Climat

L’urbanisation n’amplifie pas la hausse des températures en Europe

Quel est l’impact de l’urbanisation sur les températures en Europe ? Une nouvelle étude montre que ses effets ont été très limités depuis 1990, affectant peu la moyenne des températures relevées sur le continent.

Avec les routes, les immeubles, les diverses infrastructures et les activités humaines propres à la ville, l’urbanisation modifie profondément les caractéristiques des paysages et leur capacité à stocker de la chaleur. Le phénomène est particulièrement remarquable la nuit avec des températures plus élevées en centre-ville que dans les campagnes environnantes. En journée également, l’îlot de chaleur urbain peut élever les températures de 1 à 3°C par rapport à la campagne, où l’on trouve davantage d’arbres et de végétation.

Les lumières utilisées par les hommes montrent la répartition de la population et la forte urbanisation en Europe (Source : Nasa)

Les lumières utilisées par les hommes montrent la répartition de la population et la forte urbanisation en Europe (Source : Nasa)

L’urbanisation tend à favoriser l’îlot de chaleur urbain mais quel est sont impact au niveau global ? Le réchauffement climatique dû aux gaz à effet de serre est-il amplifié et cela biaise-t-il les relevés de températures ? Dans une étude publiée le 6 novembre dans Geophysical Research Letters,  une équipe néerlandaise montre que l’urbanisation en Europe n’a eu qu’un effet négligeable sur la hausse des températures moyennes relevées en journée entre 1990 et 2006. L’urbanisation n’explique ainsi que 0,0026°C de la variation de 0,179°C par décade.

Cette évaluation a pu être obtenue en comparant les relevées des stations météorologiques dans les zones plus ou moins urbanisées. 75% des stations étudiées ont un faible pourcentage (moins de 10%) de zone urbaine dans un rayon de 10 km et 81% des sites n’ont pas vu l’urbanisation progresser de plus de 1% entre 1990 et 2006.

Dans son 4è rapport, publié en 2007, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) avait estimé que l’îlot de chaleur urbain était un phénomène local certes bien réel mais d’impact négligeable au niveau global.

Selon le GIEC, il y a tout de même une distinction à faire entre les régions en fort développement celles qui sont urbanisées depuis longtemps. Les effets de l’îlot de chaleur urbain auraient ainsi fortement augmenté dans des pays en développement rapide comme la Chine alors qu’en Europe les modifications ont été moindres ces dernières années. L’étude néerlandaise qui vient d’être publiée n’est pas la première à relever une faible influence de l’urbanisation sur les températures en Europe. Jones et Lister (2009) et Wilby et al. (2011) ont montré qu’à Londres, une ville qui a toujours été urbanisée, l’îlot de chaleur urbain n’avait pas progressé en magnitude. La tendance à l’élévation des températures est ainsi similaire à Londres et dans les campagnes environnantes. Le même constat a pu être fait pour la ville de Vienne. L’effet îlot de chaleur urbain n’a pas non plus varié dans certaines régions de l’hémisphère sud comme Sydney, Melbourne et Hobart (Australie) selon Trewin (2012).

L’industrialisation rapide de la Chine a cependant suscité beaucoup d’intérêt. Des études ont estimé qu’à Pékin, l’îlot de chaleur urbain était responsable de 40 à 80% de l’élévation des températures. Une compilation des diverses analysées consacrées à ce sujet a permis d’évaluer l’effet d’îlot de chaleur à 20% pour l’est de la Chine et 0,1°C par décade au niveau national sur les 30 dernières années. Inversement, Zhang et al. (2010) n’a pas trouvé de preuve d’une influence urbaine dans le nord-ouest de la Chine malgré une urbanisation rapide.

 

 

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s