Climat

Température mondiale : la NASA confirme un record de chaleur en juin

Le mois de juin 2019 a été le plus chaud depuis le début des relevés de la NASA en 1880.  

Avec +0,93°C au-dessus de la moyenne 1951-1980, l’anomalie relevée en juin 2019 est en hausse par rapport à mai (+0,86°C). Le précédent record de juin 2016 est battu de 0,11°C. Depuis 1880, les 4 mois de juin les plus chauds sont tous postérieurs à 2015. Et dans le Top 10, on trouve 8 mois de juin post-2010.

Les derniers chiffres de la NASA confirment les données satellitaires de RSS et celles de la réanalyse ERA5, qui annoncent également un mois record. UAH et NCEP-NCAR placent juin 2019 à la deuxième position.

A noter que les anomalies mensuelles sont régulièrement révisées rétrospectivement car des données qui étaient jusqu’alors indisponibles sont prises en compte. Des changements dans les méthodes de calcul peuvent aussi modifier légèrement les chiffres sans affecter de manière significative le classement des mois les plus chauds. Le mois de mai a été marqué par une transition vers la version 4 du Réseau mondial de climatologie (GHCN).

Pour ce mois de juin, il est possible que la moyenne globale soit légèrement révisée à la hausse ultérieurement car des données manquent dans une région de l’Antarctique où l’anomalie a été nettement positive, si l’on en juge par d’autres instruments de mesure.

Ecart à la moyenne 1951-1980. D’après les chiffres de la NASA.

Pour le mois de juin, sur les 100 dernières années, le rythme du réchauffement est de +0,10°C/décennie. Sur les 20 dernières années (depuis 1999), on note une accélération à +0,21°C/décennie. On peut voir ci-dessous la tendance de long terme au réchauffement avec un lissage sur 10 ans (courbe rouge) :

Anomalies en juin par rapport à 1951-1980. Source : NASA GISS.

2019 toujours à la 2è place

Pour l’année en cours (janvier-juin), 2019 se situe à +0,98°C, juste derrière le record de 2016 (+1,02°C) et devant 2017 (+0,92°C). A noter que l’on compare ici janvier-juin 2019 à des années complètes (sur 12 mois) pour le reste de l’archive.

Cette année a été marquée par un épisode El Niño de faible intensité. Les toutes dernières prévisions pour les températures de surface de la mer dans le Pacifique tablent désormais sur un retour à une phase ENSO neutre. C’est donc un revirement puisque les modèles annonçaient jusqu’à présent la poursuite de conditions El Niño faibles en hiver.

Ecart à la moyenne 1951-1980. D’après les chiffres de la NASA.

Les anomalies régionales

En juin, les anomalies de température observées sont à niveau record pour l’hémisphère nord et à la 3e place pour l’hémisphère sud. Après un mois de mai frais en Europe, le mois de juin a été marqué par des vagues de chaleur sur le continent et de nombreux records de chaleur mensuels. Le nord de la Russie et l’Alaska ont connu également des anomalies positives très importantes.

Si l’Arctique a été plus chaud que la moyenne 1951-1980, des anomalies négatives ont été globalement relevées en Antarctique, comme le montre également la réanalyse NCEP-NCAR.

Les températures de surface de la mer sont légèrement plus élevées qu’en 2018 et 2017 à la même période et quasiment au même niveau qu’en juin 2016.

Anomalies de température pour le mois de juin 2019. Source : NASA GISS.

+1,22°C au-dessus de la période préindustrielle

Les chiffres publiés par la NASA sont relatifs à la période 1951-1980 mais on peut aussi calculer les anomalies par rapport aux données les plus lointaines, à savoir la période 1880-1920, une période où les émissions de gaz à effet de serre anthropiques n’avaient pas encore profondément modifié le climat.

Cela permet de comparer la situation actuelle aux objectifs que se sont fixés les Etats pour contenir le réchauffement climatique en-dessous du niveau considéré comme dangereux. Par rapport à la période 1880-1920, l’anomalie a été de +1,22°C en juin 2019.

Lors de la COP21 de Paris, un accord a été obtenu pour contenir le réchauffement sous les 2°C, voire 1,5°C si possible.

 

20 réponses »

  1. Où l’on voit, au passage, qu’il n’y a pas eu de pause dans le réchauffement dans les années 2000: le lissage sur 10 ans montre que la hausse est presque une droite depuis 50 ans (en tout cas, en juin; de mémoire, c’est pareil pour les années complètes).

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    • Bonjour,
      Je publie sur ce site les données quotidiennes NCEP-NCAR et je fais parfois un point sur un modèle, NCEP CFSV2. Les deux jeux de données peuvent être considérées comme assez proches.
      En juillet 2019, la température à mi-mois est pour le moment de +0,55°C au-dessus de 1981-2010 (attention la NASA publie des moyennes par rapport à 1951-1980). La fin juillet s’annonce plus froide.
      Voici les prévisions de NCEP CFSv2 pour les mois à venir (c’est un mélange de la climatologie NCEP-NCAR et du modèle NCEP CFSV2) :
      Juillet 2019 : 0,40°C
      Août 2019 : 0,43
      Septembre 2019 : 0,57
      Octobre 2019 : 0,62
      Novembre 2019 : 0,57
      Décembre 2019 : 0,56
      Janvier 2020 : 0,61
      Globalement c’est chaud sans être à un niveau record.
      Ces prévisions sont à prendre avec des pincettes car elles sont beaucoup basées sur les conditions ENSO dans le Pacifique. Les températures dans le Pacifique ont été nettement revues à la baisse par NCEP CFSv2 mais à cette période de l’année, il est difficile de prévoir ENSO.

