Climat

Nombreux records de chaleur au mois de juin

Les premiers 50°C de l’année 2021 dans le monde ont été relevés le 31 mai à Jacobabad et à Larkana, au Pakistan. En juin, cette barre des 50°C a été par la suite plusieurs fois dépassée dans diverses régions du globe et de nombreux records de chaleur sont tombés.

Le mois de juin 2021 peut encore réserver des surprises mais on peut déjà dire que les records de chaleur ont été nombreux, à tel point qu’il est difficile de suivre la totalité des valeurs exceptionnelles relevées. Voici une compilation de quelques pics de chaleur notables de juin 2021, réalisé notamment grâce aux collectes de données d’Etienne Kapikian, prévisionniste Météo France (@EKMeteo), et Extreme Temperatures Around The World (@extremetemps).

Le Moyen-Orient a enregistré des valeurs exceptionnellement élevées pour un mois de juin. Les stations au sol locales ont relevé des températures dépassant la barre des 50°C dans au moins quatre pays du Moyen-Orient, dont l’Iran, le Koweït, Oman et les Emirats Arabes Unis.

Le 6 juin, aux Emirats Arabes Unis, un pic à 51.8°C a été observé Sweihan. Du jamais vu en juin dans l’émirat.

Un record absolu de chaleur a ensuite été établi au sultanat d’Oman avec 51.6°C à Joba le 16 juin 2021, battant les 50.8°C atteints en 2017, 2009 et 1990.

Image de l’observatoire de la Terre de la NASA par Joshua Stevens , utilisant les données GEOS-5 du 
Global Modeling and Assimilation Office de la NASA GSFC
(6 juin 2021).

Cette vague de chaleur au Moyen-Orient est le résultat d’un dôme de chaleur. Le phénomène se produit lorsque la pression atmosphérique élevée agit comme une cloche, emprisonnant l’air chaud et le repoussant vers la surface pour le réchauffer encore plus. La vague de chaleur de cette année survient environ un mois avant la période la plus propice aux températures élevées dans la région.

Le Moyen-Orient n’est pas la seule portion du globe à avoir connu des poussées de chaleur en ce mois de juin. Avec 53.2°C, la station de Furnace Creek, dans la Vallée de la Mort (Etats-Unis), a connu la température la plus élevée sur le globe pour une seconde décade de juin, battant de 0.1°C le précédent record de Sulaibiya, au Koweit.

La Vallée de la Mort est habituée des températures extrêmes, dépassant allègrement les 50°C. La chaleur peut y excéder de loin ce que l’on peut ressentir lors des pires canicules en France. C’est déjà une expérience assez invraisemblable à vivre en journée. Mais que dire du niveau atteint le 18 juin à Stovepipe Wells… La station a enregistré une température nocturne de 40.3°C, un record pour l’Amérique du Nord.

Image de l’observatoire de la Terre de la NASA par Joshua Stevens, utilisant les données GEOS-5 du 
Global Modeling and Assimilation Office de la NASA GSFC
(15 juin 2021).

Au-delà de la Vallée de la Mort, c’est plus globalement le sud-ouest des Etats-Unis qui a traversé une impressionnante période caniculaire, encore en raison d’un dôme de chaleur. Elle n’est d’ailleurs pas terminée et s’apprête à toucher les régions plus au nord, l’Etat de Washington notamment. Au coeur du mois de juin, des records de température maximale sont tombés à divers endroits dans sept Etats de l’ouest américain. Le 15 juin, la température à Salt Lake City (Utah) a égalé avec 42°C le plus haut historique de la ville tous mois confondus. La ville de Palm Springs, en Californie, a affiché 50.6°C le 17 juin, égalant le record établi en août 1993 et en juillet 1995. Dans l’Arizona, la ville de Phoenix a atteint au moins 46 degrés six jours d’affilée, une série inédite. Les prévisions montrent que les régions situées au nord-ouest des Etats-Unis pourraient être concernées en cette fin juin et des records de chaleur pourraient à nouveau tomber.

Cette vague de chaleur extrême s’est produite sur des régions du pays en proie à une sécheresse profonde. Plus de 20% des Etats-Unis se trouvent dans les deux pires catégories de sécheresse, extrême et exceptionnelle. La sécheresse et la chaleur se favorisent mutuellement. Les conditions de sécheresse sont rendues plus probables ou plus extrêmes lorsque les températures montent en flèche. Et inversement, les températures élevées peuvent être accentuées par la sécheresse. Moins d’humidité dans le sol signifie moins d’énergie solaire utilisée pour évaporer l’eau. Au lieu de cela, cette énergie chauffe le sol et l’air.

Statut de sécheresse à travers les Etats-Unis au 15 juin 2021. Source :
NOAA Climate.gov, basée sur les données du US Drought Monitor Project.

