Climat

La prévision de température du Met Office pour 2018-2022

Sur la période 2018-2022, la température moyenne mondiale devrait se situer entre 1,10°C et 1,40°C au-dessus des conditions préindustrielles (la moyenne des températures entre 1850 et 1900). La prévision centrale du Met Office, une anomalie de +1,25°C, signerait une poursuite du réchauffement après le record de +1,14°C observé en 2016. 

Le Met Office a établi sa prévision en janvier 2018. Les prévisions décennales sont spécialement conçues pour prévoir les fluctuations du système climatique au cours des prochaines années grâce à la connaissance de l’état actuel du climat et de la variabilité pluriannuelle des océans.

La prévision reste dans la partie moyenne à supérieure de la fourchette simulée par les modèles CMIP5 qui n’ont pas été initialisés avec les observations (ombrage vert sur la figure ci-dessous).

Température mondiale par rapport à la période 1850-1900. En noir : observations (Met Office Hadley Centre, GISS and NCDC). En bleu : prévisions du Met Office pour 2018-2022. En vert : prévisions de 22 modèles du Coupled Model Intercomparison Project phase 5 (CMIP5) non initialisées par rapport aux observations. Source : Met Office.

Les prévisions de ce type sont évidemment à prendre avec prudence puisqu’elles ne peuvent pas anticiper une éruption volcanique majeure qui aurait un impact important sur l’échelle de temps qui nous intéresse. La variabilité naturelle est prise en compte dans les paramètres qui servent à établir la prévision mais la complexité du système climatique rend la tâche très difficile.

La prévision pour 2017 réalisée fin 2016 avait en tout cas tapé dans le mille avec +1,05°C au-dessus de 1850-1900. Le chiffre annoncé est bien celui qui est tombé en 2017.

Sur les 50 dernières années, les tests rétroactifs du Met Office montrent une corrélation de 0,63 dans la distribution mondiale de la température de surface sur les années 2 à 5 de la prévision. Les prévisions ne capturent pas tous les pics et tous les creux de température, car la prévisibilité de phénomènes comme El Niño et La Niña se limite au plus à un an à l’avance.

Regardons maintenant ce que dit l’intervalle de confiance de 90%. Prises individuellement, les années allant de 2018 à 2022 devraient évoluer dans une fourchette comprise entre 0,96°C et 1,54°C (c’est l’intervalle de confiance de 90%) par rapport aux conditions préindustrielles. Il y donc un risque très faible (environ 10%)  de voir une année dépassant temporairement 1,5°C. Il faudrait pour cela un événement El Niño majeur et un contexte de réchauffement des températures dans le Pacifique.

La Niña devrait légèrement ralentir 2018. Pour l’année en cours, la température moyenne mondiale se situerait entre +0,88°C et +1,12°C au-dessus de 1850-1900, avec une estimation centrale de +1,00°C.  L’année 2018 serait ainsi la 4è plus chaude depuis 1850.

Pour la suite, 2019-2022, les prévisions britanniques indiquent que le réchauffement de la planète se poursuivra en grande partie en raison des niveaux élevés de gaz à effet de serre. Des températures proches du record sont donc prévues au cours des cinq prochaines années.

L’élément d’incertitude, en plus du volcanisme, tient à la variabilité naturelle, principalement les oscillations du Pacifique et de l’Atlantique. La prévision du Met Office est cohérente avec le changement de tendance détecté dans le Pacifique par Gerald Meehl, climatologue du National Center for Atmospheric Research (NCAR). Sur la période 2013-2022, Gerald Meehl table sur un réchauffement moyen de +0,22°C par décennie, ce qui rejoindrait à peu près la prévision centrale du Met Office (+1,25°C).

 

 

 

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3 réponses »

  1. Si je comprends bien, ces prévisions confirment que l’objectif de rester sous les 1.5°C par rapport à l’ère préindustrielle est d’ores et déjà hors d’atteinte puisque nous tangenterons ce seuil dès la prochaine décennie. En même temps, les concentrations en GES donnant une réponse à 1.5°C sont déjà franchies depuis belle lurette, donc rien d’étonnant. Quant au challenge des 2°C, le Met Office confirme qu’il n’est pas au terme de ce siècle mais bien plutôt à l’horizon 2050-2060, non ? Sans changement de trajectoire des émissions, j’ai le sentiment qu’on observe une relation dépassement de seuil -> réponse climatique de l’ordre de 4 décennies (410 ppm CO2éq mesuré en 1988 pour 1.5°C vers 2030, 510 ppm CO2éq en 2023 en extrapolant les donnés pour 2°C vers 2060). Depuis 1979, la pente que suit la concentration de CO2éq est très linéaire (légère accélération depuis 2015) et la réponse climatique à +40 ans pourrait l’être également. Si la cassure de pente de la concentration en CO2éq se confirme dans les prochaines années pourrait-on constater une réponse dépassement de seuil -> réponse climatique raccourcie ?

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    • Le Met Office annonce un réchauffement plus rapide que d’autres avec son modèle Hadgem. Pour les 2°C, ça se produirait plutôt avant 2050 avec le scénario rcp 4.5.
      Pour les prochaines années, il me semble que le Met Office voit quand même un peu trop chaud, je ne fais que rapporter ses prévisions.
      Par contre pour 2018, la projection me semble assez cohérente par rapport à l’évolution récente, 2018 étant légèrement en dessous de 2015. Ce qui serait quand même bien chaud avec ce que l’on a vu dans le Pacifique ces derniers mois.

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      • J’ai dans mes souvenirs des pondérations des effets El Niño/La Niña à +/- [0.15 – 0.25]°C, ce qui signifie une projection 2018 « corrigée » d’un faible La Niña à +1.15°C (je sais c’est un peu impie comme approche mais ça permet de garder des ordres de grandeur en tête) donc dans la droite ligne des projections des dernières années en effet.
        En tout cas merci de nous rapporter ces infos de sources primaires, c’est toujours beaucoup plus intéressant que de s’informer auprès de sources secondaires.

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