Une nouvelle étude vient confirmer la vulnérabilité de l’Antarctique de l’ouest. Des chercheurs de l’université Irvine de Californie et de la NASA avaient déjà alerté en mars sur la vitesse d’écoulement des glaciers Thwaites et Pine Island dans la mer d’Amundsen. Ils publient cette fois une étude montrant que la désintégration de ces glaciers est irréversible, rien ne pouvant plus les empêcher de fondre dans la mer.
L’Antarctique de l’ouest est particulièrement sensible au réchauffement climatique en raison du bas niveau de son socle rocheux, situé sous le niveau de la mer. La quantité de glace drainée par six des plus grands glaciers de l’Antarctique de l’ouest, notamment le Thwaites et le Pine Island, a progressé de 77% entre 1973 et 2013. Au total, cela représente une quantité équivalente à celle relâchée par l’ensemble du Groenland annuellement. Si ces glaciers fondaient complètement, le niveau de la mer s’élèverait de 1,2 mètres, selon Eric Rignot, coauteur de l’étude publiée dans Geophysical Research Letters.
La fragilité de l’Antarctique de l’ouest était déjà connue. Dès 1968, John Mercer, glaciologue à l’université d’Ohio State, avait noté que cette région était sensible au réchauffement de l’océan en raison de sa topographie.
L’instabilité des glaciers est due au fait que les plateformes de glace sont attachées à un socle rocheux situé sous le niveau de la mer. Dans un contexte de réchauffement de l’océan, l’eau chaude située sous les plateformes fait reculer cette zone d’attache en la faisant fondre progressivement. Quand les plateformes perdent de la masse, elle ne permettent plus de contenir l’avancée des glaciers vers la mer. D’où une accélération de leur écoulement et un amincissement.
Les chercheurs ont découvert en outre qu’en devenant plus légers, les glaciers reposaient moins solidement sur le socle rocheux et permettaient à la glace de s’inflitrer par le dessous. Les glaciers se soulèvent et flottent alors au lieu de reposer sur la roche.
Le socle rocheux situé sous le niveau de la mer n’est pas le seul facteur expliquant la fragilité de l’Antarctique de l’ouest. Trois autres raisons sont aussi avancées par les auteurs de l’étude. Premièrement, il y a la taille des plateformes de glace, trop modeste pour contenir l’écoulement des glaciers. Deuxièmement, il n’y a pas d’îles qui permettent aux plateformes de s’amarrer. Et enfin troisièmement, la mer d’Amundsen est exposée à un courant océanique plus chaud que d’autres régions de l’Antarctique.
Toutes ces raisons font des glaciers de l’Antarctique de l’ouest des zones particulièrement vulnérables. Entre 1992 et 2011, la ligne où le Pine Island est reliée au socle rocheux a reculé de 31 kilomètres. Dans le même temps, celle du Thwaites a reculé de 14 kilomètres. Il reste qu’il est difficile pour les auteurs de l’étude de prédire la rapidité de la fonte des glaciers, même si elle est inéluctable.