Climat

Température mondiale : 2e mois de février le plus chaud, d’après la NASA

La température globale en février 2020 approche les niveaux record de 2016 et ceci sans le concours d’El Niño.  Pour la quatrième fois de l’histoire instrumentale, un mois dépasse la barre des 1,5°C au-dessus de la période préindustrielle.

Avec +1,26°C au-dessus de la moyenne 1951-1980, la température observée en 2020 est la 2e plus élevée pour un mois de février depuis le début des mesures de la NASA en 1880. L’anomalie est en hausse par rapport à janvier 2020 (+1,17°C).

L’anomalie relevée en février 2020 est la 3e plus importante depuis 1880, tous mois confondus, derrière février 2016 (+1,37°C) et mars 2016 (+1,35°C).

La chaleur du mois de février est confirmée par des données issues des méthodes différentes : la réanalyse ERA5 et les données satellitaires RSS placent février 2020 à la 2e place également ; la réanalyse NCEP-NCAR met février sur la 3e marche du podium.

Ecart à la moyenne 1951-1980. D’après les chiffres de la NASA.

L’hiver (décembre-janvier-février) est aussi le 2e plus chaud depuis 1880. On peut voir ci-dessous les cartes d’anomalies pour les mois de décembre 2019, janvier et février 2020, ainsi que sur l’hiver dans son ensemble (décembre-janvier-février).

Cartes d’anomalies pour l’hiver (au sens de l’hémisphère nord). Source : NASA.

Pour le mois de février, sur les 100 dernières années, le rythme du réchauffement est de +0,113°C/décennie. Entre 1970 et 2020, le mois de février a pris +1,04°C. Sur les 20 dernières années (depuis 2000), on note une accélération à +0,266°C/décennie. On peut voir ci-dessous la tendance de long terme au réchauffement avec un lissage sur 10 ans (courbe rouge) :

Anomalies en février par rapport à 1951-1980. Source : NASA GISS.

Les anomalies régionales

En février 2020, l’anomalie observée dans l’hémisphère nord est la 2e plus élevée des archives avec +1,72°C, derrière le record de 2016. Les anomalies les plus notables ont été relevées dans une gigantesque zone allant de l’Europe à la Chine, en passant par la Russie. Des anomalies de +10°C ont été relevées dans certaines régions de la Sibérie. En janvier, il y avait déjà eu des +14°C en Sibérie. L’Alaska et la région arctique au nord du Canada ont été en revanche inhabituellement froids.

L’hémisphère sud se classe au 2e rang également (+0,78°C), tout proche du record de 2016 (+0,80°C).

Anomalies de température pour le mois de février 2020. Source : NASA GISS.

+1,54°C au-dessus de la période préindustrielle

Les chiffres publiés par la NASA sont relatifs à la période 1951-1980 mais on peut aussi calculer les anomalies par rapport aux données les plus lointaines, à savoir la période 1880-1920, une période où les émissions de gaz à effet de serre anthropiques n’avaient pas encore profondément modifié le climat. Cette période 1880-1920 est celle qualifiée de préindustrielle par la NASA car cette base à la plus ancienne des archives (début 1880) et parce que cet intervalle de 40 ans est suffisamment long pour ne pas être pollué par la variabilité naturelle.

Cela permet de comparer la situation actuelle aux objectifs que se sont fixés les Etats pour contenir le réchauffement climatique en dessous du niveau considéré comme dangereux. Lors de la COP21 de Paris, un accord a été obtenu pour contenir le réchauffement sous les 2°C, voire 1,5°C si possible.

Par rapport à la période 1880-1920, l’anomalie a été de +1,54°C en février 2020. Symboliquement, ont peut noter que c’est la 4e fois qu’un mois atteint l’objectif de la COP21 mais on ne peut comparer un mois à une année complète. D’autant que les anomalies peuvent être très élevées en hiver.

12 réponses »

  1. La couleur marron sur l’Eurasie du nord est impressionnante. De plus, cela coïncide assez fidèlement avec la localisation de grandes étendues de permafrost. J’imagine que les émissions supplémentaires dues prochainement à un dégel plus profond du permafrost compenseront la réduction des émissions dues à l’actuelle épidémie.

