Climat

Température mondiale : 2e mois de mars le plus chaud des relevés, d’après NCEP-NCAR

Avec +0,683°C au-dessus de la moyenne 1981-2010, le mois de mars 2019 se classe au 2e rang depuis 1948, date du début de l’archive NCEP-NCAR. C’est l’anomalie la plus importante depuis avril 2016.

Les réanalyses comme NCEP-NCAR intègrent de multiples observations dans un modèle permettant de suivre quasi quotidiennement l’évolution du climat. Les données sont donc immédiatement publiées, contrairement aux bilans mensuels des stations au sol. Les réanalyses permettent ainsi de se faire une idée des futures annonces des agences comme la NASA, la NOAA et le Met Office qui ne sont pas faites avant le milieu du mois suivant (en l’occurrence à la mi-avril).

Le top 10 des mois de mars les plus chauds

Avec +0,683°C au-dessus de la moyenne 1981-2010,  le mois de mars 2019 est le 2e plus chaud des annales NCEP-NCAR qui remontent à 1948. L’anomalie de température mondiale est en forte hausse par rapport à février 2019 (+0,46°C).

Le mois de mars 2016 reste l’anomalie la plus importante, à la faveur d’un épisode El Niño majeur. On notera surtout la tendance récente : sur les cinq mois de mars les plus chauds, quatre ont été observés après 2016.

Top 10 des mois de mars les plus chauds depuis 1948. D’après NCEP-NCAR.

On peut voir ci-dessous l’évolution de la température mondiale en mars avec une tendance de fond au réchauffement depuis 1948. La tendance est de +0,146°C par décennie depuis le début de l’archive, avec une accélération sur les 20 dernières années à +0,28°C/décennie.

Anomalies de température mondiale en mars par rapport à la moyenne 1981-2010. D’après NCEP-NCAR.

2019 bien partie pour être une des années les plus chaudes

Dans ce classement très provisoire, les trois premiers mois de 2019 sont comparés à des années pleines. Avec le petit El Niño qui a été officiellement annoncé et fait désormais sentir ses effets, la température globale devrait rester élevée dans les mois à venir. La NOAA estime qu’El Niño a 80% de chances de se maintenir au printemps, 60% en été.

Top 10 des années les plus chaudes depuis 1948. D’après NCEP-NCAR.

Les anomalies régionales en mars 2019

Comme en février, la moyenne globale élevée est pour partie due aux Tropiques mais aussi aux régions polaires (Antarctique et Arctique).

Des températures record ont été relevées en Alaska et en Australie. La tendance pour l’Australie est impressionnante sur les derniers mois avec des records mensuels battus en décembre 2018, janvier et mars 2019.

On peut noter quelques poches froides au Groenland, en Afrique du Nord/Moyen-Orient et en Amérique du Nord.

Carte d’anomalies pour le mois de mars 2019. D’après NCEP-NCAR.

+1,41°C en mars 2019 par rapport à l’ère préindustrielle

On peut remonter plus loin dans le temps, en utilisant les archives de la NASA, et en retenant comme base la période 1880-1899 (représentative de la période préindustrielle). L’anomalie est de +1,41°C en mars 2019, donc sous l’objectif le plus ambitieux de la COP 21 (+1,5°C).

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17 réponses »

  1. Il faut remonter à mars 2017 et septembre 2016 pour retrouver des anomalies comparables, et, en effet, à avril 2016 pour une anomalie encore plus marquée (si on prend la période 1980-2010 comme référence).

    Malheureusement, ce n’est pas une surprise. On assiste probablement au même schémas vu après 1998: deux années moins chaudes, quoique toujours au-dessus de la tendance, avant un rebond qui confirme que le climat de la planète a franchi un nouveau pallier.

    Pendant ce temps, aussi bien en Arctique qu’en Antarctique, la superficie de la banquise s’établit à plus de deux déviations standards sous la moyenne.

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    • Maignial,
      On sait qu’à six mois les modèles peuvent se planter vu la complexité du système climatique. Aussi je donne un peu cette info sous le manteau : d’après le modèle NCEP CFSv2, après un mois d’avril un peu moins chaud, les anomalies pourraient approcher +0,8 à +0,9°C au-dessus de 1981-2010 sur juillet-septembre. Cela nous amènerait vers des niveaux type 2016. Mais comme je l’ai dit, c’est pas garanti du tout !

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  2. Bonjour,
    Les satellites semblent moins alarmistes et enregistrent entre Février et Mars une baisse de -0,03°C au lieu d’une hausse de +0,22°C chez NCEP-NCAR.
    C’est pas rien comme différence, non ?
    Les milliers de relevés terrestres qui nécessitent un mode opératoire très rigoureux reproduit des milliers de fois, avec des compensations savantes, seraient plus précis qu’un satellite avec un mode opératoire unique (donc des mesures faites dans les mêmes conditions), et balayant la surface du globe ?
    Sans parler de valeurs brutes, la variation entre 2 mois devrait être la même non ?

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    • Les satellites ou les thermomètres ne sont pas alarmistes, pessimistes ou optimistes. Ils mesurent. Mais il y a des différences entre les deux. Les satellites ne mesurent pas directement la température à la surface du sol, ils interprètent la température de la basse troposphère. El Niño répand la chaleur dans la troposphère et les satellites ne mesurent pas de la même manière les températures de surface de la mer. El Niño amplifie le réchauffement de surface en raison du gradient vertical adiabatique humide. D’un mois à l’autre, l’impact sera différent entre satellites et thermomètres.