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  2. « Lors de la COP21 de Paris, un accord a été obtenu pour contenir le réchauffement sous les 2°C, voire 1,5°C si possible. »

    Je sais que vous le mettez à chaque fois, mais c’est presque triste de lire que non seulement il n’est pas suivi mais qu’en plus à la lumière de ce que nous vivons le 1,5°C et même le 2°C semblent impossibles.

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  3. Cinq pour cent…
    Si on vous dit que vous avez 5% de chance de survivre à une maladie, ça vous rend optimiste?
    Je ne sais si vous avez déjà posté cette information (mille excuses, je n’ai pas cherché à vérifier…) mais on ne sait jamais.
    Bien suivre les deux liens: celui pour la recension en français et celui pour l’étude, en anglais bien sûr. Johan, si ce n’est déjà fait, un « résumé »? Merci. En tout cas, en résumé, les nouvelles de l’Arctique sont effrayantes cette année.
    https://reporterre.net/La-fonte-express-du-pergelisol-en-Arctique-canadien

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  4. À la mi-juin, lachaînemétéo estimait que le risque de canicule pour cet été devait être faible, en raison notamment de l’humidité (alors normale) des sols superficiels qui devait permettre, via l’évaporation, de limiter l’envolée du thermomètre cet été: https://actualite.lachainemeteo.com/actualite-meteo/2019-06-20/ete-2019-doit-on-craindre-une-canicule-en-france-51026

    Depuis, on a eu une canicule historique sur le sud et le centre du pays et il semble qu’on s’apprête à en connaître une deuxième la semaine prochaine. Bien sûr, lorsqu’on estime la probabilité d’un évènement en prenant en compte des indicateurs statistiques, il est toujours possible, en raison de la variabilité du climat, que la situation jugée la plus probable ne se produise pas. Mais je me demande si le réchauffement actuel ne nous oblige pas à revoir complètement ce qu’on pensait de notre climat. S’il suffit désormais de 10 jours de beau temps en juin pour assécher les sols superficiels, peu importe à quel point le printemps a pu être pluvieux: l’humidité n’est plus un frein anti-canicule. Je me demande si cet indicateur est aussi fiable que par le passé, en fin de compte.

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    • Le niveau d’humidité des sols est un facteur clé en France. La question que des chercheurs se posent actuellement c’est si des facteurs dynamiques, à savoir la circulation atmosphérique, est modifiée par le réchauffement climatique. On a eu en juin la configuration 7 ondes atmosphériques que l’on a retrouvé dans les vagues de chaleur sévères des dernières années en Europe.

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    • Il est probable que l’utilisation des sols joue un rôle clef dans l’évaporation. Cette année, l’hiver et le printemps ont été peu humides. Cela explique probablement l’assèchement rapide des sols de surface et le peu d’impact de l’évaporation.

      Mais même si l’hiver et le printemps sont pluvieux, l’utilisation de plantes peu enracinées, peu feuillues, provoque un assèchement de surface et une forte diminution de l’activité biologique souterraine. En conséquence, l’ humidité de profondeur ne remonte pas et le phénomène d’évaporation qui conduit à libérer l’énergie vers le haut maintenant la fraicheur au sol, ne se produit pas.

      La sécheresse et les températures de surface sont des conséquences du dérèglement climatique, mais localement en lien avec d’autres actions de l’homme.

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      • Météo France (http://www.meteofrance.fr/actualites/74184578-secheresse-des-sols-superficiels-situation-au-10-juillet-2019) :
        « De septembre 2018 à mars 2019, la pluviométrie a été déficitaire en moyenne de 20 % sur la France. Seules les régions des Pays de la Loire aux Hauts-de-France, la pointe bretonne, les régions méditerranéennes et la Haute-Corse ont bénéficié d’une pluviométrie conforme à la saison. Les précipitations qui se sont ensuite produites n’ont pas permis d’améliorer la situation. »

        « du 25 au 30 juin, la France,comme une grande partie de l’Europe, a connu un épisode de canicule exceptionnel par sa précocité et son intensité. Les températures très élevées associées à la faible pluviométrie ont contribué à un assèchement remarquable des sols superficiels. Au 10 juillet, cette sécheresse des sols superficiels persiste sur un large quart nord-est et localement en région PACA. En Europe, les conditions de sécheresse des sols superficiels sont également présentes sur une grande partie du sud-ouest et du centre du continent, jusqu’en Ukraine et au sud de la Russie. »

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  5. Pour la canicule à venir, Arpège voit à nouveau des valeurs délirantes! Surtout pour jeudi:

    42 à 43°C de façon généralisée avec des pics à 44°C entre le toulousain et la Champagne, en passant par le lyonnais, le centre, les pays de la Loire et le bassin parisien… Ce serait du jamais vu! Si la canicule de juin n’avait pas en grande partie vérifié les prévisions de ce modèle, je n’y croirais pas. Et même là, j’ai du mal. Le seuil des 40°C finirait par en devenir banal…

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