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    • Entre les incendies en Australie, le gros coup de frein de la Chine, on est déjà en territoire incertain pour la balance des émissions. J’aurais plutôt tendance à pencher pour moins d’émissions mais c’est juste un avis approximatif. Après, si la tendance se poursuit cet été en Russie, ça devrait pas faire du bien au permafrost…

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    • Si elle est l’amorce d’une crise mondiale durable, et j’ai cette sale impression que le timing est parfait pour laisser dégueuler les marchés, on a une belle opportunité que ce soit possible. Après, si cela se confirme et indépendamment de la volonté de nos winners, ce sera peut-être le cadet des soucis même des chercheurs.
      Mais je crains surtout que cela reste temporaire et que ça se soldera par un coup de collier en plus (avec un chapelet de lois d’exception) pour sauver le soldat « marché ». Quoi de plus normal qu’une situation de guerre pour y faire participer le plus d’individus à cet effort ? Et in fine, on oubliera les impacts sur le climat et/ou l’environnement pensant sauver nos petites fesses.

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        • Nous sommes d’accord. J’ajouterai juste la condition meadowsienne : et tant que les résidus liés à sa consommation ne sont pas suffisamment toxiques au système.

          Pour le moment, la mégamachine requiert encore beaucoup de ressources humaines et donc en plus, la source d’énergie qui leur est propre – la 5G devant nous faire rêver ne se nourrissant pas d’eau et de pain pour fonctionner. Si nous devenions inutiles et que nous acceptions cette soumission totale, les limites seraient encore repoussées et la planète devenant une mine géante au seul objectif du dogme «croissantiste». Aucune idée si un point de rupture est pour aujourd’hui ou pour demain; mais il arrivera.

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          • J’ai bon espour que la multiplication des rendements décroissants qu’on observe de plus en plus depuis 2015 (moteur de plus en plus performant mais voiture qui consomme de plus en plus en moyenne depuis 3 ans, numérique dont l’efficacité unitaire croit alors que l’efficacité systémique est carrément négative, électroménager dont l’ultra efficacité est perdue par le raccourcissement de la durée de vie) soient autant de signes d’approche du sommet de la gaussienne. Je préfèrerais autant ça qu’un auto-empoisonnement sous le poids de nos externalités.

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            • Le système de santé semble avoir dépassé ce stade; sans y prêter attention depuis trop longtemps, il s’avère être totalement inadapté face à d’autres externalités (conditions climatiques propices aux miasmes, réduction habitat des espèces » réservoirs », rapprochement, concommitance et pression sélective accrue localement humains/non-humains, accélération et muliplication des contacts humains au niveau mondial – vive l’avion symbole de liberté, perte de résilience dans la concentration urbaine, trop grande confiance dans nos capacités techniques et financières). Pour s’en sortir, des mesures d’exception ont été prises. Discours belliciste, et pas nécessairement entendu avec les mêmes oreilles. Je pense la « dictature verte » rentrant parfaitement dans l’arsenal de nos dirigents à l’avenir. Les libertés inviduelles ? Peut-être un poison, l’autorité et le discours juste, le remède. Qui sait ?
              Désespérant.

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              • Cela fait maintenant un mois et demi que des scientifiques ont prévenu que les systèmes de santé – tous – n’auraient pas les capacités de réanimation pour faire face à l’afflux de malades. Les soignants doivent faire avec désormais. Le motif d’espoir ? Ils vont faire avec et ce malgré le manque de prévention qui les met aujourd’hui au pied du mur.

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                • Une fois de plus.
                  Nous savons que les lanceurs d’alertes parmi les médecins et le personnel hospitalier n’ont pas attendu le sars cov-2 pour dénoncer le manque régulier de moyens et ses conséquences en cas de pandémie; la prévention a été effectivement négligée depuis bien trop longtemps (et pas que pour les jeunes). Le problème est celui d’une gouvernance totalement dépassée à tout point de vue : ça va gesticuler et jouer les paons au bal des faux-culs et ensuite business first.
                  Joli pied de nez à tous ceux et toutes celles qui étaient démissionnaires il y a encore un mois !

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