Climat

Température mondiale : bilan d’ERA5 pour octobre 2021

Avec +0,661°C au-dessus de la moyenne 1981-2010, le mois d’octobre 2021 est le 3e plus chaud des archives ERA5.

Les réanalyses comme ERA5 (ECMWF) intègrent de multiples observations dans un modèle permettant de suivre quasi quotidiennement l’évolution du climat. Elles sont produites par assimilation de données, un processus qui repose à la fois sur des observations et des modèles utilisant les lois de la physique et les observations passées. Les données sont actualisées de manière journalière, contrairement aux bilans mensuels des stations au sol.

Carte d’anomalies pour le mois d’octobre 2021 par rapport à la moyenne 1981-2010. Source : ERA5

Avec +0,661°C au-dessus de la moyenne 1981-2010, le mois d’octobre 2021 est le 3e plus chaud des annales ERA5. Par rapport à la nouvelle période de référence 1991-2020 utilisée par ERA5, l’anomalie est de +0,421°C.

On notera que les sept mois d’octobre les plus chauds ont été enregistrés ces sept dernières années.

Anomalies de température pour le mois d’octobre par rapport à 1981-2010. D’après les données ERA5.

Le mois d’octobre 2021 est l’un des plus chauds observés alors que la variabilité naturelle de l’océan Pacifique ne favorise pas actuellement des températures élevées à la surface du globe. Des conditions La Niña se sont développées dans le Pacifique avec – 0,95°C dans la région Niño 3.4 en octobre 2021. C’est donc un épisode La Niña pour la deuxième année consécutive. D’après la NOAA, il y a 87% de chances pour que La Niña se maintienne sur décembre 2021-février 2022. Le graphique ci-dessous montre les prévisions pour la région Niño 3.4 avec des anomalies inférieures à – 0,50°C (le seuil La Niña) pour la moyenne des modèles.

Prévisions des modèles pour ENSO. Source : IRI.

L’année 2021 se situe pour le moment à la 6e place de l’archive ERA5. La moyenne globale a été tirée vers le bas par des conditions plutôt fraiches dans le Pacifique. Pour 2021, la période janvier-octobre est ici comparée à des années pleines. 2021 n’est devancée que par des années postérieures à 2016.

Anomalies de température annuelles par rapport à 1981-2010 (janvier-octobre pour 2021). D’après les données ERA5.

Pour calculer la température mondiale par rapport à la période préindustrielle, il faut utiliser une autre archive que celle d’ERA5 car celle-ci remonte à 1979. Cette archive du Met Office présente l’avantage de remonter aux années 1850. HadCRUT5 a récemment remplacé HadCRUT4 avec des améliorations dans la couverture globale et la mesure des températures de surface de la mer. Avec la même méthodologie, l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM) utilise les données de HadCRUT4 pour produire des estimations des archives qui ne remontent pas à la période préindustrielle. L’OMM combinera sans doute ERA5 avec HadCRUT5 dans ses prochaines estimations. Les données de HadCRUT5 seront désormais utilisées ici pour calculer l’évolution d’ERA5 par rapport à la période préindustrielle (1850-1900).

Le mois d’octobre a été marqué par une anomalie de +1,31°C par rapport à 1850-1900. Sur janvier-octobre, la température globale est de +1,156°C au-dessus de la période préindustrielle. Les deux années les plus chaudes ont été 2016 et 2020 avec respectivement +1,337°C et +1,33°C.

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7 réponses »

  1. Bonjour Johan,
    « Le mois d’octobre a été marqué par une anomalie de +1,31°C par rapport à 1850-1900. » J’essaie de comprendre comment a été calculé la valeur de +1,31°C. Quel calcule avez-vous fait pour obtenir cette valeur précise svp ?

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    • Bonjour Jacques,
      J’utilise les données historiques HadCRUT5 du Met Office pour remonter avant 1979. Voir la page du Met Office https://www.metoffice.gov.uk/hadobs/hadcrut5/
      Où d’autres jeux de données, dont ERA5, sont alignés. En calculant la différence entre la période 1850-1900 et la moyenne HadCRUT5 1981-2010, on dispose d’une base de référece sur laquelle aligner ERA5. C’est une méthode utilisée par l’OMM, le GIEC, le Met Office.

