Les bilans de température globale 2018 sont contrariés par le shutdown (fermeture des administrations américaines liée à un désaccord sur le budget). Ce blocage empêche pour le moment la NOAA, la NASA et même le Met Office (qui utilise certaines données de la NOAA) d’effectuer une analyse des changements climatiques pour l’année 2018 dans son ensemble.
Les données de Berkeley Earth sont en revanche disponibles, c’est pourquoi je les publie ici en lieu et place de celles de la NASA habituellement rapportées. Berkeley Earth est l’une des principales agences qui publie des données terre+océans, avec la NASA, la NOAA, le Met Office et la JMA.

La paralysie du gouvernement des Etats-Unis a affecté plusieurs flux de données d’entrée utilisés par Berkeley Earth dans son analyse. Cependant, comme Berkeley Earth utilise souvent des données identiques ou similaires provenant de plusieurs sources, l’équipe a finalement conclu qu’elle avait obtenu suffisamment de données pour compléter son analyse des températures de décembre 2018. Berkeley a pu utiliser les données de température de surface de la mer du Met Office (HadSST).
Le TOP 10 des années les plus chaudes
Pour Berkeley Earth, l’année 2018 termine à la 4è place avec une anomalie de +0,77°C au-dessus de la période 1951-1980. Les données de certaines réanalyses (ECMWF, NCEP-NCAR) placent également 2018 au 4e rang. Même chose pour la JMA qui a dévoilé des données préliminaires. Les satellites (UAH, RSS) placent en revanche 2018 au 6e rang, probablement en raison de leur plus grande sensibilité aux oscillations du Pacifique.
2016 reste l’année la plus chaude de la période des observations historiques depuis 1850. D’après les scientifiques de Berkeley Earth, la légère baisse en 2018 reflète la variabilité naturelle à court terme, mais la tendance générale reste cohérente avec une tendance à long terme au réchauffement de la planète. Le début de l’année 2018 a été marqué par des conditions La Niña .

Bien que 2018 ne se classe que quatrième au classement général, les années 2015 à 2018 constituent une période chaude « significative » bien au-dessus de toutes les années précédentes depuis 1850. Pour les membres de Berkeley, cela reflète la tendance à long terme au réchauffement climatique. Bien que 2018 soit légèrement plus froide que les années précédentes, sa température reste cohérente avec la tendance au réchauffement à long terme.
En 2018, 85% de la surface de la Terre était nettement plus chaude que la température moyenne de 1951 à 1980, 13% avait une température similaire et seulement 2,4% était significativement plus froide.
Berkeley estime en outre que 4,3% de la surface de la Terre a établi un nouveau record local pour la moyenne annuelle la plus chaude, notamment en Europe et au Moyen-Orient.
L’année 2018 est la 4e plus chaude depuis 1850 à la surface des terres, la 5e plus chaude à la surface des océans.
On peut voir ci-dessous la tendance sur des échelles de temps significatives, 90, 60 et 30 ans, qui permettent de constater une accélération du réchauffement climatique dans un contexte d’élévation de la concentration de CO2.
| 90 dernières années (1928-2018) | +0,10°C/décennie |
| 60 dernières années (1958-2018) | +0,15°C/décennie |
| 30 dernières années (1988-2018) | +0,20°C/décennie |

Top 10 des mois de décembre les plus chauds
Berkeley Earth a pu publier les données du mois de décembre alors que la NASA, la NOAA et le Met Office sont affectés par le shutdown. L’anomalie en décembre 2018 est de +0,87°C, au 4e rang depuis 1850.

Perspectives pour 2019
Sur la base de la variabilité historique et des conditions actuelles, Berkeley Earth a dévoilé une estimation pour la température moyenne en 2019, qui s’annonce plus chaude que 2018, mais probablement pas plus chaude que l’année record 2016. A l’heure actuelle, il semble qu’il y ait environ 50% de chances que 2019 devienne la 2e année la plus chaude depuis 1850, d’après les scientifiques de Berkeley.

Cette prévision est légèrement inférieure aux prévisions comparables publiées par le Met Office et Gavin Schmidt, de la NASA. Ces dernières ont été faites plus tôt, avant la fin décembre, et prévoyaient davantage de réchauffement lié à El Niño. Mais celui-ci tarde à se faire sentir et s’annonce plus faible que prévu.

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