergies vertes d’aujourd’hui comme les éoliennes car elles sont intermittentes, il faudrait plutôt continuer de miser dans la recherche pour trouver des énergies renouvelables réellement à pleins temps et je suis sûr que certains scientifiques travaillent dessus et ils ont tout mon soutiens.

        Et sinon pour revenir sur les températures actuelles et les conditions du Pacifique, vous dites que les SSt de 2012 et de 2018 sont similaires et que sur la période Janvier-Juillet 2012 on avait une anomalie de +0,58°c et sur la période Janvier-Juillet 2018 on est à une anomalie de +0,82°c. Mais les conditions n’étaient pas exactement les mêmes, en 2012, nous revenions d’un long épisode La Niña débutant en 2010, en se prolongeant sur l’année 2011 et tout début 2012 avec un index qui avait atteint -1,7°c en 2010 ce qui n’est pas rien. En 2018, il faut dire que juste avant je le rappel, nous revenons d’un très long épisode super El Niño débutant fin 2014 pour finir vers Avril 2016 avec un index qui avait atteint +2,6°c en toute fin 2015! Donc si en 2012 sur la période Janvier-Juillet fut beaucoup plus fraîche que celle de 2018 avec des SSt similaires les SSt « d’avant 2012 » elles n’étaient absolument pas similaires que celles « d’avant 2018 » et pareil pour la température globale, car 2011 était une année « fraîche » je le rappel, et 2017 est la 2 ème année la plus chaude. Et puis aussi je pense qu’il y a un autre facteur, comme le climat est tout de même plus chaud, certaines choses ne fonctionnent plus exactement de la même manière, par exemple l’océan peut limité la hausse des températures , mais avec tout ce qu’il a accumulé comme chaleur notamment en 2016/2017 et bien il limite fortement le rafraîchissement, surtout en 2017 c’était l’année la plus chaude dans les océans. Donc la situation n’est pas vraiment comparable, du coup dans ce genre de moment je pense que ce n’est pas la température qu’il faut regarder (je parle du sens que avec des conditions aussi froides dans le Pacifique il fait trop chaud sur Terre), mais plutôt son évolution et elle est toujours orientée à la baisse, mais le phénomène La Niña en lui même est quand même fini et mécaniquement après ceci la température globale aurait dû au moins se stabiliser ou légèrement remonter.

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        • « l’océan peut limité la hausse des températures , mais avec tout ce qu’il a accumulé comme chaleur notamment en 2016/2017 et bien il limite fortement le rafraîchissement, surtout en 2017 c’était l’année la plus chaude dans les océans. »
          Il y a là comme une contradiction.

          Généralement, c’est l’inverse : quand les SST sont anormalement chaudes, c’est parce que les océans dégagent davantage de chaleur dans l’atmosphère qu’ils ne peuvent en accumuler. Pour simplifier, lors des ENSO type la Niña, de plus fortes alizés vont au contraire favoriser l’enfouissement de chaleur accumulée par les eaux de surface, vers la direction des vents, et par upwelling (« bousculer » la thermocline et faire remonter les eaux plus fraiches des profondeurs) refroidir la surface depuis la « source » des vents.

          Je me risquerai absolument pas dans le jeu de comparaisons statistiques et quasi absurdes des pics et durées de ces évènements. Une chose pourtant est claire : les oscillations naturelles entre terres, airs et mers n’ont à [moyen/long] terme aucune tendance – depuis plusieurs décennies le système capte pourtant plus de chaleur (atmosphère 3%, océans 93%) qu’il ne peut en dissiper et cela se constate par un réchauffement et une modification du cycle de l’eau. Et pour le moment aucun autre responsable avec des processus physiques solides derrière n’a pu être identifié expliquant [l’accélération] de ce processus.

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          • « Généralement, c’est l’inverse:
            quand les SST sont anormalement chaudes, c’est parce que les océans dégagent davantage de chaleur dans l’atmosphère qu’ils ne peuvent en accumuler » Vous avez raison pardonnez-moi pour cette erreur de ma part!

