Malgré des températures relativement froides dans la région arctique, l’étendue de la glace de mer en septembre 2013 se classe au 6è rang des plus faibles depuis 1979, date du début des relevés. Selon le rapport de la NOAA, l’agence américaine responsable de l’étude de l’océan et de l’atmosphère, la glace la plus épaisse, celle dont le rôle est déterminant pour l’avenir de l’Arctique, poursuit son déclin.
Des températures plutôt froides ont prévalu en été 2013 dans le centre de l’Océan Arctique, au Groenland et dans le nord du Canada. Malgré ce constat, la NOAA note que la tendance de fond qui a marqué ces 30 dernières années est loin de s’inverser. L’année 2012 avait été marquée par une perte record de glace de mer et une fonte exceptionnelle de la calotte du Groenland. Il n’est pas surprenant que l’année 2013 ne batte pas ce record compte tenu du froid qui a régné sur la région. Et il faut ajouter que les 7 plus faibles extensions de la glace de mer ont toutes été enregistrées ces 7 dernières années.
La technique la plus communément utilisée pour évaluer les changements en Arctique est celle consistant à relever l’extension de la glace de mer. Ainsi, on a pu mesurer que la surface occupée par la glace de mer avait diminué à un taux de 14% par décennie depuis le début des relevés satellites en 1979.
Mais l’extension de la glace de mer n’est pas la seule donnée intéressante pour évaluer l’état de l’Arctique. L’épaisseur compte tout autant et c’est en la surveillant que l’on peut prédire les évolutions les plus spectaculaires.
L’épaisseur de la glace est liée à son âge. Les scientifiques estiment l’âge de la glace de mer via des satellites et des bouées. Quand la glace survit plusieurs saisons, elle s’épaissit, ce qui la rend plus résistante à la fonte pendant les étés chauds. Des satellites comme celui de l’Agence Spatiale Européenne, CryoSat-2, permettent de mesurer cette épaisseur. De telles mesures ont montré que la glace la plus ancienne, celle qui résiste le mieux à la fonte, avait rapidement décliné dans l’Arctique. Les mesures de hauteur de la glace de mer ont montré qu’elle était passée de 2,26 mètres à 1,94 m entre 2011 et 2013.
Sur la carte ci-dessus, publiée par la NOAA, le blanc correspond à la glace la plus ancienne. Le bleu foncé représente la glace d’un an d’âge ; la glace qui a survécu à un été de fonte. En mars 1988, la glace de plus de 4 ans constituait 26 pourcent de glace arctique. En 2005, ce chiffre avait chuté à 19%. En 2013, il n’était plus que de 7%.
La perte de glace vieille et épaisse amplifie l’impact du réchauffement de l’Arctique. Aujourd’hui, une couverture de glace se forme sur l’Arctique en hiver, mais c’est une couche fine, dominée par de la glace encore jeune, qui a tôt fait de fondre quand l’été arrive.