Le réchauffement climatique affecte la couverture et l’épaisseur de glace des lacs d’Alaska. Une étude canadienne basée sur des données satellites de l’Agence Spatiale Européenne documente avec précision l’ampleur du phénomène.
Les chercheurs de l’université de Waterloo, au Canada, ont voulu déterminer quels étaient les changements survenus depuis 1950 dans les lacs du nord de l’Alaska. Cette région, où la température moyenne annuelle est de -12°C, comporte de nombreux lacs dont la plupart n’atteint pas une profondeur de 3 mètres.
Les satellites ERS-1 et -2 de l’Agence Spatiale Européenne ont permis d’étudier 400 lacs du versant nord de l’Alaska. L’étude publiée dans la revue The Cryosphere a révélé une diminution de 22% de la glace de fond, celle qui gèle jusqu’au lit du lac, entre 1991 et 2011. Cela représente une réduction de 21 à 38 centimètres.
Les données recueillies depuis l’espace indiquent que 62% des lacs de la région ont totalement gelé en 1992 contre seulement 26% en 2011.
Les radars ERS peuvent voir à travers le noir et les nuages, permettant une observation en continu de la Terre. Les radars envoient des signaux vers la surface. La manière dont le signal radar rebondit peut ainsi permettre de déterminer s’il s’agit de glace de fond ou de glace flottante.
Compte-tenu de l’évolution des températures et des précipitations en Alaska, les chercheurs canadiens emmenés par Cristina Surdu s’attendaient à trouver une diminution de l’épaisseur de glace. La température dans la région de Barrow a en effet augmenté de 1,7°C durant la première décennie du 21è siècle et on pouvait s’attendre à ce que cela ait d’importantes répercussions.
Pour évaluer l’ampleur du phénomène, les chercheurs ont voulu mesurer avec plus de précision la tendance dans ces lacs du nord du continent américain. Comme les premières images satellites remontent à 1991, les climatologues canadiens ont élaboré un modèle numérique.
Le modèle CLIMo a permis d’établir que les lacs du versant nord de l’Alaska gelaient six jours plus tard et dégelaient 18 jours plus tôt lors de l’hiver 2011 par rapport à l’hiver 1950. La saison hivernale de glace s’est ainsi réduite ainsi 24 jours en 60 ans dans cette partie du globe.
Une moindre couverture de glace pourrait avoir des effets sur le dégel du permafrost situé sous le lit des lacs. Cette évolution pourrait aussi contribuer à renforcer le réchauffement climatique : des lacs sans glace sont davantage exposés aux rayons du soleil et contribuent davantage à la diffusion de la chaleur vers l’atmosphère via l’évaporation.
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