La contribution de l’Antarctique à l’élévation du niveau de la mer risque de s’intensifier. Même l’augmentation des chutes de neige n’empêchera pas la fonte des glaciers de se poursuivre, selon une nouvelle étude publiée dans Nature Climate Change.
La péninsule antarctique, située au nord-ouest du continent, est l’une des plus régions les plus sensibles à l’élévation des températures de l’air, comme vient de le confirmer une étude publiée la semaine dernière dans la revue Science. La réponse du continent dans son ensemble au réchauffement climatique global reste incertaine mais il semble de plus en plus évident que la partie ouest est la plus fragile.
Dans une étude publiée le 14 septembre dans Nature Climate Change, une équipe internationale de chercheurs emmenée par Bethan Davies, du Royal Holloway (université de Londres), en apporte une nouvelle preuve, estimant que les petits glaciers de la péninsule antarctique risquent de disparaître d’ici 200 ans.
Ces glaciers sont hautement vulnérables à de petits changements de température, soulignent les chercheurs. Or il s’avère que le réchauffement a été de plus de 2,5°C depuis 50 ans dans la péninsule antarctique. Cette région est celle de l’hémisphère sud qui a été la plus affectée par le changement climatique depuis les années 60.
Comme un air plus chaud contient davantage d’humidité, les chutes de neige ont également augmenté. Des chercheurs avaient précédemment suggéré que des chutes de neige plus importantes étaient susceptibles à l’avenir de contrebalancer la fonte des glaciers. Mais cela ne sera pas le cas, préviennent les auteurs de l’étude.
Les chercheurs ont mené un travail de terrain sur l’île James Ross, dans la région du nord de la péninsule antarctique, pour cartographier et analyser l’évolution d’un glacier de 4 km de long sur les 10 000 dernières années. Ils ont utilisé des modalisations du climat et des glaciers ainsi que des données géologiques et des carottes de glace.
Les données géologiques de précédentes études suggéraient que le glacier avait avancé de 10 km au cours des 5000 dernières années. Il avait été expliqué que cette progression avait eu lieu à la faveur d’une période plus chaude et plus humide, suggérant qu’une augmentation des précipitations à l’avenir était susceptible de limiter la fonte des glaciers. Des simulations utilisant des scénarios du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) allaient dans ce sens.
Cependant, l’étude publiée cette semaine montre que cette croissance du glacier s’est déroulée pendant le petit âge de glace, atteignant sa taille la plus importante il y a juste 300 ans. Le glacier ne s’est donc pas développé au cours d’une période chaude et humide, si l’on en croit les données dévoilées par Bethan Davies et ses collègues.
Le professeur Neil Glasser, coauteur de l’étude, précise que le glacier est resté à peu près stable durant des milliers d’années avant de commencer à croître à nouveau il y a 1500 ans. Cependant, il fond maintenant à un rythme plus rapide que jamais et sur les 200 prochaines années il devrait atteindre sa plus petite taille de ces 10 000 dernières années. Ce recul sans précédent du glacier, en réponse au changement climatique, débouchera sur une élévation du niveau de la mer.
Les petits glaciers situés à l’extrémité de la péninsule antarctique sont susceptibles d’y contribuer massivement parce qu’ils peuvent répondre rapidement à l’élévation des températures.