Climat

Température mondiale : 2021, cinquième année la plus chaude

Avec +0,47°C au-dessus de la moyenne 1981-2010, l’année 2021 est la 5e plus chaude des archives ERA5. Par rapport à la nouvelle période de référence 1991-2020 utilisée par ERA5, l’anomalie est de 0,275°C. Si des records ne sont pas systématiquement battus, c’est parce que la variabilité naturelle affecte la moyenne globale d’une année à l’autre. En 2021, la température a été tirée vers le bas par les conditions La Niña dans le Pacifique. Malgré cela, l’année 2021 a été plus chaude que certaines années El Niño comme 2010 (+0,32°C), signe que le réchauffement climatique prend rapidement le dessus sur la variabilité naturelle. Si on remonte encore dans le temps, on peut noter que 2021 est nettement au-dessus de 1983 (-0,08°C) et de 1998 (+0,21°C), années pourtant marquées par deux des trois plus gros El Niño jamais observés. La tendance de fond est à un réchauffement de 0,20°C par décennie depuis les années 1980 et la variabilité naturelle ne peut que freiner temporairement l’élévation des températures.

L’année 2021 s’est terminée avec un mois de décembre affichant une anomalie de +0,523°C au-dessus de la moyenne 1981-2010, ce qui en fait le 6e mois de décembre le plus chaud des annales ERA5. La carte du mois de décembre, ci-dessous, montre bien les températures de surface de la mer plus froides que la moyenne dans l’est du Pacifique.

Carte d’anomalies pour le mois de décembre 2021 par rapport à la moyenne 1981-2010. Source : ERA5

Le mois de décembre conclut donc une année 2021 quasiment au même niveau que 2018, année influencée par l’épisode La Niña de l’hiver 2017-2018. El Niño avait cependant émergé fin 2018. La situation actuelle est différente avec deux hivers consécutifs sous le régime La Niña (2020-2021 et 2021-2022). La température globale en 2021 est donc à apprécier au regard de ces anomalies dans le Pacifique.

Anomalies annuelles de température globale par rapport à la période 1981-2010.

Pour calculer la température mondiale par rapport à la période préindustrielle, il faut utiliser une autre archive que celle d’ERA5 car celle-ci remonte à 1979 seulement. Différentes méthodes peuvent être utilisées pour évaluer l’anomalie par rapport à la période préindustrielle. Deux archives, celles du Met Office et de Berkeley Earth, présentent l’avantage de remonter aux années 1850. HadCRUT5 a récemment remplacé HadCRUT4 avec des améliorations dans la couverture globale et la mesure des températures de surface de la mer. L’Organisation Météorologique Mondiale (OMM) utilise les données du Met Office pour produire des estimations des archives qui ne remontent pas à la période préindustrielle. L’OMM combinera sans doute ERA5 avec HadCRUT5 dans ses prochaines estimations. Les données de HadCRUT5 sont utilisées ici pour calculer l’évolution d’ERA5 par rapport à la période préindustrielle (1850-1900).

L’année 2021 a été marqué par une anomalie de +1,176°C par rapport à 1850-1900, d’après la combinaison entre ERA5 et HadCRUT5. Les deux années les plus chaudes ont été 2016 et 2020 avec respectivement +1,337°C et +1,33°C.

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24 réponses »

  1. Bonjour Johan,
    Je vous souhaite une bonne année 2022 en santé et de conserver votre passion pour la rédaction de ce blog si apprécié. L’anomalie de novembre 2021 a été de +1,32°C selon ERA5. Quelle a été l’anomalie de décembre dernier svp ?

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    • Bonjour Jacques,
      Je vous souhaite une excellente année. La température globale en décembre a été de +0.523°C au-dessus de la moyenne 1981-2010, d’après ERA5. C’est le 6e mois de décembre le plus chaud. Si l’on ajoute les archives du Met Office (HadCRUT5), l’anomalie par rapport à la période préindustrielle doit tourner aux alentours de 1.2 – 1.3 mais je n’ai pas les chiffres « sur moi ». Je vous dirai ça plus tard.

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  2. 2020 , 2019 ….. 2021 les températures baissent .
    0.6° d’augmentation en 42 ans je vous laisse faire la regle de 3 pour arriver en 2100.

    Bref rien d’inquiétant . L’influence des gaz à effet de serre est minime par rapport au rôle de l’activité solaire et des grands courant marin.
    Les écologistes devraient se battrent et alerter sur autre chose que le climat ( diversité du vivant , pesticides , exploitation des sols , pollution , ondes , réserves naturelles , agro bio , développement du rail ….. )
    Bonne année à tous et achetez des pulls au cas ou les t° continues de baisser 😉

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    • Pour préciser, la tendance par décennie est de 0,2°C depuis 1980 et 0.235° sur les 30 dernières années, d’après les chiffres d’ERA5. Vous pouvez extrapoler ces 0,235°C à l’horizon 2100, ça donne +1,85°C. Avec les 1,2°C déjà enregistrés, on arriverait sur +3°C en 2100 si le rythme des 30 dernières années était maintenu.

