Climat

Une étude confirme l’impact des vents du Pacifique sur le climat mondial

Alors que certains scientifiques pensent que les vents d’est du Pacifique ont freiné le réchauffement climatique depuis 1998, une nouvelle étude montre que la variation de ces alizés a aussi joué un rôle clé dans l’évolution du climat au début du 20è siècle. Comme par le passé, un ralentissement des vents d’est, qui aura lieu tôt ou tard, pourrait favoriser l’élévation des températures.

Malgré l’accumulation des gaz à effet de serre, les températures à la surface de la planète n’ont pas augmenté autant que l’on pouvait s’y attendre depuis 2001. Cette pause dans le réchauffement climatique, qualifiée de « hiatus », fait l’objet de recherches intenses chez les climatologues qui essaient de traquer cette chaleur manquante.

L’une des pistes les plus crédibles est celle de des vents d’est du Pacifique, que l’on appelle les alizés. Leur vigueur depuis une quinzaine d’années aurait joué un rôle de premier plan dans le ralentissement du réchauffement. Mais quand ces vents faibliront à nouveau, le réchauffement pourrait repartir de plus belle.

Source : NASA

Source : NASA

Une étude parue en février 2014 dans Nature Climate Change avait montré que les alizés exceptionnellement forts le long de l’équateur permettaient d’enfouir davantage de chaleur dans l’océan Pacifique tout en faisant remonter de l’eau froide à la surface plus à l’est. Il y a donc moins de chaleur disponible pour élever les températures de l’atmosphère, ce qui permet de compenser temporairement l’accumulation des gaz à effet de serre. Selon Matthew England, directeur de l’étude menée par l’université de New South Wales, les vents auraient eu un effet refroidissant de 0,1 à 0,2°C, un niveau permettant d’atténuer de 50% l’impact des gaz à effet de serre.

Une nouvelle étude parue dans Nature Geoscience montre que ce processus est déjà arrivé, mais dans la direction opposée : des vents plus faibles ont permis d’accélérer le réchauffement au début du 20è siècle. Lorsque les vents ont commencé à se renforcer après 1940, le réchauffement a ensuite ralenti. Des scientifiques du Centre national pour la recherche atmosphérique (NCAR) et de l’Université d’Arizona, emmenés par Diane Thompson, ont utilisé une nouvelle méthode basée sur l’analyse chimique du corail afin de reconstituer la configuration des vents tropicaux du Pacifique entre 1894 et 1982.

Lorsque de fortes rafales de vent viennent de l’ouest, les coraux absorbent davantage de manganèse dans leur squelette en grandissant. Ces rafales de vent d’ouest sont plus fréquentes lorsque les alizés, qui soufflent normalement de l’est, sont faibles. L’analyse chimique du squelette de corail a montré des pics dans le rapport manganèse-calcium entre 1910 et 1940, alors qu’au même moment la terre a connu un réchauffement important. Cependant, le nombre de ces événements a chuté entre les années 1940 et 1970, lorsque les températures se sont stabilisées.

Entre 1910 et 1940, les températures mondiales se sont élevées de 0,4°C alors que le forçage dû aux gaz à effet de serre d’origine humaine n’était que de 0,3 W m2. Depuis 1970, on a constaté un réchauffement de 0,75°C mais avec un forçage beaucoup plus important, de l’ordre de 1,5 W m2. Les vents du Pacifique seraient le facteur clé expliquant l’effet moindre des gaz à effet de serre lors de certains périodes.
Selon Matthew England, la chaleur enfouie dans le Pacifique pourrait resurgir d’ici 5 à 6 ans à la faveur d’un affaiblissement des alizés. Les dernières années ont été davantage influencées par des épisodes de type La Niña, marquées par des vents d’est plus puissants, donc propices, si l’on en croit l’étude de New South Wales, à un refroidissement de l’atmosphère. Quand la situation s’inversera, et cela arrivera sans aucun doute, le rythme de l’élévation des températures atmosphériques pourrait repartir à un rythme encore plus élevé que celui constaté dans les années 90. Un épisode El Niño modéré est pressenti pour cet hiver alors que l’année 2014 pourrait se solder par un record historique de chaleur depuis le début des relevés.
On voit que les années 90, marquées par El Nino, ont connu une forte hausse des températures mondiales. Depuis 1998, les épisodes de type La Nina ont été plus fréquents et les températures ont moins augmenté. (Source : GISS/NASA)

On voit que les années 90, marquées par El Nino, ont connu une forte hausse des températures mondiales. Depuis 1998, les épisodes de type La Nina ont été plus fréquents et les températures ont moins augmenté. (Source : GISS/NASA)

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