Le nombre de jours pendant lesquels la glace de mer fond en Arctique augmente régulièrement depuis 1979. La saison de fonte s’allonge de 5 jours par décennie, selon une étude de la NASA et du National Snow and Ice Data Center (NSIDC). L’importance du phénomène permet à l’océan Arctique d’absorber davantage de radiations solaires et d’accentuer à son tour le réchauffement du climat.
L’Arctique se réchauffe à un rythme 2 à 3 fois plus important que le reste de la planète. En conséquence, la glace de mer arctique est en déclin depuis les 40 dernières années, date de début des mesures du NSIDC.
La couverture de glace de mer diminue et s’amincit, conduisant les scientifiques à penser qu’un Océan Arctique libre de glace en été pourrait exister d’ici la fin du siècle. Certaines prévisions, compte tenu de l’accélération des années 2000, anticipent un Arctique libre de glace en été avant 2030. Les 7 plus faibles extensions de glace de mer relevées par les satellites se sont toutes produites au cours des 7 dernières années, rappelle l’étude menée par Julienne Stroeve et publiée dans la revue Geophysical Research Letters.
De 1979 à 2012, la banquise a diminué de près de 50 % en été. L’allongement de la saison de fonte permet à davantage d’énergie solaire d’être stockée dans l’océan et provoque une augmentation de la fonte pendant l’été, conduisant à une réduction globale de la couverture de glace de mer.
Pour étudier l’évolution du début de la fonte de glace de mer et celui du gel entre 1979 et aujourd’hui, Stroeve et son équipe ont utilisé des données de la NASA. Quand la glace et la neige commencent à fondre, la présence d’eau provoque des radiations qui peuvent être détectées. Une fois que la saison de fonte est à son summum, les émissions de micro-onde de la glace et de la neige stabilisent, et cela ne change à nouveau que lorsque débute la saison de gel.
Le résultat de ces analyses est que la saison de fonte s’allonge à ses deux extrémités, avec un printemps plus précoce et un automne plus tardif. Le phénomène le plus important est le recul de la période de gel. Certains endroits comme la mer de Beaufort, au nord de l’Alaska, recommencent à geler entre 6 et 11 jours plus tard par décennie.
Malgré d’importantes variations régionales concernant le début et la fin de la saison de fonte, la saison de fonte de l’Arctique s’est allongée à un rythme moyen de 5 jours par décade entre 1979 et 2013.
Si la tendance est clairement à un gel plus tardif, il n’est pas possible de faire des prévisions pour une années particulière, précise Julienne Stroeve.
Pour mesurer les changements dans la quantité d’énergie solaire absorbée par la glace et l’océan, les chercheurs ont observé l’évolution des températures de la surface de la mer et les données concernant l’albedo (la quantité d’énergie solaire réfléchie par la glace et l’océan) en même temps que les radiations solaires émises entre mai et octobre. Ces données viennent des satellites de la NOAA. Ils ont découvert que la banquise et l’océan absorbent de plus en plus d’énergie solaire en raison des plus grandes surfaces d’océan libre de glace et d’un assombrissement de la glace de mer.
La glace de mer devient moins réflective car elle est de plus en plus composée de glace jeune, dont l’albédo est moins important que la glace plus vieille qui dominait auparavant dans la banquise. La glace plus récente fond aussi plus rapidement que la glace qui a plusieurs années d’existence. Elle est devenue plus fine que ce que prévoyaient les modèles.
Ces modèles ne sont pas fiables, selon le Professeur Peter Wadhams, spécialiste de l’océan à l’Université de Cambridge. Il prévoyait en 2012 que l’océan serait quasiment libre de glace dès l’été 2016 et ce pour deux raisons : la moindre extension de la glace en hiver et l’augmentation de la fonte en été.