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  2. Bonjour, et merci Johan pour votre activité sur ce blog que je suis régulièrement depuis quelques mois (voir qlqs années).
    Je me permet aujourd’hui de vous faire ce commentaire, que j’aurai, en partie, dû faire plus tôt, mais la fin de la COP 26, me permet de faire le triste constat, que cette conférence n’a été qu’une approche très discrète sur les enjeux du changement climatique. Pour rappel, l’objectif premier des états présents lors des COP est de ne pas dépasser 1,5 °C de réchauffement par rapport à l’ère préindustrielle, et constatant, grâce à votre persévérance de mise à jour des indicateurs sur les températures de ce réchauffement, fin 2021, ces températures (fin Octobre : +1,156°C) seront certainement au-dessus des +1,15°C, or, je vois pas comment cet objectif pourra être tenu, puisque les principaux pays les plus pollueurs en émission de gaz à effet de serre, vont continuer à émettre un peu de ces gaz. Ils peuvent toujours s’engager de vouloir changer cette tendance à partir de 2030 (voir la déclaration à ce sujet de l’ambassadeur chinois sur la chaîne de Thinkerview le 22/09/2021 : https://urlz.fr/gO1V ). Effectivement, à ce rythme d’émission de gaz à effet de serre, il y a de fortes probabilités qu’une grande partie de la population mondiale pourrait disparaître, car non seulement ces émissions produites par les états peu regardant, mais aussi toute les rétroactions de la planète elle-même (permafrost) pourrait engendrer une forte élévation de la température planétaire.
    Encore merci votre persévérance et votre constance.

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    • Bonjour,
      Merci pour votre commentaire. J’examine avec une très grande perplexité les annonces qui ont été faites à Glasgow. J’en viens presque à regretter le protocole de Kyoto, tant les engagements pour 2030, 2050 et au-delà me semblent relever de l’usine à gaz. Ce qui a été annoncé à la COP26 n’est absolument pas compatible avec 1.5°C. Pour être honnête, je ne comprends même pas qu’il puisse y avoir un espoir à ce sujet. Mais n’oublions pas que ce seuil est avant tout symbolique. L’important reste de limiter au maximum le réchauffement. A mon avis; il faudrait pour cela une réelle volonté et une coordination des principales puissances avec des objectifs chiffrés à court terme.

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      • L’objectif quasi-irréalisable de ce seuil peut être surtout un levier pour les industries et des conseils en tout genre (les conseils de guerre sont à la mode en ce moment) très à l’écoute de cursus scientifiques divers pour leur donner une caution robuste.
        Ma pensée ?
        Un cheval de Troie déroulant tapis rouge pour la géo-ingénierie et les flux financiers qui vont en découler. Les signataires auront un choix de façade limité pour tenir leurs engagements.

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        • @Desperados : Si je comprends ce que vous décrivez, l’idée serait de détourner des fonds publics vers des industries de haute technologie mais sans intérêt pour le réchauffement, au profits d’industriels surfant sur la vague du réchauffement ?

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          • Il ne s’agit pas tant de détournement au sens propre bien entendu.
            Tout comme il s’agit de favoriser l’expansion d’un secteur de manière politique et économique, que ce soit par des leviers législatifs ou la priorisation de projets structurant pour l’implantation de certaines entreprises, le greenwashing fait en outre déjà pas mal de dégâts avec la demande en panneaux photovoltaïques.
            Des mots aussi creux que néfastes que « reset » du capitalisme pour qu’il démarre sur sa version 4.0, pour reprendre les terminologies très tendance, ne peuvent qu’être bénéfiques pour la poursuite des affaires. Contrer le réchauffement n’est pas le but (le dioxyde de carbone n’est pas le seul poison qui peut couler nos sociétés), c’est de trouver les opportunités pour que la machine ne s’arrête pas et que toue le monde ou presque approuve, sous l’urgence ou non : un seuil qu’il est possible de ne pas franchir sans l’aide de la toute puissance techno-industrielle, quelle occasion ratée.
            Les moyens sont là, les technologies ne demandent qu’à être produites, l’opinion se travaille. Chacun aura son rôle et d’intégrer une responsabilité supplémentaire pour chaque citoyen déjà sous l’emprise de la double contrainte. Qui veut gagner des millions ?

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