La 20è conférence des parties (COP 20) s’est ouverte lundi 1er décembre à Lima, au Pérou. Sous l’égide de l’ONU, 196 délégations venues du monde entier ont deux semaines pour établir un cadre d’entente afin d’amener les pays à un accord global à la prochaine COP qui aura lieu à Paris en décembre 2015. Il s’agira en France de trouver un accord juridiquement contraignant pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et éviter un réchauffement de 2°C, considéré comme un seuil dangereux à ne pas dépasser.
Pour maintenir les chances de contenir la hausse des températures sous les 2°C, le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) juge nécessaire de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 40 à 70% entre 2010 et 2050 et de les amener à zéro à l’horizon 2100. Quoiqu’il arrive, l’augmentation de température vers la fin du XXIe siècle dépassera probablement 1,5 °C pour le scénario de croissance d’émissions de CO2 le plus optimiste, sachant que la température moyenne à la surface du globe a déjà augmenté de 0,8°C. L’objectif de maintenir le réchauffement sous les 2°C s’annonce donc comme un véritable défi qui passera par de drastiques réductions d’émissions de gaz à effet de serre. Si ces efforts ne sont pas entrepris, le GIEC prévient que le réchauffement pourrait aller jusqu’à 5,4°C, selon le scénario le plus pessimiste.

Scénarios du GIEC indiquant que la trajectoire actuelle pourrait mener à une élévation des températures de 5,4°C en 2100
A Lima, les discussions porteront sur le cadre d’un nouvel engagement de réduction des émissions de gaz à effet de serre, conformément à l’engagement pris lors de la COP 17 de Durban. Il s’agit d’un sommet de transition en attendant le véritable accord juridiquement contraignant lors de la COP 21 à Paris en décembre 2015. S’il est ratifié, l’accord ne sera effectif qu’en 2020, au terme du Protocole de Kyoto.
Entré en vigueur en 2005, le Protocole de Kyoto fut le premier accord juridiquement contraignant destiné à limiter les émissions de gaz à effet de serre. 37 pays s’étaient engagés à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de 5% en 2012 par rapport à la période référence de 1990. Les objectifs ont été dépassés avec une baisse moyenne de 16% mais l’accord n’impliquait pas les Etats-Unis et les économies en fort développement que sont la Chine et l’Inde. De plus, l’essentiel des coupures est venu des pays d’Europe de l’est dont les économies se sont effondrées après la chute du mur de Berlin. Autrement dit, ces réductions auraient eu lieu de toute façon.
Faute d’accord impliquant l’ensemble de la communauté internationale, les émissions mondiales ont augmenté de 50% entre 1990 et 2012… Le protocole de Kyoto a été prolongé à 2020 mais les pays concernés, principalement ceux de l’UE, représentent désormais à peine 15% des émissions mondiales. Même si l’engagement est relativement ambitieux (-18% par rapport à 1990), il n’aura pas d’impact significatif au niveau global.
L’engagement des économies en développement comme la Chine et l’Inde est donc devenu une nécessité, si l’on part du principe qu’il faut lutter contre la hausse des émissions mondiales et ralentir le réchauffement climatique. En 2013, les émissions de CO2 ont été principalement dues à la Chine (28%), aux Etats-Unis (14%), à l’UE (10%) et à l’Inde (7%), selon le dernier rapport du Global Carbon Project, un organisme de recherche qui traque le cycle du carbone.

Croissance des émissions de CO2 des 4 principaux contributeurs de la planète (Source : Global Carbon Project)
Bonne nouvelle, en marge du Forum de coopération Asie-Pacifique, à la mi-novembre, les Etats-Unis et la Chine ont enfin convenu de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Washington s’est engagé sur une baisse de 26 à 28% de ses émissions de CO2 d’ici 2025 et Pékin a promis de diminuer les siennes à partir de 2030. Il y a quelques jours, l’Union européenne a aussi pris des engagements : les 28 se sont entendus pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de 40% en 2030 par rapport à 1990.
La communauté internationale semble donc désormais déterminée à agir alors que les émissions de CO2 poursuivent leur progression au rythme de 2% par an et que 2014 promet d’être l’année la plus chaude depuis le début des relevés.
Le GIEC estime que pour limiter la hausse des températures à 2°C, le monde ne devra pas émettre plus de 1 000 gigatonnes de CO2 à compter de 2014. Si la tendance se poursuit, l’Agence Internationale de l’Energie (AIE) prévoit que ces 1000 gigatonnes seront émises dès 2040. Avec cette évolution, l’augmentation des émissions de dioxyde de carbone mènerait à une hausse de la température moyenne mondiale de 3,6°C d’ici la fin du siècle.
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