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    • Si l’influence des gaz à effet de serre était minime par rapport à celle des courants océaniques, on devrait voir un refroidissement des océans lorsqu’ils cèdent plus l’énergie à l’atmosphère et la réchauffent. Or, les océans ne font qu’absorber de plus en plus d’énergie. Ce qui signifie que, même s’ils peuvent grandement influencer le climat d’une année sur l’autre, la tendance à long terme est indépendante de leur rôle. Quant à l’activité solaire, elle est au plus bas depuis un siècle. C’est peu dire que la température n’a pas suivi le même chemin. Je me demande comment on peut encore sérieusement défendre une telle thèse aujourd’hui.

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    • Toujours un plaisir de vous les offrir :
      https://www.realclimate.org/index.php/archives/2006/09/why-greenhouse-gases-heat-the-ocean/
      https://scienceofdoom.com/2010/10/06/does-back-radiation-heat-the-ocean-part-one/

      Ces amusant cette remarque sur les écologistes et de sortir le climat du champ des objets dont l’humain «civilisé» a une influence – et qui sont aussi les produits du progrès. Ceux qui se battent pour limiter les émissions de CO₂ ne sont pas ces écologistes dont votre imaginaire semble vouloir envahir le mien, mais bel et biens les industriels et leurs affidés qui voient dans le greenwashing de nouvelles opportunités financières et/ou électorales ainsi que le maintient de leur niveau de vie.
      Les écologistes, anti-industriel et autres naturiens, comme Amiech, Berlan, Jarrige, Garcia ceux qui ont hérité de Gorz, Ellul, Charbonneau Illich et d’autres, n’ont pas attendu vos judicieux conseils (et certains le payent très chèrement). Mais peu importe, que vos convictions indéboulonnables vous fassent traverser cette nouvelle année sans encombres.
      N’oubliez pas de vous bien hydrater durant les prochaines vagues de chaleur, il n’y aura pas de «au cas où». Et comme dirait l’éolienne à votre ventilateur : bon vent !

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      • Ghtuz, les auteurs auxquels vous faites référence, auxquels on pourrait ajouter Habermas, ont posé la question du rôle de la technique en démocratie. Ce thème me semble se manifester aujourd’hui avec beaucoup d’acuité dans un débat qui n’est pas vraiment explicité mais pourtant bien présent. Ce débat difficile à déchiffrer serait intéressant à étudier à mon avis, car j’ai cru observer un glissement depuis le début du 21e siècle entre régulation et solutions techniques, sur fond d’une montée des tensions entre blocs de puissance.

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        • Si ce débat ne doit pas/plus en être un pour certains aujourd’hui, je peux affirmer que dans ma profession, dont la technique est reine, un tel glissement a eu lieu bien avant. La spécialisation et la division du travail verrouillent, au bout du compte, tout.
          La définition de la technique, et enfin de l’État, par Ellul est si éloquente qu’il ne peut guère y avoir d’alternative face à l’urgence de faire les choses.
          Face au réchauffement provoqué par le phénomène technique, toute régulation étant une voie sans issues à démont[r]er pour évincer l’irrationnalité d’une quelconque politique (un choix «souverain», trop humain), ce cera une solution purement technique qui sera envisagée à terme.

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          • Je vois ce que vous voulez dire sur le caractère « en roue libre » de la technique. Mais à l’opposition technique/régulation, je m’inquiétais aussi de l’opposition régulation/concurrence dans un monde où, il me semble, des tensions entre blocs économiques risquent d’entraver la collaboration nécessaire à la réduction des GES par-delà le consensus affiché lors des COP.

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            • Qu’à pas feutrés les mots politiques sont dissimulés !!! A partir du moment où on parle de l’avenir de l’homme, il est difficile d’échapper aux interactions sciences-physique/sciences-humaines.

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            • «Roue libre», c’est laisser dériver, sans retenue, sans contrôle. Ici, c’est tout le contraire. Et de pire en pire même. 😉
              Et comme le souligne Parmantier, les sciences dites « dures » ont encore un peu de mal avec les sciences dites « molles », mais se servent entre elles sans vergogne. Nous sommes, pour beaucoup, dépossédés et à la mercie de décisions (~ THF précurseur ?) qui ne jurent que par l’efficacité à répandre les marchandises le bien selon des critères définis. Et quand ceux-ci ne se jaugent qu’à l’aulne d’indices tels le PIB ou de pouvoir d’achat (qui est autant un pouvoir de destruction) par sujet qu’ont adopté tous ces blocs économiques… no way.

