Le réchauffement climatique fragilise le permafrost des régions arctiques et cet amincissement des sols gelés devrait accélérer les émissions de carbone et de méthane, selon une récente étude. La stimulation de la croissance des plantes ne permettrait en effet pas de contrecarrer le phénomène.
Une importante quantité de carbone s’est accumulée dans les sols de l’Arctique pendant des milliers d’années. Le froid gelant ces sols en permanence a évité jusqu’à aujourd’hui le largage de ce carbone dans l’atmosphère mais la hausse des températures risque de bouleverser la physionomie des régions arctiques.
Le permafrost, ou pergélisol, contient de trois à sept fois la quantité de carbone séquestrée dans les forêts tropicales. Il occupe une partie importante du Groenland, de l’Alaska, du Canada et de la Russie. Au total, il représente un cinquième des terres émergées de la planète. Avec un climat plus chaud, le dégel du permafrost entraînerait un largage de dioxyde de carbone et de méthane dans l’atmosphère, ce qui pourrait favoriser l’élévation des températures. A son tour, un climat plus chaud augmenterait encore le stress sur le perfmafrost dans une boucle de rétroactions alimentant le réchauffement climatique.
D’ici la fin du 21è siècle, l’augmentation des températures de l’Arctique devrait provoquer un déclin de 30 à 70% de la surface occupée par le permafrost. La question est de savoir si la pousse de la végétation sera favorisée par le dégel du permafrost au point de contrer les effets réchauffants dus au largage du CO2.
Sue Natali et ses collègues du Woods Hole Research Center (WHRC) ont mené des expériences sur le terrain pour déterminer dans quel sens penchait la balance. Les analyses effectuées en Alaska ont permis de déterminer pour la première fois quelles étaient les pertes de carbone liées à la fonte par rapport l’assimilation due à la croissance de la végétation.
Avant cette étude, la connaissance des rétroactions du permafrost dans le cadre du changement climatique était limitée par un manque de données portant à la fois sur la végétation et les émissions de carbone, a précisé Sue Natali.
Résultat de l’étude : alors que l’assimilation du carbone a augmenté pendant la phase de croissance de la végétation, le largage hivernal de carbone a plus que compensé cette hausse. L’Arctique avait pourtant été un puits de carbone pendant l’Holocène, la période qui couvre les 10 000 dernières années. Les auteurs de l’étude estiment que les émissions de carbone dues à l’amincissement du permafrost vont se renforcer dans les années à venir et que le changement climatique est susceptible de doubler les niveaux actuels.
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