Les organisations internationales multiplient les appels à l’action face au changement climatique. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) estime qu’il faut limiter à 2°C l’augmentation de la température moyenne à la surface du globe pour  éviter une dangereuse interférence et un emballement du système climatique…. Pour atteindre cet objectif, il ne faudrait pas émettre plus de 1000 milliards de tonnes de CO2.  Dans cette optique, un rapport du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) recommande d’abaisser les émission d’environ 15 % d’ici à 2030 par rapport au niveau de 2010 et d’au moins 50 % d’ici à 2050 pour arriver à un niveau de zéro émission nette de gaz à effet de serre dans la deuxième moitié du 21è siècle. Un objectif difficile à tenir quand on sait que les émissions croissent encore à un rythme de 2,5% par an. Mais la Banque Mondiale prévient que le coût de l’inaction serait encore plus grand que celui requis pour limiter les émissions.

Considérant une situation théorique dans lequel le dioxyde de carbone était le seul gaz à effet de serre d’origine anthropique, le GIEC  avait estimé en 2013 que l’on pouvait se permettre d’émettre au total un maximum de 3 670 milliards de tonnes de dioxyde de carbone pour avoir une chance de rester dans la limite des 2°C, sachant que les températures ont déjà augmenté de 0,8°C par rapport au niveau préindustriel.

Température moyenne annuelle à la surface du globe depuis 1880 (source : NASA)
Température moyenne annuelle à la surface du globe depuis 1880 (source : NASA)

Malheureusement, comme les émissions ont commencé à croître massivement à la fin du 19è siècle, nous avons déjà émis environ 1900 Gt de CO2. En outre, une variété d’autres substances qui ont un impact sur le réchauffement climatique ont également été émises, réduisant encore le budget restant à environ 2 900 Gt de CO2.

Cella laisse moins de 1 000 milliards de tonnes de dioxyde de carbone à émettre… Selon le Global Carbon Project, ce budget restant sera utilisé dans environ 30 ans si les émissions se poursuivent au rythme actuel (environ 30 milliards de tonnes par an).

L’Agence Internationale de l’Energie (AIE) a publié le 12 novembre un rapport sur la consommation énergétique mondiale à l’horizon 2040. Son scénario central annonce une augmentation de la demande énergétique mondiale de 37 %, ce qui mènerait à la consommation du budget de 1000 gigatonnes dès 2040, conformément aux prévisions du Global Carbon Project. L’AIE table ainsi sur une élévation de la température de 3,6°C.

Un réchauffement atmosphérique de près de 1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle apparaît donc déjà inéluctable, comme le rappelle un rapport publié cette semaine par la Banque Mondiale. Sans effort substantiel , le risque est grand de voir la planète se réchauffer de 2 °C d’ici 2050, voire de 4 °C d’ici 2100.

Scénarios du GIEC indiquant que la trajectoire actuelle pourrait mener à une élévation des températures de 5,4°C en 2100
Scénarios du GIEC indiquant que la trajectoire actuelle pourrait mener à une élévation des températures de 5,4°C en 2100

Pourquoi faut-il limiter le réchauffement à 2°C ? D’après le rapport de la Banque Mondiale, la hausse des températures augmentera la fréquence des vagues de chaleur similaires à celles observées en Russie en 2010, aux États-Unis en 2012 ou en Europe en 2003. Pour un pays comme le Brésil,  un réchauffement de 2°C pourrait signifier une baisse des rendements de 70% pour le soja et de 50% pour le blé. La forêt amazonienne serait menacée, accroissant le risque de sécheresse. La rapidité du réchauffement climatique rendrait l’adaptation difficile pour les écosytèmes terrestres et marins.

Des changements dans le régime des précipitations sont attendus avec un risque de limitation des ressources en eau. L’Amérique centrale, les Caraïbes, les Balkans, le Moyen-Orient, l’Afrique du Nord figurent parmi les régions les plus menacées avec un déclin des précipitations évalué à près de 50% en cas de réchauffement de 4°C. Inversement, d’autres régions pourraient subir des précipitations plus importantes, de l’ordre de 30 %. Ce serait le cas notamment pour la Sibérie et nord-ouest de l’Amérique du Sud, qui connaîtraient alors un risque accru d’inondations. Les régions côtières seraient en outre menacées par la montée des eaux avec une contribution de plus importante de la fonte des glaciers de l’Antarctique et du Groenland.

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