Des chercheurs de l’Université du Texas et de la NASA ont découvert deux failles sous-marines qui pourraient permettre à l’eau chaude de l’océan d’atteindre la base du glacier Totten, le plus grand de l’Antarctique de l’Est.
Mauvaise nouvelle : des failles nouvellement découvertes dans l’Antarctique de l’Est sont assez profondes pour donner à l’eau chaude un accès à l’immense cavité située sous le glacier Totten.
Le Glacier Totten est celui qui fond le plus vite à l’Est de l’Antarctique. Malheureusement, avec 120 km de longueur et 30 de largeur, c’est aussi le plus grand et potentiellement celui qui peut avoir le plus de répercussions sur le niveau des mers. Une découverte récente explique pourquoi ce glacier est particulièrement vulnérable alors qu’il se situe dans une zone du continent que l’on pensait jusqu’à présent préservée.
Selon l’étude publiée dans la revue Nature Geoscience le 16 Mars, la fonte du glacier Totten pourrait avoir des répercussions mondiales parce que la glace s’écoulant à travers le glacier équivaut à la totalité du volume de l’Antarctique de l’Ouest, plus largement étudié car en proie à une fonte accélérée. Si le Totten s’effondrait complètement, le niveau des mers augmenterait d’au moins 3,3 mètres, voire de 6 mètres. Mais comme pour l’Antarctique de l’Ouest, la dislocation pourrait prendre des siècles.
L’Antarctique de l’Est semblait être stable par rapport à l’ouest du continent qui connaît actuellement une fonte rapide mais la situation pourrait changer. Des analyses radar ont permis de « voir » à travers la glace et de repérer des failles permettant à l’eau de l’océan d’accéder au glacier.
Dans certaines zones de l’océan entourant l’Antarctique, de l’eau chaude peut être trouvée sous l’eau plus froide parce que ce qu’elle est plus salée et donc plus lourde. Cette eau chaude qui borde la côte peut compromettre les glaciers, mais jusqu’à présent ce processus n’avait été observé que sous la calotte glaciaire de l’Antarctique de l’Ouest. De l’eau chaude profonde avait été bien été observée au large du Totten, mais on ne pensait pas qu’elle était susceptible d’attaquer la glace côtière.
En mai 2014, des chercheurs de la NASA et de l’université d’Irvine (Californie) avaient annoncé la fonte irréversible des glaciers de l’Antarctique de l’Ouest. On pensait alors que cette région était la plus sensible en raison du bas niveau de son socle rocheux, situé sous le niveau de la mer, et donc exposé directement au réchauffement de l’océan austral. Les failles découvertes au glacier Totten montrent que la partie est pourrait aussi subir de lourdes pertes à l’avenir, surtout si le réchauffement de l’océan se poursuit.