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        • « les conditions n’étaient pas exactement les mêmes, en 2012, nous revenions d’un long épisode La Niña débutant en 2010 ». C’est vrai mais il faut ajouter alors qu’il y a eu un El Nino sur 2009/2010, suivi de La Nina. De même, il y a eu El Nino en 2015/2016 suivi par La Nina. Certes El Nino a été plus faible en 2009/2010 et La Nina plus forte en 2010/2011. Les conditions en 2012 et 2018 sont bien similaires pour la température dans la région 3.4 et la température globale plus élevée de +0,24°C entre ces deux années.
          On peut sinon comparer deux phénomènes El Nino comparables : 1998 et 2016. Température globale en 1998 : +0,62°C (moins que cette année marquée par La Nina au début avec un oni index de -0,9 !). Température globale en 2016 : +0,99°C. Comment expliquez-vous donc ces 0,37°C de différence ? L’activité solaire ne pouvant pas être avancée comme explication bien sûr.

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          • Et bien je ne suis pas un expert donc je ne peux pas vous l’expliquer avec assurance, mais je voudrais bien donner des hypothèses de cette différence des températures, donc tout ce que je vais dire je ne l’affirme pas mais je reste dans l’hypothétique, car je ne suis pas un expert:
            Si la température en 2016 est plus élevée de 0,37°c par rapport à 1998, ça pourrait être dû au fait que le El Niño 2016 est duré plus longtemps et qu’il a tout de même été légèrement plus intense. Ensuite pour moi quand on analyse le climat d’une année, il faut observer ce qu’il a pu se produire les deux années précédentes: Pour l’avant 1998: en 1996 un épisode La Niña faible à modéré eu lieu, et en 1997 ENSO neutre à négatif. Pour 2016: en 2014 ENSO neutre, et en 2015 le super El Niño a déjà lieu. Par conséquent les températures étaient beaucoup plus fraîches en 1996-1997 qu’en 2014-2015. Ensuite si on compare 1996 et 2014 on observe environ 0,2°c d’écart. Donc forcément comme vous, dites les oscillations ENSO font varier la température planétaire sur court terme de 0,2°c à 0,3°c, mais en partant de deux bases différentes (l’une plus froide et l’autre plus chaude) ça ne donne pas la même température mondiale. Ensuite s’il y a d’autres hypothèses qui pourraient s’y ajouter pour l’expliquer c’est l’étendue de la glace arctique. En 1998 elle était beaucoup plus étendue qu’en 2016, on connaît bien tous ce système, la glace arctique fond, l’albédo diminue et s’il diminue ça renforce le réchauffement et on connaît aussi le réchauffement amplifié de l’arctique, puis comme il y a moins de glace aussi au lieu de renvoyer les rayons du soleil dans l’espace, l’eau qui remplace la glace initialement, va absorber la chaleur et va donc accélérer le réchauffement, et pour finir comme le réchauffement de l’arctique est multiplié l’arctique a donc fait davantage tiré l’anomalie mondiale vers le haut.

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            • Nono1212,

              Vous faites l’effort argumenter, aussi j’espère que vous serez sensible à ces quelques réponses :
              « Si la température en 2016 est plus élevée de 0,37°c par rapport à 1998, ça pourrait être dû au fait que le El Niño 2016 est duré plus longtemps et qu’il a tout de même été légèrement plus intense » En fait, les deux épisodes sont quand même ce qu’il y a de plus comparable en terme d’intensité. Il y a aussi le 1982-83 mais la Terre a été encore moins chaude qu’en 1998. Vous avez raison sur le fait que le pic du Nino 2016 a dépassé 1998 dans la région 3.4. Mais pas dans les régions Nino 1+2 et Nino 3. A l’est du Pacifique, El Nino 98 surclasse 2016. Au final, les deux événements sont assez comparables.

               » il faut observer ce qu’il a pu se produire les deux années précédentes: Pour l’avant 1998 : en 1996 un épisode La Niña faible à modéré eu lieu, et en 1997 ENSO neutre à négatif. Pour 2016: en 2014 ENSO neutre, et en 2015 le super El Niño a déjà lieu. Par conséquent les températures étaient beaucoup plus fraîches en 1996-1997 qu’en 2014-2015. » Tout d’abord, je vous ferai remarquer que les années 1990 ont été plutôt aidées par la variabilité naturelle : une PDO positive (qui a duré de 1977 à 1998). La situation s’est retournée dans les années 2000 et le réchauffement a été moins rapide, du moins en surface. Effectivement, 2016 part d’une base plus élevée : c’est parce qu’entre temps le réchauffement climatique s’est poursuivi, ce qui explique la différence de +0,37°C malgré des épisodes d’une intensité comparable, le premier (1998) ayant eu lieu dans une période de variabilité plutôt favorable à des températures élevées. Vu que 90% du réchauffement lié aux GES va dans l’océan, tôt ou tard, cette chaleur finit par se manifester en surface, moins rapidement pendant les phases de PDO négatives, plus rapidement durant les PDO positives.

