Climat

Température mondiale : 2e mois de mars le plus chaud, d’après la NASA

La température globale en mars 2020 reste sur des bases très élevées. La période de trois mois janvier-mars est au niveau du seuil des 1,5°C au-dessus de la période préindustrielle, l’objectif le plus ambitieux de l’Accord de Paris.

Avec +1,19°C au-dessus de la moyenne 1951-1980, la température observée en 2020 est la 2e plus élevée pour un mois de mars depuis le début des mesures de la NASA en 1880. L’anomalie est en légère baisse par rapport à février 2020 (+1,25°C).

L’anomalie relevée en mars 2020 est seulement devancée par le mois de mars 2016 (+1,36°C) marqué par un phénomène El Niño majeur.

La chaleur du mois de mars est confirmée par des données issues des méthodes différentes : les données de la NOAA (agence américaine) et de la JMA (agence japonaise) placent également mars 2020 sur la deuxième marche du podium au niveau global. Même chose pour la réanalyse ERA5 et les données satellitaires RSS. UAH (données satellitaires) met mars 2020 à la 3e place et la réanalyse NCEP-NCAR à la 5e place.

Les données de la NASA montrent que sur les cinq mois de mars les plus chauds depuis 1880, il n’y a que des mois post-2015.

Ecart à la moyenne 1951-1980. D’après les chiffres de la NASA.

Pour le mois de mars, sur les 100 dernières années, le rythme du réchauffement est de +0,118°C/décennie. Sur les 20 dernières années (depuis 2000), on note une accélération à +0,281°C/décennie. On peut voir ci-dessous la tendance de long terme au réchauffement avec un lissage sur 10 ans (courbe rouge) :

Anomalies en mars par rapport à 1951-1980. Source : NASA GISS.

2020 pour l’instant l’année la plus chaude

Dans ce classement très provisoire, les trois premiers mois de 2020 sont comparés à des années pleines. 2020 est pour le moment l’année la plus chaude, devant le record de 2016 en partie dû à un El Niño extrême. Les conditions ENSO sont neutres depuis le début de l’année en cours, donc normalement peu propices à des températures record. Si l’on ne considère que les trois premiers mois de 2016, l’anomalie est supérieure à celle du 1er trimestre 2020. La suite de 2016 avait été moins chaude.

Ecart à la moyenne 1951-1980. D’après les chiffres de la NASA.

Les anomalies régionales

En mars 2020, l’anomalie observée dans l’hémisphère nord est la 2e plus importante des annales avec +1,67°C, derrière le record de 2016 (+1,91°C). Les anomalies les plus notables ont été relevées dans une gigantesque zone allant de l’Europe à la Chine, en passant par la Russie. La majeure partie de la Russie a été inhabituellement chaude, certains endroits étant plus de 10°C au-dessus de la moyenne de 1951-1980.

Des températures de surface record en mars sont également relevées dans certaines parties des océans Atlantique, Indien et Pacifique, ainsi que dans certaines régions du sud de l’Amérique du Nord, de l’Amérique du Sud et de l’Afrique.

Le nord de l’Inde et une grande partie de l’Antarctique ont été plus froids que la normale. L’hémisphère sud se classe au 5e rang (+0,69°C), sachant que le record est co-détenu par 2016 et 2019 (+0,80°C).

Anomalies de température pour le mois de mars 2020. Source : NASA GISS.

+1,46°C au-dessus de la période préindustrielle

Les chiffres publiés par la NASA sont relatifs à la période 1951-1980 mais on peut aussi calculer les anomalies par rapport aux données les plus lointaines, à savoir la période 1880-1920, une période où les émissions de gaz à effet de serre anthropiques n’avaient pas encore profondément modifié le climat. Cette période 1880-1920 est celle qualifiée de préindustrielle par la NASA car cette base à la plus ancienne des archives (début 1880) et parce que cet intervalle de 40 ans est suffisamment long pour ne pas être pollué par la variabilité naturelle.

Cela permet de comparer la situation actuelle aux objectifs que se sont fixés les Etats pour contenir le réchauffement climatique en dessous du niveau considéré comme dangereux. Lors de la COP21 de Paris, un accord a été obtenu pour contenir le réchauffement sous les 2°C, voire 1,5°C si possible.

Par rapport à la période 1880-1920, l’anomalie a été de +1,46°C en mars 2020. Sur la période janvier-mars 2020, l’anomalie est de +1,49°C au-dessus de la température préindustrielle.

