Climat

Risques pour l’infrastructure

Une revue publiée dans PLOS One cumpulse les risques du climat pour les infrastructures. Selon l’étude, les dommages annuels moyens s’élèvent actuellement à environ 700 milliards de dollars par an. Ce chiffre devrait être multiplié par plusieurs au cours du 21e siècle en raison du changement climatique et aussi de l’expansion des actifs d’infrastructure. 

Le climat aura notamment des conséquences sur le transport routier et ferroviaire : les hautes températures amènent des distorsions des rails, des changements importants de températures provoquent le dégel du permafrost et des déformations du terrain. Les précipitations intenses causent des inondations, des glissements de terrain, des perturbations de l’équipement électronique, des mouvements des rails, et des dépôts sur les voies. Les vents forts déracinent les arbres et transportent d’autres objets, par exemple des tôles ondulées, qui interrompent les lignes électriques et endommagent les rails.

Les grandes tempêtes peuvent avoir des impacts à l’échelle du réseau, provoquer la défaillance de plusieurs éléments de l’infrastructure et parfois des effets en cascade. Par exemple, des graves inondations en Europe centrale en juin 2013 ont mis hors d’usage pour quatre mois un pont ferroviaire majeur en Allemagne, fermé le passage du Brenner en Autriche pendant plus d’une  semaine (AEE, 2014) et causé d’importants dégâts aux ouvrages de terrassement et aux voies ferrées dans toute la région.

Les risques pour le réseau britannique ont été particulièrement étudiés. Une étude anglaise établit que l’affouillement (l’érosion localisée), provoque en général des petits dégâts mais des inondations extrêmes pourraient provoquer des perturbations beaucoup plus importantes. La majorité des aléas empêche moins de 10’000 trajets/personnes. Par contre, les événements extrêmes en perturberaient plus de 100 000 (lien).

Des études réalisées avec la Banque Mondiale en Tanzanie, au Vietnam et en Argentine, ont montré que l’atteinte à un nœud de transport critique provoquait des perturbations coûteuses de tout le réseau. 

Une petite interruption du réseau routier pourrait aussi provoquer un dysfonctionnement à grande échelle du système entier. La solution est d’éviter les noeuds critiques et de prévoir une redondance du réseau (lien) .

Les bâtiments publics, tels que les hôpitaux et les écoles sont aussi exposés. Evidemment, il faut protéger particulièrement les hôpitaux qui doivent fonctionner en tout temps, alors que les écoles peuvent fermer quelques jours. Les incendies de forêt sont le plus grand risque (Adelaine et al). Une étude sur la région de Los Angeles montre que plusieurs établissements médicaux y sont exposés, et l’un d’entre eux est menacé par la montée du niveau de la mer. Au Népal, ces infrastructures sont menacées aux glissements de terrain.

Les transports fluviaux sont sensibles aux changements du niveau d’eau. Une étude de 2011 estime qu’en cas de sécheresses fréquentes, les transports fluviaux sont perturbés. Leur capacité pourrait être diminuée 5,4% selon les modèles du GIEC, et les transports seraient alors redirigés vers la route et le rail (Jonkeren et al). Cependant, les entreprises pourraient vite changer de voie de transport pour éviter de mécontenter les clients (MacKenzie et al). Il faut noter qu’en 2022, les transports sur la Loire, le Rhin, le Rio de la Plata, le Yangtsé et le Mississippi, les plus grands fleuves du monde, ont été interrompus par manque d’eau. Les cyclones et les inondations fluviales apportent aussi des risques de perturbations.

La montée du niveau de la mer, les marées et les vagues toucheront quasiment tous les ports maritimes de la Planète dans les prochaines décennies, et cela même si le niveau de la mer monte d’un mètre. Des événements catastrophiques plus rares pourraient perturber plusieurs ports dans une région. 

Au niveau des aéroports, le climat cause déjà des retards au décollage. Les jours de canicule augmentent, diminuant les performances des avions et nécessitant aussi une réduction de poids de l’avion (Coffel et Horton). Cela se traduit par un allongement de la distance de décollage. Un airbus A320 devrait par exemple être allégé de 38 passagers pour s’envoler sur une piste courte par mauvais temps. Plus grave, la plupart de ces infrastructures se situent en bord de mer et subissent déjà des graves inondations. Ceux de la région de New York ont été endommagés par l’ouragan Sandy en 2012, et de nombreux aéroports américains sont menacés par la montée du niveau de la mer (Griggs), alors que dans les îles tropicales ils sont exposés aux ouragans.

Une autre étude rapporte que 1238 installations se trouvent près du niveau de la mer. Les risques existent en Europe et en Amérique du Nord, mais sont les plus élevés en Asie de l’Est et du Sud-Est.  10 – et 20% d’itinéraires actuels pourraient être perturbés en 2100. Les événements extrêmes causent parfois la fermeture des aéroports ce qui peut coûter jusqu’à un million de dollars à l’heure (de Vivo et al). Cette revue ne mentionne pas l’augmentation des turbulences qui se produit aussi récemment.

Les télécommunications pourraient aussi être interrompues par les catastrophes climatiques, et les pannes de courant  électrique pourraient mener à des perturbations généralisées.

Les auteurs considèrent qu’une analyse quantifiée des risques climatiques est essentielle, pour identifier les risques climatiques, développer des stratégies de résilience et prioriser les investissements d’adaptation. Personnellement, je pense que les chiffres corrects n’existent pas, notamment parce que les pluies intenses sont plus extrêmes que prévu par le dernier rapport du GIEC. En conséquence, les catastrophes climatiques dépassent considérablement les prévisions, et causent des dégâts quatre à cinq fois plus importants, selon une récente étude européenne (lien).

2 réponses »

  1. Francetvinfo.fr rapporte que des mesures satellites montrent que de nombreuses mégapoles chinoises s’enfoncent dangereusement dans le sol. À l’échelle nationale, ce sont 270 millions de citadins, soit un tiers de la population urbaine chinoise, qui se retrouvent exposés à des risques de fragilisation des fondations des bâtiments, des infrastructures routières ou des canalisations. Pour les villes côtières, le dérèglement climatique augmente le danger. Ces mégapoles sont aussi confrontées aux risques d’inondation, liés à la montée des eaux qu’entraîne la modification du climat. En Chine, d’ici un siècle, un quart des villes côtières auront une altitude inférieure au niveau de la mer.
    https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/le-billet-vert/chine-de-pekin-a-tianjin-des-megapoles-s-enfoncent-dangereusement-sous-le-poids-des-immeubles_6472916.html

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