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              • « Effectivement, 2016 part d’une base plus élevée: c’est parce qu’en temps le réchauffement climatique s’est poursuivi, ce qui explique la différence de +0,37°c » Je ne suis pas entièrement d’accord ce n’est pas la poursuite du réchauffement ralenti qui fait la différence de +0,37°c.
                1996 et 2014= environ 0,2°c d’écart en sachant que 1996 est dans un cycle La Niña et que La Niña fait baisser la température de la Terre de 0,2°c temporairement. Donc si La Niña n’avait pas eu lieu en 96 l’écart de Température entre 1996 et 2014 aurait été très minime et en arrondissant de 0,0°c presque. Donc dans les 0,37°c d’écart environ 0,2°c sont liés à l’écart de base qui eux même sont régis par la variabilité naturelle. Il ne reste plus que 0,17°c des 0,37°c. 0,05°c est au moins lié à la glace arctique c’est à dire albédo moins fort, absorption de chaleur dans l’océan arctique, réchauffement amplifié de l’arctique tirant l’anomalie mondiale de plus en plus vers le haut surtout en 2016. Il ne reste donc environ 0,1°c des 0,37°c d’écart qui lui est lié à la poursuite ralentie du réchauffement.
                Résumé: 0,2°c lié à l’écart de base, 0,05°c lié au changement du climat de l’arctique et 0,1°c lié au réchauffement climatique, font que l’année 1998 et 2016 ont 0,37°c d’écart. Donc de 1998 à 2018 la planète s’est réchauffée d’environ 0,1°c ce qui conduit à un réchauffement de 0,05°c par décennie depuis 1998.

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                • « 1996 et 2014= environ 0,2°c d’écart en sachant que 1996 est dans un cycle La Niña et que La Niña fait baisser la température de la Terre de 0,2°c ».
                  Nono, vous avez tout faux : la différence est de 0.39°C entre 1996 et 2014 (0.34 contre 0.73) et non 0.2°C. De plus, en 1996, l’ONI index a été neutre 9 mois sur 12. En 2014, il a été neutre 10 mois sur 12 ! Même avec votre tour de passe-passe sur ENSO, qui n’est pas valable non plus, on aurait 0.2°C de réchauffement.

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  7. Johan , et moi je me demande comment vous justifiez que 2 courbes , qui sont sur des pentes totalement opposées , sont proportionnelles.
    La première : la hausse constante de la concentration des GES .
    La seconde : La baisse des t° depuis 2016.
    Une qui monte alors que l’autre descend. Le tout sur ENSO neutre.

    En sciences quand l’expérience contredit la théorie , il faut se poser des question et ne pas s’obstiner .

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    • @phil:
      « La première : la hausse constante de la concentration des GES .
      La seconde : La baisse des t° depuis 2016 ».

      La belle affaire. L’activité solaire, ça fait 40 ans qu’elle baisse alors que la température globale a bien grimpé depuis. Et là ça n’a pas l’air de vous gêner.

      Quant au rayonnement cosmique, autre grand espoir des « sceptiques », il est en chute libre depuis 2004 et ne peut expliquer l’évolution de la température mondiale à l’échelle de la décennie ou du siècle (http://www.pnas.org/content/112/11/3253 voir figure 1)

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    • C’est vrai, pardon: ça ne fait pas 40 ans, ça ne fait que 35 ans.

      C’est mieux visible sur un graphe avec les données lissées sur un an:

      Bref: si vous pensez que l’évolution de la température et du CO2 ne collent pas, que dire alors de l’activité solaire!

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      • Maignial ; encore une fois , je signale que l’échelle de temps de votre graphique est mal choisie ( ou volontairement mal choisie par votre camps ?? ) . Prenez une plus large échelle et vous verrez que le cycle 21, 22 et 23 sont très puissants , d’où la hausse des t° . Ca me conforte dans mon opinion . Je parie toujours sur une baisse des t° comme c’est le cas actuellement d’ailleurs.

        http://www.woodfortrees.org/graph/sidc-ssn/from:1850

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        • Je veux bien admettre que les cycles 21 et 22 ont été plutôt forts, pour le cycle 23 c’est autre chose. Quoiqu’il en soit, vous voyez bien que les corrélations ne sont pas si faciles à lire, vu l’inertie gigantesque du système climatique et les différents facteurs en jeu. Il est étrange que vous sembliez si bien comprendre cela lorsqu’il s’agit du soleil, et pas lorsqu’il s’agit du CO2. Que vous soyez capable de parier sur un effet du soleil après plusieurs décennies de tendance inverse par rapport à la température, mais que vous rejetiez un effet du CO2 après 18 mois seulement de tendance inverse. Pour pouvoir le faire, il faudrait de solides justifications, qui vont bien au-delà d’une simple comparaison des courbes sur quelques années soigneusement choisies.

