Climat

Le changement du climat perturbe le cycle du CO2 dans les forêts tropicales

Une étude publiée dans la revue Nature montre que le cycle tropical du carbone est deux fois plus sensible aux variations de températures qu’il y a 50 ans. Le réchauffement climatique global pourrait avoir atteint un seuil perturbant cet écosystème.

L’un des enjeux de la recherche climatique est de déterminer comment réagiront les écosystèmes à l’élévation du taux de CO2 et à celle des températures. Ce que l’on savait déjà, c’est que la capacité de la planète à stocker du carbone déclinerait au cours du 21è siècle. Autrement dit, les océans et les forêts joueront moins leur rôle de puits pour le carbone. Le GIEC parle d’une évolution « très vraisemblable ».

Les modèles ne permettaient cependant pas de prévoir la sensibilité du cycle du carbone à l’élévation des températures tropicales. L’étude qui vient d’être publiée montre qu’une une hausse des températures d’un degré entraîne le largage de deux milliards de tonnes de carbone supplémentaires dans les écosystèmes tropicaux par rapport aux années 60.

Les professeurs Pierre Friedlingstein et Peter Cox, de l’Université d’Exeter, ont collaboré avec  une équipe internationale de chercheurs venus de Chine, d’Allemagne, de France (Philippe Ciais) et des Etats-Unis pour publier cette étude.

Les variations des taux de CO2 dans l’atmosphère sont notamment le résultat des flux de carbone dans les Tropiques. Ce  phénomène s’est renforcé ces 50 dernières années, selon l’étude. Le taux de CO2 est davantage affecté par les températures tropicales qu’il ne l’était auparavant, d’un facteur 0,3 à 1,9, notamment lorsque les Tropiques connaissent des conditions plus sèches. Une moindre humidité tropicale aurait donc une rétroaction sur le climat.

Le puits océanique représente la moitié du carbone absorbé par la nature mais son comportement est stable sur le long-terme. En revanche, les puits terrestres sont plus imprévisibles et fortement dépendants de la chaleur et de l’humidité. On avait notamment pu voir qu’avec la canicule de 2003 en Europe, le cycle du carbone avait été fortement perturbé.

Dans le cadre du projet CarboEurope, une équipe de chercheurs avait en effet relevé en Europe 30% de réduction de la photosynthèse lors de l’été 2003. Le résultat avait été une important largage de CO2 vers l’atmosphère, de l’ordre de 0,5 milliard de tonnes.

La perturbation du cycle tropical du carbone n’a pas été prise en compte dans les modèles climatiques actuels. Les auteurs de l’étude publiée dans Nature estiment donc qu’une meilleure compréhension de la réponse des écosytèmes tropicaux à leur assèchement est nécessaire pour mieux appréhender l’évolution du climat au 21è siècle.

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