Anomalies par rapport à 1951-1980. Source : NASA GISS.
Toujours sous l’influence de La Niña, le mois de février 2018 a été le sixième plus chaud depuis le début des relevés de la NASA en 1880.
Avec +0,78°C au-dessus de la moyenne 1951-1980, l’anomalie relevée en février 2018 est identique à celle du mois de janvier. On est très loin du record de février 2016 (+1,34°C), la plus grosse anomalie jamais relevée par la NASA, tous mois confondus. Entre 2016 et 2018, la baisse est donc importante, même si l’on a vu des chutes comparables lors des transitions El Niño – La Niña majeures.

On peut voir ci-dessus les anomalies en février depuis 1880 avec données mensuelles et lissage sur 10 ans :

2018 derrière le trio 2015-2016-2017
Pour l’année en cours (janvier-février), 2018 est à +0.78°C. C’est le plus haut niveau relevé avec des conditions aussi froides dans le Pacifique. Logiquement, le trio record 2015-2016-2017 est devant (pour ces années, on prend ici en compte la période janvier-décembre). Le niveau actuel est conforme à ce qui avait été prévu par le Met Office fin 2017.
Les conditions La Niña pèsent actuellement sur la moyenne mondiale, tirant les températures de l’air vers le bas. Au niveau de l’Equateur, les températures de surface de la mer sont inférieures à la moyenne dans l’océan Pacifique central et oriental. Une transition de La Niña à ENSO-neutre est probable (~ 55% de chance) entre mars et mai, avec des conditions neutres susceptibles de continuer dans la deuxième moitié de l’année, d’après le dernier bulletin de la NOAA.

Les anomalies régionales
Le mois de février a été froid en Europe occidentale et au Japon. Une vaste zone allant du Canada au centre nord des États-Unis a connu des anomalies négatives de 4 à 6°C par rapport à 1951-1980. La région arctique était de son côté 8 à 12°C plus chaude que la normale.

La NASA indique que de « telles poussées d’air froid de l’Arctique aux latitudes moyennes, accompagnées de mouvements d’air chaud des latitudes moyennes vers l’Arctique, ont toujours eu lieu en raison de la variabilité naturelle des régimes atmosphériques des vents. »
Cependant, ajoute la NASA, « il existe des preuves (Cohen et al., 2018) que la fréquence des vagues d’air froid hivernal en provenance de l’Arctique a augmenté suite au réchauffement de la planète. Le réchauffement moyen est plus important dans l’Arctique qu’aux basses latitudes, en partie parce que le réchauffement de la planète réduit la superficie de glace de mer arctique, ce qui amplifie le réchauffement polaire. Le réchauffement polaire plus important réduit le gradient de température entre les basses et hautes latitudes qui entraîne le courant-jet situé dans la haute troposphère. Un courant-jet plus faible a tendance à onduler, ce qui augmente l’occurrence des incursions d’air froid venu de l’Arctique« . Judah Cohen et Jennifer Francis viennent en effet de publier une étude sur le sujet dans Nature Communications.
La situation est différente en Antarctique, précise la NASA. « La surface de l’océan Austral se réchauffe plus lentement que le reste de la planète, en partie à cause des effets de refroidissement et de rafraîchissement causés par la fonte des plates-formes glaciaires antarctiques (Hansen et al., 2016). Cet effet de refroidissement à la surface de l’océan Austral concurrence régionalement le réchauffement lié à l’augmentation des gaz à effet de serre. Il y a une grande variabilité d’une année à l’autre. Le fort El Nino 2016-2017 a causé une diminution de la glace de mer dans l’océan Austral au cours des deux dernières années. Cependant, si la fonte des plateformes de glace et de la calotte de l’Antarctique continue d’augmenter, le réchauffement de l’océan Austral continuera à être beaucoup moins important que le réchauffement sur le reste de la planète« .
+1,05°C au-dessus de la période préindustrielle
Les chiffres publiés par la NASA sont relatifs à la période 1951-1980 mais on peut aussi calculer les anomalies par rapport aux données les plus lointaines, à savoir la période 1880-1899, que l’on peut considérer comme représentative de l’ère préindustrielle, où au moins comme une période où les émissions de gaz à effet de serre anthropiques n’avaient pas encore profondément modifié le climat. Cela permet de comparer la situation actuelle aux objectifs que sont fixés les Etats pour contenir le réchauffement climatique en-dessous du niveau considéré comme dangereux. Par rapport à la période 1880-1899, l’anomalie a été de 1,05°C en février 2018. Lors de la COP21 de Paris, un accord a été obtenu pour contenir le réchauffement sous les 2°C, voire 1,5°C si possible. Ce dernier niveau avait été dépassé en février 2016 avec +1,6°C.





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