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          • Oui, il suffit de demander, si on commence à entamer le cycle de Suess, ce qui est observable du cycle 17 au cycle 19 (~30 ans et non 2 ou 3 ans selon les envies, histoire de dégager peut-être un début de tendance climatique) :
            1- au niveau donc de la constante/l’activité solaire
            2- au niveau des températures globales durant la même période

            Puis de demander si le temps de réponse (lag) entre activité solaire et température globale est resté constant (5 ans ? 10 ans ? autre ? indépendamment du lieu et de la date) ou bien s’il y a une explication reconnue à une éventuelle décorrélation (et des sources sérieuses bien sûr) à chaque anomalie.

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  8. El nino et La nina ne sont que des perturbateurs à la hausse ou à la baisse respectivement d’une tendance lourde au réchauffement, tendance décorrellée de l’activité solaire. Il y a donc un grain de sable dans les rouages climatiques, et les GES sont tout en haut de la liste des suspects, pas la peine de scruter à la loupe les morceaux de courbe qui nous conviennent pour démontrer qu’il y a toujours une partie saine sur un corps malade.

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  9. Bonjour Johan,

    Au détour de quelques lectures ces dernières heures, il y a comme une pièce du puzzle qui vient s’ajouter au bazar dans ma tête :
    Tout d’abord cet article qui me fait découvrir ce phénomène que je ne connaissais pas et ensuite celui-ci (étude libre d’accès). Ma question est : est-il possible que l’amplification arctique s’explique par un amoindrissement de cette production de glace dans les nuages en raison de l’apport croissant de chaleur des tropiques (atmospheric rivers, mon idée fixe :)) et en conséquence des précipitations plus fréquentes sous forme de pluie ainsi qu’une couche nuageuse qui réfléchit de moins en moins les rayons solaires sur l’année ?

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    • Bonjour Ghtuz,
      La chaleur des Tropiques peut effectivement impacter les régions arctiques via les téléconnexions atmosphériques. Par ailleurs, le réchauffement de l’Arctique s’accompagne d’une atmosphère plus humide. Reste à voir si les téléconnexions en provenance des Tropiques sont modifiées par le réchauffement climatique. Ces relations entre les différentes composantes climatiques, tu parles d’un puzzle, c’est aussi un mot qui me vient souvent à l’esprit. Et cette traque n’est pas facile.

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      • De cette humidité justement j’étais en train de me demander si non seulement elle provient pour partie des tropiques avec des précipiations accrues arrivant à remonter de plus en plus aux hautes latitudes mais aussi la baisse de cette formation de glace : provoquant non seulement dès que les rayons solaires arrivent au sol un « échauffement » plus grand des mers, une plus grande sublimations puis fonte et entretenant du fait une plus grande chaleur des airs (d’où ce grignotage et cette « amplifcation »).
        Pas facile, effectivement, tout ces processus à connecter. Plus compliqué à mes yeux pour les personnes dont c’est le métier et où ils ont en plus la charge de la quantification.

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        • L’humidité accrue de l’Arctique peut en effet à la fois venir des Tropiques et aussi du réchauffement local et de la disparition de la glace de mer.
          Pour le second processus, voir : https://journals.ametsoc.org/doi/10.1175/JCLI-D-12-00063.1
          « Sea ice loss has driven increased energy transfer from the ocean to the atmosphere, enhanced warming and moistening of the lower troposphere… »
          D’un autre côté, les conditions de type La Nina peuvent se propager vers l’Arctique via des ondes de Rossby, voir : https://journals.ametsoc.org/doi/full/10.1175/JAS-D-14-0271.1
          « The Tropically Excited Arctic Warming (TEAM) mechanism ascribes warming of the Arctic surface to tropical convection, which excites poleward-propagating Rossby wave trains that transport water vapor and heat into the Arctic »… « La Niña–like convection over the tropical Pacific excites poleward-propagating Rossby waves that warm the Arctic via an intensified poleward eddy heat flux, eddy-induced adiabatic descent, and an increase in downward infrared radiation (IR). These wave trains take about 10 days to propagate from the tropics to high latitudes (Hoskins and Karoly 1981) ».

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