Climat

Fonte accélérée en Antarctique à cause du réchauffement de l’océan

Plusieurs études ont pointé récemment la vulnérabilité des glaciers de l’Antarctique de l’Ouest. Un nouvel article publié dans la revue Science apporte une explication à cette fonte accélérée : les eaux peu profondes du plateau continental bordant l’Antarctique se sont nettement réchauffées au cours des 50 dernières années.

L’Antarctique de l’Ouest est particulièrement exposé en raison du bas niveau de son socle rocheux, situé sous le niveau de la mer, et donc exposé directement au réchauffement de l’océan austral. Avec le recul de la ligne d’échouage des glaciers, les plateformes de glace sont de moins en moins capables de contenir l’avancée des glaciers vers la mer. De plus, de l’eau s’infiltre entre les glaciers et le socle rocheux.

Plateforme de glace telle qu'on en trouve en Antarctique de l'Ouest (Source : Kelvinsong)

Plateforme de glace telle qu’on en trouve en Antarctique de l’Ouest (Source : Kelvinsong)

 

Selon une nouvelle étude publiée dans Science, cette eau qui s’infiltre est de plus en plus chaude, ce qui tend à accélérer la fonte et le glissement des glaciers dans la région.

Plateforme de glace exposée au réchauffement de l'océan telle qu'on en trouve en Antarctique de l'Ouest (Source : Kelvinsong)

Plateforme de glace exposée au réchauffement de l’océan telle qu’on en trouve en Antarctique de l’Ouest (Source : Kelvinsong)

Les températures de la mer d’Amundsen mer et de la mer de Bellingshausen ont augmenté depuis les années 60, selon les données océanographiques. Par exemple, les températures des eaux les plus chaudes à proximité du fond de la mer de Bellingshausen se sont réchauffées d’environ 0,8 °C dans les années 1970 à environ 1.2°C dans les années 2010. Cela pourrait ne pas sembler beaucoup, mais l’auteur principal de l’étude, Sunke Schmidtko (du centre GEOMAR en Allemagne) explique que cela représente une quantité de chaleur suffisante pour faire fondre une quantité considérable de glace.

L’article dévoilé par une équipe internationale de chercheurs révèle également que d’autres zones de l’Antarctique, préservées jusqu’à aujourd’hui, pourraient commencer à fondre avec des conséquences sur l’élévation du niveau de la mer. Et la tendance n’est pas prête de s’inverser.

L’étude montre qu’en rognant les plateformes de glace par le dessous, l’eau chaude favorise le glissement des grands glaciers vers la mer. Sans les plateformes, il n’y a plus aucune résistance qui est opposée aux glaciers et ceux-ci peuvent librement s’écouler vers l’océan.

L’Antarctique est une île froide au milieu d’un océan relativement chaud, rappellent les auteurs du papier paru dans Science. Le sud-ouest de mer de Weddell est une zone plus froide où une fusion à grande échelle de la glace ne s’est pas encore produite mais l’eau chaude issue des profondeurs se rapproche des plateformes de glace en atteignant les mers peu profondes autour de l’Antarctique, ce qui est préoccupant en terme d’élévation du niveau des mer.

Antarctique (source : Landsat Image Mosaic of Antarctica team - NASA)

Antarctique (source : Landsat Image Mosaic of Antarctica team – NASA)

L’eau autour de l’Antarctique est également moins salée qu’auparavant, ce qui confirme la fonte des glaces du continent antarctique.

En mai 2014, des chercheurs de la NASA et de l’université d’Irvine (Californie) avaient annoncé la fonte irréversible des glaciers de l’Antarctique de l’ouest.

Les glaciers de la mer d’Amundsen contribuent déjà significativement à l’élévation du niveau de la mer. Le Pine Island Glacier, le plus actif de la région, s’enfonce de plus en plus vite dans l’océan : son rythme d’écoulement s’est accéléré de 75% en 40 ans. Le glacier Thwaites, le plus large, a quand à lui commencé à sérieusement accélérer en 2006 après une décennie relativement stable.

Glaciers de la mer d'Amundsen, région de l'Antarctique de l'Ouest (source : NASA/GSFC/SVS)

Glaciers de la mer d’Amundsen, région de l’Antarctique de l’Ouest (source : NASA/GSFC/SVS)

Une étude publiée en novembre 2014 dans Geophysical Research Letters a permis de faire le point sur la mesure du bilan de masse et l’accélération des glaciers dans la mer d’Amundsen. L’étude conclut que sur la période 1992-2013, la perte annuelle a été de 83 milliards de tonnes (83 Gt/yr) avec une accélération de 6,1 Gt/yr². Sur la période 2003-2009, la perte annuelle a été de 84 Gt avec une accélération de 16,3 Gt/yr²,  soit presque trois fois l’accélération constatée sur la période 1992-2013. Entre 2003 et 2011, la perte de masse a été de 102 Gt/yr avec une accélération de 15,7 Gt/yr². L’accélération est surtout notable à partir de 2006.

 

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