Une étude publiée dans Nature Climate Change remet en cause la théorie selon laquelle l’Europe et l’Amérique du Nord pourraient connaître davantage de vagues de froid extrême avec le changement climatique. Le réchauffement de l’Arctique serait tel que les vents soufflant du nord, de moins en moins froids, atténueraient des phénomènes comme le vortex polaire qui a touché l’est des Etats-Unis cet hiver.
L’hypothèse d’un jet stream affaibli a beaucoup retenu l’attention des médias mais pour James Screen, de l’université d’Exeter (Grande-Bretagne), il n’est absolument pas certain que le ralentissement de ces courants de haute altitude augmente le risque de phénomène météo extrême.
Le jet stream polaire est un courant d’air rapide qui se déplace d’ouest en est, séparant la masse d’air froid polaire de la masse d’air tempérée que l’on trouve habituellement en Europe et aux Etats-Unis. Lorsqu’il ondule, il peut entraîner des phénomènes météo comme la vague de froid de cet hiver dans l’est des Etats-Unis et la sécheresse en Californie.
Avec le réchauffement climatique, l’Arctique se réchauffe plus vite que les moyennes latitudes : c’est un phénomène que l’on appelle l’amplification Arctique. Certains spécialistes du climat comme Jennifer Francis, de l’université Rutgers, pensent ainsi que l’amplification arctique est susceptible de modifier le comportement du jet stream.
James Screen estime cependant que les observations et les modèles climatiques n’attestent pas d’une telle tendance. On a déjà pu constater par le passé des épisodes de vortex polaire plus marqués que celui de l’hiver dernier aux Etats-Unis. L’étude britannique met en avant une hypothèse différente, jugée plus simple : les vents habituellement très froids venus du nord, sont de moins en moins froids en raison de l’amplification Arctique, et conduisent ainsi à des épisodes hivernaux moins sévères.
Le chercheur en mathématiques de l’université d’Exeter a analysé les variations de températures journalières et les projections climatiques des modèles. Il a constaté que les périodes de froid extrêmes avaient plutôt tendance à se raréfier, ce qui n’allait pas dans le sens d’un jet stream pourvoyeur de vagues de froid. L’étude publiée dans Nature Climate Change relève que la variabilité des témpératures en automne et en hiver avait significativement diminué sur les moyennes et hautes latitudes de l’hémisphère nord ces dernières décennies.
James Screen estime que sa théorie est plus simple car les changements dans le comportement du jet stream sont difficiles à anticiper alors que les changements de température sont plus prévisibles. En conséquence, il estime que le changement climatique fera à l’avenir qu’il y aura moins de jours de froid intense. Bien entendu, il continuera à y avoir des hivers sévères mais le réchauffement climatique fera que les jours de froids seront moins marqués qu’ils ne l’auraient été avec un climat stable.
Les jours froids tendent à se produire quand le vent souffle depuis le nord, amenant de l’air Arctique sur les moyennes latitudes, en Europe et en Amérique du nord, précise le mathématicien. Parce que l’air Arctique se réchauffe si rapidement, ces jours de froid sont désormais moins froids qu’ils ne l’étaient dans le passé. Cette hypothèse ne contredit pas celle d’un affaiblissement du jet stream mais elle montre que cette évolution ne conduira pas forcément à des phases polaires plus intenses.
James Screen prévoit qu’à l’avenir la variabilité des températures soit de moins en moins marquée, pour toutes les saisons, sauf l’été.