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  3. Bonjour Johan,
    Trouvez-vous surprenant que la moyenne globale de mars 2019 soit si élevée, à +1,413°C au-dessus de l’ère préindustrielle (avec les données historiques de la NASA), compte tenu du si petit El Niño qui a été officiellement annoncé en mars ? Et compte-tenu que la température moyenne globale qui devrait rester élevée dans les mois à venir, la NOAA estimant qu’El Niño a 80% de chances de se maintenir au printemps et 60% en été, ont pourrait alors penser que la température moyenne mondiale a des chances de se maintenir au même niveau qu’en mars.
    A +1,413°C au-dessus de l’ère préindustrielle, cette valeure est déjà si près de +1,5°C de réchauffement planétaire, mais qui n’est prévue que dans 10 à 15 ans selon des climatologues comme le Dr Jean Jouzel.

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    • Bonjour Jacques,
      Effectivement cet épisode El Niño est faible. Il est de plus très tardif. Il a finalement été officiellement déclaré par la NOAA mais pas par la météo australienne. La connexion atmosphérique est moins forte depuis une semaine mais d’un autre côté il y a actuellement une kelvin wave qui apporte des eaux chaudes de subsurface vers l’est.
      On peut donc être un peu circonspect quand à l’évolution des températures dans les mois à venir. Toujours est il que le modèle NCEP CFSv2 annonce des mois d’avril et de mai moins chauds que mars mais un retour à de grosses anomalies sur juillet-septembre. Donc on pourrait avoir des valeurs autour de 1,4°C au-dessus de l’ère préindustrielle en 2e partie d’année, s’il on en croit ce modèle. C’est à prendre avec des pincettes, les modèles divergent fortement et varient d’un jour à l’autre pour les prévisions à plus de trois mois.
      Je ne suis pas si surpris par le niveau atteint en 2019 après ce qu’on a vu en 2016 et 2017.

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  4. Et pour avril, on peut déjà affirmer que ce mois sera dans les 5 mois les plus chauds, voire le plus chaud si cela continue tel que le mois a commencé.

    S’il y a un retour d’anomalies en fin d’été, on peut anticiper une année 2019 à peine plus fraiche que 2016 malgré des conditions El Nino bien plus modérées.

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    • L’épisode El Nino actuel est atypique. Il est faible, tardif et pourrait se prolonger sur l’été. Le modèle ncep cfsv2 prévoyait un mois d’avril chaud mais plus froid que mars. Ca veut dire que ça devrait baisser prochainement si le modèle ne s’est pas planté. Une masse d’eau est en cours d’émergence à l’est du Pacifique, ce qui soutient normalement El Nino mais en même temps les indices atmosphériques se relâchent.

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  5. Bonjour Johan,

    Une question me taraude depuis longtemps. Sur le planisphère représenté dans la partie « température mondiale actuelle », il est inscrit degK. Cela signifie-t-il degré kelvin? A ma connaissance, le degré kelvin n’existe plus depuis 1967. On dit kelvin. Mais peut-être cela a-t-il déjà été évoqué?

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    • Bonjour Parmantier,
      C’est que tu as raison. On dit en principe kelvin et pas degré kelvin. Mais degK est la notation par défaut des données NCEP que je télécharge, j’ignore pourquoi. C’est donc ce qui s’affiche dans le logiciel mais je peux changer par K ou kelvin, j’ai vérifié. Au passage, samedi, je ne pourrai pas actualiser les données NCEP. La prochaine actualisation sera donc pour dimanche.
      Merci

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  6. Bonsoir Johan,

    Merci pour votre réponse et merci aussi, mille fois, pour ce formidable partage de veille et de vulgarisation.
    Si je ne doute pas que le sujet vous passionne, j’imagine aussi que tout cela doit être bien chronophage.
    Alors… Chapeau bas !

    Et, sans vergogne et sans pitié pour votre temps bien occupé, je vous prie maintenant de bien vouloir m’éclairer sur cette question :

    C’EST QUOI CETTE HISTOIRE DE « DOUBLE EL NINO » ?!!!

    Le fait qu’il soit à cheval sur 3 années civiles ?
    Hum… je me demande si l’on peut être à cheval sur 3 trucs…
    Bref
    Ce que je comprends : quoique que fort long, le dernier El Nino a bien tranquillement augmenté sur 2015, culminé en nov-déc- janvier puis diminué jusqu’à s’effacer, et cela tout aussi benoitement que n’importe quel autre El Nino moins étalé dans le temps.
    Alors ?

    Merciiii !

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    • Merci beaucoup Cham pour votre intérêt.

      Double El Niño ? Rare mais voici comment le dernier s’est produit :
      – Un petit El Niño émerge 2014 mais peine à se renforcer en raison de vents de l’est exceptionnellement forts à l’été 2014.
      – Les eaux de surface chaudes ne se déplacent pas vers l’est comme lors d’un événement typique d’El Niño et la chaleur ne se dissipe pas. Il reste un réservoir d’eau chaude sous la surface de l’océan.
      – Le réservoir d’eau chaude combiné aux vents forts d’ouest qui sont apparus et se sont poursuivis tout au long du printemps et de l’été 2015 conduisent à un El Niño extrême.

      La probabilité pour qu’un double El Niño se produise a été sérieusement revue à la baisse par les modèles récemment.

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