Climat

La « pause » du réchauffement due à un phénomène naturel ponctuel

Le réchauffement climatique est moins rapide depuis 1998 qu’il ne l’a été lors des années précédentes. Cette décélération soulève des questions car les gaz à effet de serre continuent à s’accumuler à un rythme soutenu dans l’atmosphère. Une étude statistique montre que cette relative pause est en fait due à une variabilité naturelle qui n’altère pas la tendance de fond.

Dans une étude publiée dans Geophysical Research Letters, Shaun Lovejoy, de l’université McGill, affirme qu’un refroidissement climatique d’origine naturelle a masqué le réchauffement dû aux activités humaines.

Sans les émissions de gaz à effet de serre, les températures mondiales auraient sans doute baissé dans le cadre d’une variation naturelle. Mais cela n’a pas été le cas. Le rythme de la hausse des températures a juste été ralenti depuis 1998. Malgré cette décélération, 9 des 10 années les plus chaudes depuis 1880 ont été enregistrées au 21è siècle.

Pour les besoins de son étude, Shaun Lovejoy a repris une méthode statistique déjà utilisée dans un précédent article dévoilé en avril dans la revue Climate Dynamics. Cette étude écartait avec une probabilité de 99% la possibilité pour que le réchauffement climatique constaté lors de l’ère industrielle soit juste une fluctuation naturelle du climat de la Terre. Le chercheur de l’université de McGill a bien trouvé dans les archives de températures des preuves de l’existence de fluctuations naturelles mais celles-ci n’ont jamais atteint le niveau du réchauffement anthropique constaté depuis le début du 20è siècle.

Pour parvenir à cette conclusion, Shaun Lovejoy a employé une méthode astucieuse : au lieu de se demander directement si le réchauffement de ces 125 dernières années était dû à l’homme et à ses émissions de gaz à effet de serre, il a décidé de tester l’hypothèse concurrente : que la hausse des températures ne soit qu’une fluctuation naturelle.

Utilisant des reconstructions de températures depuis 1500, Shaun Lovejoy estime que la théorie de la fluctuation naturelle ne tient pas la route pour expliquer le réchauffement constaté depuis plus d’un siècle, tout au plus permet-elle de comprendre de légères variations. L’étude publiée en avril comparait 4 périodes : 1500-1624, 1625-1749, 1750-1874 et 1880-2004. Alors que le réchauffement approche 1 degré depuis le début du 20è siècle, le climat n’a pas varié de plus de 0,5 degrés lors des 3 autres périodes, ou l’homme n’influençait pas encore le climat.

Source : NASA

Source : NASA

 

Le climat est donc bien soumis à des fluctuations naturelles mais celles-ci sont modestes en comparaison avec le réchauffement climatique dû aux activités humaines. La nouvelle étude de Shaun Lovejoy conclut qu’il y a probablement eu un refroidissement naturel de l’ordre de 0,28 à 0,37°C depuis 1998, une variation en ligne avec les cycles de 20 à 50 constatés dans les archives et reconstructions de températures. Ces fluctuations se retrouvent en effet à plusieurs reprises dans le passé.

La différence avec la période actuelle, c’est que la variation naturelle survient au moment où la planète est soumise aux gaz à effet de serre, dont l’effet est opposé. Elle aurait donc ralenti le réchauffement anthropique.

Reste à savoir ce qui pourrait expliquer cette variation naturelle du climat. On savait déjà que les volcans et l’activité solaire pouvaient avoir une influence sur les températures mais il semblait douteux d’attribuer la récente pause à ces causes « naturelles ». Une étude publiée cette semaine dans Nature Climate Change montre que les phénomènes El Nino et La Nina pourraient permettre de comprendre pourquoi les modèles climatiques n’ont pas anticipé la récente pause des températures.

Dans cette étude, James Risbey explique que sur le long terme les effets d’El Nino et La Nina s’annulent mais que ponctuellement ils peuvent expliquer des variations au niveau mondial. Certaines périodes, comme ces dernières années, sont plus marquées par des événements de type La Nina qui tendent à refroidir la surface de l’océan Pacifique.

Les modèles climatiques restent fiables à court terme quand on intègre l’impact d’un phénomène comme le réchauffement ou le refroidissement ponctuel de l’océan Pacifique.

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