Le Mexique a rejoint le club des plus de 50°C le 17 juin avec 50°C tout pile dans la ville de Mexicali. Le 18 juin, Mexicali a même atteint 51.4°C, un nouveau record mensuel au Mexique. Le précédent record était de 51.0°C pour la même station en 2017. Le record tous mois confondus établi en juillet 1995 a été approché de 0.6°C.

L’Europe n’a pas été épargnée non plus. Le 18 juin, la ville de Malilla, en Suède, a enregistré 34.6°C, le niveau le plus élevé avant le solstice depuis le début des relevés en 1896.

Le 19 juin, le thermomètre a grimpé à 36.6°C à Berlin, 35°C en Pologne et au-dessus de 34°C en République Tchèque et en Slovaquie. Le même jour, on note aussi les 31.3°C à Tyumyati, dans l’Arctique russe. L’île polaire de Kotelny (76N) a enregistré la température la plus élevée de son histoire avant le solstice avec 17.6°C.

Le 20 juin, l’Allemagne a connu son 4è jour consécutif avec des températures maximales de plus de 35°C. Le 21 juin, 62 stations autrichiennes ont vécu une nuit tropicale (avec des températures minimales au-dessus de 20°C). C’est pourtant un endroit du globe où des nuits tropicales aussi précoces sont rares.

En Lettonie, la ville de Daugavgrīva a relevé une température minimale de 23.7°C, égalant le record établi en 2012. A Riga, la nuit du 23 juin a été la plus chaude jamais observée en Lettonie avec une minimale de 24.2°C.

Le 21 juin, l’Estonie a été exceptionnellement chaude avec notamment 33.7°C à Kunda (à 0.3°C du record mensuel). Ce n’était que le début pour l’Estonie puisque le record mensuel a été battu le 23 juin avec 34,6°C. à Narva.

Un nouveau record national mensuel de chaleur pour un mois de juin a été établi en Biélorussie le 22 juin à Žlobin avec 35.7°C, battant les 35.6°C du 23 juin 1964 à Berezino. Dès le lendemain, ce record mensuel a été de nouveau battu avec 37.1°C à Aktsiabarski.

La chaleur se fait largement sentir à l’est dans la troisième décade de juin. Yerevan, en Arménie, a battu son record mensuel le 23 juin avec 40.2°C, dépassant les 39.8°C du 30 juin 2018.

En Russie, les deux principales villes ont battu leur record mensuel de chaleur le 23 juin : Moscou avec 34.8°C, juste devant son record de 34.7°C établi en juin 1901 ; Saint-Pétersbourg avec 35.9°C, nettement au-dessus du précédent record de 34.6°C établi en juin 1998.

Températures en Europe d’après le modèle GFS le 23 juin 2021. Source : Tropical Tidbits.

De fortes chaleurs ont également été relevées au sud de l’Europe. La ville d’Ozieri, en Sardaigne, a atteint 40.5°C le 19 juin. A Lascari, en Sicile, on a observé un 43.7°C le 21 juin, le niveau le plus élevé enregistré en Europe en 2021.

Encore plus au sud, la ville de Tozeur, en Tunisie, a vu le thermomètre grimper à 47.8°C, à seulement 0.5°C du record mensuel national établi à Mahdia en 2003.

Malgré ces fortes chaleurs relevées juin, la température globale se situe pour le moment aux alentours de la 5 ou 6e place des annales. L’Antarctique affiche des anomalies négatives très marquées qui tirent la moyenne vers le bas.

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9 réponses »

  1. Bonjour Johan,
    L’ouest des États-Unis est actuellement en proie à une sécheresse record. La vague de chaleur qui l’accompagne met à l’épreuve les réseaux électriques et amplifie les problèmes d’approvisionnement en eau de la région et de ses dizaines de millions d’habitants. La situation risque d’empirer dans les mois à venir.

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    • … Surtout que le marché de l’eau est lié à la spéculation boursière, là-bas. Au-delà du manque de ressources, il faut craindre une monstrueuse envolée des cours lorsqu’il ne sera plus possible de faire face à la demande. Pour les riches, ça ira. Pour les pauvres, ou les pompiers qui auront besoins de millions de m3, ça va être une autre histoire…

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      • Depuis peu en Californie d’après ce que j’avais lu. Cette gestion est déjà en place en Australie depuis longtemps (Waterfind) et c’est une véritable catastrophe, c’est dire la volonté criminelle de cette oligarchie. Mais peu importe, c’est leur idéal de gestion là-bas, leur rêve. Je suis d’avis qu’on va avoir assez de problèmes en Europe d’ici peu.

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          • Il y a déjà des expérimentations débiles avec les bassines (pour contrer la sécheresse, pomper dans le sol pour mieux laisser évaporer en surface, il fallait y penser !) où le puissant lobby agro-alimentaire dont personnes ne veut remettre en cause sa grande expertise dans l’empoisonnement généralisé et ses immenses facultés d’inadaptabilités sur le long terme avait reçu l’aval pour une soixantaine de projets par le ministère du même vase-clos.

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