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  3. Bonjour,
    Belle année à vous, avec mes meilleurs voeux de joie, de santé et ce qui vous tient à coeur.
    Mes remerciements pour vos articles que je lis depuis 2-3 ans après qu’un scientifique (G.K.) en glaciologie de Grenoble m’ait indiqué votre site.
    Entre autres, vous m’aidez à maintenir ma devise « Ne jamais ignorer son ignorance ». Inspirée à la suite de celle-ci : « Ce qui est grave n’est pas ce que l’on ignore, mais ce que l’on tient pour certain et qui ne l’est pas. » (de Mark Twain ; « Une vérité qui dérange »)
    Voilà une manifestation expceptionnelle de ma part afin que vous connaissiez une personne de plus qui vous lit.

    Bien à vous, et lectrices et lecteurs

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    • Merci David, je vous souhaite de même une heureuse année.
      J’aurais tendance à penser également que tenir pour certain ce qui ne l’est pas est plus dangereux que l’ignorance dans la mesure où l’ignorance peut être un bon aiguillon pour chercher à en savoir plus.

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  4. Bonne année et souhaitons qu’elle soit meilleure que 2021 et surtout 2020,

    Merci pour ces informations ciblées et sourcées. En référence à la carte d’anomalie du mois de Décembre 2021, pourrait on connaitre le rapport entre l’augmentation de la température moyenne du Groenland 2021 (par exemple) et la température moyenne 2021 :(+1,166°C). Ce qui me semble critique ce sont les changements très important des pôles !
    Bruno

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    • Merci, je vous souhaite de même une très bonne année.
      Comme vous pouvez le voir dans l’article sur la carte ci-dessus, l’anomalie est très marquée au Groenland au mois de décembre. Il y a eu des températures exceptionnelles par endroits.
      Je n’ai pas encore pu avoir la carte globale annuelle 2021 mais ci-dessous vous pouvez voir la période de 12 mois décembre 2020-novembre 2021 :

      Les anomalies sont positives dans l’Arctique, notamment au Groenland, et plus contrastées pour l’Antarctique. C’est un phénomène de fond avec un rythme de réchauffement plus de 2 fois supérieur à la tendance globale pour l’Arctique lié notamment à la fonte de la glace de mer. Il y a cependant des oscillations naturelles de grande échelle faisant que les anomalies sont plus ou moins marquées d’une année à l’autre.

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    • Cela semble signifier que l’hémisphère austral, nettement plus océanique, laisse moins transparaître le réchauffement en surface. L’eau a une grande puissance d’absorbtion calorifique. Ce qui signifie que la quantité d’énergie absorbée est moins visible en surface, mais bien réelle. Ce qui implique des conséquences elles aussi plus discrêtes.

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      • La région de l’Océan Austral n’a pas connu de réchauffement aussi important que le reste du globe et c’est probablement dû à sa grande capacité d’absorption de chaleur. La température de surface de la mer qui reste assez fraiche par rapport au réchauffement de l’atmosphère favorise les nuages bas qui renvoient les rayons du soleil. Mais cela pourrait changer à l’avenir et ces nuages bas pourraient ne plus jouer le même rôle avec le réchauffement de l’Océan austral, qui prend du temps. Cette interview vidéo d’Andrew Dessler explique le phénomène à partir de 02:45 : https://www.youtube.com/watch?v=LV9aCiyui18

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  5. Bonjour Johan,

    Et bonne année.

    Même si mes propos qui suivent ont peu de rapport avec l’anomalie thermique de 2021, je profite de ce début d’année pour émettre mes inquiétudes. Elles concernent principalement l’Antarctique.

    L’amplitude de la banquise antarctique est de plus en plus fluctuante : très étendue en septembre, de plus en plus faible en mars. La période 2021-2022 semble le confirmer. J’attribue ce phénomène à la fonte des glaciers qui adoucissent considérablement la surface de l’eau de mer, ce qui modifie le passage de l’état liquide à l’état solide. L’eau douce se propageant plus loin, la banquise hivernale (septembre) est plus étendue. Et par voie de conséquence, l’été austral se caractérise par une banquise plus réduite. Cela, c’est ce qui est visible. Mais en profondeur, que se passe-t-il ?

    La géographie de l’Antarctique n’est pas celle qui paraît. Là où les cartes nous laissent penser qu’il y a un socle rocheux existe souvent l’équivalent de mers, de profondeurs de plusieurs centaines voire milliers de mètres, par lesquels peuvent pénétrer les eaux de l’océan. La moindre salinité ainsi que le réchauffement de l’océan sur des profondeurs comprises entre 0 et 700 mètres ne pourrait-il saper les glaciers sur des territoires présentés comme stables ?

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    • Bonsoir Parmentier et très bonne année à vous.
      L’Antarctique me semble aussi receler de nombreux mystères susceptibles de vraiment changer la donne, ce qui devrait nous inviter à l’humilité. Le rôle de l’océan austral dans les échanges de CO2 et de chaleur dans les années d’ici la fin du siècle est encore à préciser. De même que la potentielle élévation du niveau de la mer en lien avec la topographie, la fragilité des plateformes et des falaises…

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