Climat

Température mondiale : les prévisions du Met Office pour 2020

D’après le Met Office, l’année 2020 devrait confirmer la tendance récente en étant l’une des années les plus chaudes depuis le début des mesures en 1850.

L’année 2015 a été la première où la température moyenne globale a dépassé 1,0°C au-dessus de la période préindustrielle (1850-1900), d’après les chiffres du Met Office (agence météo britannique).

L’année la plus chaude jamais enregistrée a été 2016 avec +1,16°C, lorsqu’un réchauffement important lié à El Niño dans le Pacifique tropical a fait grimper la température mondiale. 2020 devrait être encore une année très chaude, aux alentours de +1,11°C mais cette fois sans un fort signal El Niño.

Pour mettre en perspective ses prévisions, le Met Office les compare à ses propres données de température (HadCRUT) combinées à celles de la NASA et de la NOAA. A noter que la NASA donne habituellement des anomalies plus élevées que le Met Office et la NOAA en raison d’une couverture plus étendue du globe, notamment au niveau des pôles. L’écart à la période préindustrielle serait donc plus élevé si l’on ne prenait que la NASA pour référence.

Prévisions Met Office 2020

Anomalies de température mondiale par rapport à 1850-1900 à partir de trois ensembles de données de températures : HadCRUT (Met Office) ; GISTEMP (NASA) et NOAA.

Le Met Office prévoit que la température moyenne mondiale pour 2020 se situera entre +0,99°C et +1,23°C  avec une estimation centrale de 1,11°C au-dessus de la période préindustrielle (1850–1900). Si cette prévision centrale se confirmait, cela en ferait la deuxième année la plus chaude des archives après 2016 et mettrait 2020 quasiment au-même niveau que 2019.

En l’absence de réchauffement induit par El Niño dans le Pacifique, l’augmentation des niveaux de gaz à effet de serre est à l’origine des prévisions de température pour 2020. Les événements naturels tels que le réchauffement induit par El Niño dans le Pacifique  influencent le système climatique, pouvant ajouter près de 0,2°C lors des événements extrêmes. Une prévision à +1,11°C laisse peu de doute quand au rôle des émissions de gaz à effet de serre depuis 1850.

Les calculs sont basés sur les principaux moteurs du climat mondial, mais elles n’incluent pas les événements imprévisibles, tels qu’une grande éruption volcanique, qui provoquerait un refroidissement temporaire.

Les prévisions du Met Office pour la température moyenne mondiale de 2019, publiées fin 2018, annonçaient entre +0,98°C et +1,22°C avec une estimation centrale de +1,10°C. Cela concorde étroitement avec la température mondiale effectivement observée cette année. Les données de janvier à octobre 2019 montrent que la température moyenne mondiale est de 1,10°C au-dessus des niveaux préindustriels, si l’on se base sur les chiffres du Met Office, de la NASA et de la NOAA.

Depuis que les prévisions du Met Office sont publiées sur global-climat, la température réellement observée tombe toujours dans la fourchette des anticipations de l’année précédente.

Voici les anomalies de température mondiale par rapport à 1850-1900 et 1981/2010 à partir de trois ensembles de données de températures : HadCRUT (Met Office) ; GISTEMP (NASA) et NOAA.

Anom/1850-1900 Anom/1981-2010
1989 0,47 -0,14
1990 0,62 0,01
1991 0,59 -0,02
1992 0,42 -0,19
1993 0,45 -0,16
1994 0,52 -0,09
1995 0,64 0,03
1996 0,51 -0,1
1997 0,68 0,07
1998 0,83 0,22
1999 0,61 0
2000 0,6 -0,01
2001 0,74 0,13
2002 0,81 0,2
2003 0,82 0,21
2004 0,75 0,14
2005 0,86 0,25
2006 0,82 0,21
2007 0,82 0,21
2008 0,72 0,11
2009 0,83 0,22
2010 0,9 0,29
2011 0,76 0,15
2012 0,81 0,2
2013 0,85 0,24
2014 0,91 0,3
2015 1,09 0,48
2016 1,16 0,55
2017 1,06 0,45
2018 0,98 0,37
2019 1,1 0,49
Prévisions 2020 1,11 0,5

On peut comparer les anticipations de l’agence britannique à celles du modèle NCEP CFSv2, qui vont jusqu’à août 2020. Si le Met Office table sur +0,5°C au-dessus de 1981-2010 sur l’ensemble de l’année 2020, NCEP CFSv2 indique que la moyenne globale au premier semestre serait au-dessus de +0,5°C, avant de retomber à partir du mois de juin.

Autre comparaison, avec celle de Gavin Schmidt, le directeur de NASA GISS. Comme on l’a dit, la NASA couvre davantage le globe et l’amplification arctique donne habituellement des anomalies plus élevées que celles du seul Met Office. En décembre 2018, le directeur du GISS avait prévu +1,16°C au-dessus de la période 1880-1899. Il s’est basé pour cela sur les projections d’ENSO (variabilité naturelle dans le Pacifique). Les observations de l’année 2019 en cours montrent qu’un niveau de +1,18°C sera atteint.

G. Schmidt 2020 - copie 2

Il a fait la même chose en ce mois de décembre 2019 pour 2020 cette fois et s’attend à un niveau légèrement supérieur (comme on peut le voir ci-dessous en vert) avec une probabilité de 68%. Gavin Schmidt estime qu’il y a 40% de chances pour que 2020 soit l’année la plus chaude des annales.

NASA prediction

Prévisions de Gavin Schmidt pour 2019 et 2020. Source : Gavin Schmidt (Twitter).

