Climat

Les glaciers de l’Antarctique de l’ouest accélèrent leur mouvement vers la mer

La quantité de glace drainée par six des plus grands glaciers  de l’Antarctique de l’ouest a progressé de 77% entre 1973 et 2013. Ce surplus contribue à l’élévation du niveau de la mer : 10% de  l’augmentation annuelle est imputable à ces six glaciers.

Le Pine Island Glacier, le plus actif des glaciers étudiés, s’enfonce de plus en plus vite dans l’océan : son rythme d’écoulement s’est accéléré de 75% en 40 ans. Le glacier Thwaites, le plus large, a quand à lui commencé à sérieusement accélérer en 2006 après une décennie relativement stable. La péninsule antarctique a vu sa température moyenne augmenter de 2,5 °C au cours de ces cinquante dernières années.

Les recherches dirigées par Jeremie Mouginot, glaciologue à l’université Irvine de Californie, sont les premières à analyser l’écoulement des glaciers les plus actifs de l’Antarctique de l’ouest sur une période de 40 ans. Les glaciers de Pine Island, Thwaites, Haynes, Smith, Pope et Kohler sur lesquels porte l’étude s’écoulent dans la mer d’Amundsen. La quantité de glace largée par ces six glaciers est aussi importante que celle relâchée par l’ensemble du Groenland annuellement. Si ces glaciers fondaient complètement, le niveau de la mer s’élèverait de 1,2 mètres, précise Eric Rignot, coauteur de l’étude.

La région étudiée est particulièrement importante en raison du bas niveau du socle rocheux. Les glaciers sont retenus par les plateformes de glace qui les empêchent de se désintégrer en plongeant plus rapidement dans l’océan. Ces plateformes de glace se forment en effet au point de rencontre entre les glaciers et la mer.

L’étude a a pu être réalisée grâce aux données satellites recueillies par la NASA entre 1973 et 2013. Les chercheurs ont calculé la vitesse du mouvement des glaciers grâce à des points de repère montrant mois après mois la distance parcourue par la glace.

La glacier Thwaites le plus massif des six étudiés, avec une largeur de 120 kilomètres, a connu une période de quasi-stabilité jusqu’en 2006 avant de se mouvoir à une vitesse de 0,8 kilomètres par an, soit une vitesse 33% plus importante que précédemment. Jeremie Mouginot précise que c’est la première fois que ce glacier connaît un changement aussi important depuis que les observations ont débuté. Si ce mouvement se poursuivait dans les prochaines années, le  Thwaites pourraient devenir l’un des plus important contributeurs à la hausse du niveau de la mer.

Mais de tous les glaciers étudiés, c’est celui de Pine Island qui retient le plus l’attention, passant de 2,5 kilomètres par an en 1973 à 4 kilomètres par an en 2013. Le Pine Island Glacier est fragile : il fond par le dessous et la part de la glace flottant sur l’océan s’accroit au détriment de celle qui repose sur le sol rocheux. Il représente à lui seul 25% de la hausse du niveau de la mer imputable à l’Antarctique occidental. glaciers Smith et Pope, plus petits, ont triplé la quantité de glace drainée dans l’océan en 40 ans.

L’étude a également pu déterminer que le Pine Island accélérait sur toute sa longueur : de 230 kilomètres à l’intérieur des terres jusqu’à l’océan. Selon les chercheurs, cela démontre que si le glacier est perturbé au point de rencontre avec l’océan, il réagira jusqu’à plusieurs centaines de kilomètres à l’intérieur des terres en accélérant son mouvement. Ce résultat impliquerait la nécessité de réévaluer les modèles d’accélération des glaciers en prenant davantage en compte le glacier dans son ensemble plutôt qu’une évolution locale du rythme d’écoulement.

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