11 réponses »

  1. Bonjour Johan,
    Juste un petit mail pour vous signaler une possible erreur dans cet article. Vous dites que, sur les 3 premiers mois de l’année, l’anomalie est de + 1.49°C par rapport à la période pré-industrielle.
    Mais, quand on regarde les data brutes sur votre site, on note (tjs par rapport à la période pré-industrielle): + 1.76 en janvier, +1.375 en février et + 1.187 °C en mars.
    Si on fait la moyenne de ces 3 valeurs, on obtient + 1.31°C et non +1.49°C ?!?

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    • Bonjour,
      C’est parce que vous avez pris les données NCEP-NCAR de la page « température mondiale actuelle » et non celles de la NASA. Sur cette page, il s’agit des anomalies NCEP-NCAR pour la période post-1948. Pour compléter cette archive, j’y ajoute celles de la NASA pour la période antérieure afin de favoriser les comparaisons. Les données de la NASA publiées dans l’article ci-dessus sont intégralement celles de la NASA.

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  2. Cette fois, la réanalyse ncep donnait une idée assez différente du résultat obtenu par la plupart des agences de température, à la fois en terme de classement mais aussi en terme d’anomalie. On avait l’impression que la température mondiale, tout en restant à un niveau élevé, avait fortement chuté; on s’aperçoit que ce n’est pas le cas. La comparaison des trois premiers mois de 2020 avec l’année 2016 complète donne froid dans le dos.

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  3. Le réchauffement sur le bloc nord-eurasien me semble très inquiétant. Il implique un moindre refroidissement en profondeur. Moindre refroidissement implique un réchauffement facilité en période estivale, et donc, une activité bactériologique plus intense. En conséquence, une libération de CH4 et de CO2 au delà de la normale pour l’avenir proche.

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  4. Bonjour Johan,
    J’ai lu récemment que la chute de la pollution atmosphérique actuelle serait due à la forte baisse de l’activité économique mondiale en raison de la crise sanitaire due au covid-19. Or, habituellement les particules polluantes résultant de la combustion des hydrocarbures ont tendance à camoufler une partie du réchauffement atmosphérique. En conséquence, cette amélioration de la qualité de l’air consécutive à la crise sanitaire due au covid-19 pourrait paradoxalement réactiver une partie du réchauffement jusqu’alors « caché » par notre pollution habituelle.

    Si la crise sanitaire actuelle due au coronavirus devait durer encore plusieurs mois, voire une année complète, il serait alors difficle de maintenir le réchauffement planétaire sous la barre du 1,5°C visée par l’accord de Paris en 2015. En d’autres termes, le seuil du 1,5°C serait atteint plus rapidement que prévu. Que pensez-vous de cette analyse personnelle ?

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    • Bonjour Jacques,
      Les aérosols émis par les activités humaines limitent effectivement le réchauffement climatique. Contrairement au CO2, leur effet est limité dans le temps.
      Je ne sais pas dans quelle proportion les émissions d’aérosols ont diminué mais cela pourrait avoir un petit effet réchauffant.
      Par contre, dès que l’activité repartira, les niveaux d’aérosols reviendront à leur niveau d’origine.

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  5. Pendant le confinement, le réchauffement continue. Normal, c’est l’effet de nos émissions d’il y a vingt ou trente ans. Ce qui compte, c’est d’être réélu(s) dans deux ans. Bon, promis (en douce, pendant le confinement), on va fermer quatorze centrales nucléaires (gain pour le climat: nul; gain pour les élections: quelques pour-cent de votes zécolos, c’est toujours bon à prendre) et vous donner quelques zeuros pour acheter un vélo électrique (oui mais pendant le confinement, pour aller faire ses courses ou bosser -si, si, y’en a qui bossent encore!-, pas pour le loisir!). Ça suffit pas? Ah j’allais oublier: d’abord, 7 milliards sans conditions pour sauver Air France!
    https://dr-petrole-mr-carbone.com/des-records-de-chaleur-de-plus-en-plus-etendus/

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  6. Sauf monstre de dernière minute, la saison cyclonique 2019-2020 aura été calme dans l’hémisphère sud:
    http://tropical.atmos.colostate.edu/Realtime/index.php?loc=southernhemisphere

    Par contre, les prévisionnistes américains redoutent que la saison des ouragans (Atlantique nord et Pacifique nord-est) soit au contraire très active, en pleine épidémie de covid19:
    https://www.futura-sciences.com/planete/actualites/climatologie-saison-ouragans-2020-sera-extremement-active-46696/

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