Les prévisions sur 5 ans

Le Met Office fait aussi des prévisions à plus long terme. La dernière prévision remonte à janvier 2019 et la prochaine sera publiée en janvier 2020. Ces modélisations sont spécialement conçues pour prévoir les fluctuations du système climatique au cours des prochaines années grâce à la connaissance de l’état actuel du climat et de la variabilité pluriannuelle des océans.

Sur les 50 dernières années, les tests rétroactifs du Met Office montrent une corrélation de 0,63 dans la distribution mondiale de la température de surface sur les années 2 à 5 de la prévision. Les prévisions ne capturent pas tous les pics et tous les creux de température, car la prévisibilité de phénomènes comme El Niño et La Niña se limite au plus à un an à l’avance.

En moyenne sur la période de cinq ans 2019-2023, les modèles de prévision suggèrent un réchauffement accru au-dessus des terres et au niveau des hautes latitudes de l’hémisphère nord. Les modèles semblent annoncer des conditions fraîches dans l’océan Austral. Les conditions actuelles relativement froides dans le gyre sub-polaire de l’Atlantique Nord devraient revenir à des conditions plus normales, avec des impacts climatiques potentiellement importants sur l’Europe, l’Amérique et l’Afrique.

Au cours de la période de cinq ans 2019-2023, la température moyenne mondiale devrait rester élevée et se situera très probablement entre 1,03°C et 1,57°C au-dessus de la période préindustrielle de 1850–1900. Il y a faible chance (~ 10%) de voir une année dépasser temporairement 1,5°C.

Si les prévisions pour l’année suivante peuvent partiellement anticiper les conditions ENSO, il n’est pas encore possible de le faire pour les prévisions à cinq ans. La nouvelle modélisation du Met Office publiée en janvier 2020 prendra en compte l’évolution récente dans le Pacifique mais se heurtera une fois de plus à la difficulté d’anticiper l’évolution à plus longue échéance.

Une moyenne aux alentours de +1,30°C sur 2019-2023 impliquerait un très fort réchauffement sur 2021-2023. Aussi ne serait-il pas étonnant que la prévision réinitialisée en janvier 2020 revoie la fourchette des cinq prochaines années à la baisse. Les conditions ENSO sont actuellement neutres et le Met Office table sur un léger refroidissement dans le Pacifique ces prochains mois. Réponse en janvier.

7 réponses »

  1. Wow, Gavin reste neutre avec une année 2020 aussi voire plus chaude que 2016 et un enso neutre ou faiblement « positif » ?
    En relisant certains , j’aurait presqu’envie de leur dire de lui écrire pour lui faire part de leur mécontentement.

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  2. Bonjour Johan,
    J’ai lu dans l’article du lien suivant https://www.espace-sciences.org/multimedia/blogs/57931/billet/periodicite-d-el-nino qui mentionne que le cycle d’Oscillation Australe a une durée très variable, en général entre 2 et 7 ans. Il comporte en général une phase chaude (El Niño) suivi d’une phase froide (appelée par analogie « La Niña).
    Ainsi, sachant qu’un El Niño fort s’était manifesté en fin de 2015 jusqu’au début de 2016 pourrait-on alors penser logiquement que le prochain El Niño fort pourrait intervenir au plus tard en 2022 ou en 2023, ce qui aurait comme conséquence que la température mondiale moyenne puisse déjà atteindre +1,5°C au-dessus de la période préindustrielle ?

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    • ça fait tout drôle de se replonger dans ces échanges ahurissants! Bon, je pense que maintenant, ils vont y réfléchir à deux fois avant de venir prétendre que le pic de chaleur de 2016 n’était qu’un « accident » brouillant le signal d’une tendance à la baisse des températures. Ceci dit, l’aveuglement n’a pas de limites et je ne doute pas qu’ils n’ont toujours pas ouvert les yeux.

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      • Bonjour Jacques,
        Pour se faire une idée de la récurrence depuis le début du 21e siècle, l’historique El Niño est le suivant :
        2002-03 (moyen)
        2004-05 (faible)
        2006-07 (faible)
        2009-10 (moyen)
        2014-15 (faible)
        2015-16 (extrême)
        2018-19 (faible)
        Entre ces épisodes, on a donc eu des phases neutres ou La Niña (qui peuvent d’ailleurs durer plus longtemps).
        Les prévisions actuelles des modèles vont jusqu’à octobre 2020. D’ici là, la probabilité la plus importante est Enso neutre, avec de petites chances de voir émerger El Niño ou La Niña. Fatalement, on va sans doute avoir un La Niña à un moment ou un autre, un El Niño, etc.. sans qu’il soit possible de dire quand. Si nous sommes bien dans une phase de IPO positive (au cours de laquelle El Niño est plus fréquent), il n’est pas exclu que nous ayons un épisode fort vers 2022-2023. Bien que cela ne soit pas possible de le prédire, imaginons… On peut regarder l’historique : entre le El Niño moyen 2009-2010 et le El Niño extrême 2015-16, il y a près de 0,3°C de différence de température globale. Sachant qu’on est à +1,18°C en 2019 (si on retient les chiffres de la NASA), il ne me semble pas aberrant d’envisager approcher les 1,5°C vers 2022-2023 avec un gros El Niño (pas forcément un extrême).
        Une étude de 2017 s’est penchée sur la question. On peut voir qu’avec une IPO positive la fourchette haute n’exclut pas le franchissement des 1,5°C vers 2023, la prévision centrale avec IPO chaude étant plutôt pour 2025, mais seulement 2030 voire plus tard avec une IPO négative :

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  3. Bonjour,

    A partir d’un petit calcul tendanciel, normalement, à partir de 2031, la majorité des anomalies devrait être supérieure à 1,5°C. Cela, hélas, ne donne aucun élément pour les proches années, mais va dans le sens qui est développé précédemment. Une première année à +1,5 °C avant 2025 ne paraît pas impossible.

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