Climat

L’Afrique de l’Est frappée par le réchauffement climatique

La sécheresse qui a touché l’Afrique de l’Est en 2014 pourrait être liée au changement climatique. L’étude est publiée dans un rapport de la Société américaine de météorologie sur les phénomènes extrêmes observés l’année dernière.

Dans une édition spéciale du Bulletin of the American Meteorological Society, une série d’articles scientifiques vient de paraître pour évaluer le rôle des émissions de gaz à effet de serre dans la survenue de plusieurs événements climatiques en 2014. Déterminer si une canicule, une sécheresse ou une inondation est due au changement climatique, à la la variabilité naturelle du climat ou aux deux est difficile mais certains scientifiques pensent pouvoir démontrer quels mécanismes sont à l’oeuvre. C’est le cas notamment pour la sécheresse qui a touché l’Afrique de l’Est en 2014.

Humidité du sol en Afrique de l'Est : différence entre la période 1999-2014 et 1982-1998. Source : Shraddhanand Shukla, UCSB's CHG.

Humidité du sol en Afrique de l’Est : différence entre la période 1999-2014 et 1982-1998. Source : Shraddhanand Shukla, UCSB’s CHG.

Des chercheurs de l’Université de Californie à Santa Barbara  et de l’U.S. Geological Survey’s Climate Hazards Group estiment que la sécheresse en Ethiopie, en Somalie au Kenya et en Tanzanie a été favorisée par les températures élevées dans la région mais aussi par le différentiel de température de surface de la mer entre l’ouest et le centre du Pacifique. Et ce phénomène n’aurait été pas été aussi intense sans le changement climatique dû aux émissions humaines de gaz à effet de serre.

Les données collectées récemment montrent que l’est de l’Afrique est plus sec que jamais. D’après Chris Funk, le principal auteur de l’étude, la région connaît au printemps une inquiétante baisse des précipitations. Ces 15 dernières années, pas moins de 8 sécheresses ont en effet été observées, conduisant à des événements dramatiques comme la sécheresse en Somalie en 2011.

Entre avril et juin 2014, certaines régions de l’Afrique de l’Est ont connu d’importants déficits en précipitations, ainsi que des températures élevées à la surface du sol. D’après l’étude publiée dans le Bulletin of the American Meteorological Society, la moitié du réchauffement qui a déclenché la sécheresse en 2014 peut être attribuée à l’effet de serre. Des simulations et une analyse statistique ont permis à Chris Funk et ses collègues de déterminer que le risque de sécheresse augmenté.

En cause, le réchauffement important de l’ouest du Pacifique : les chercheurs ont observé, depuis 20 ans, un lien entre le gradient de température dans l’océan et les sécheresses dans l’est de l’Afrique. L’ouest du Pacifique s’est notablement réchauffé alors que la partie centrale de l’océan a connu des conditions plutôt froides (notamment en raison de conditions de type La Niña). Cette configuration a promu de fortes précipitations au-dessus du bassin d’eau chaude indonésien, tandis que l’Afrique de l’Est recevait moins de pluies.

En moyenne, à la surface du globe, les températures de surface de la mer ont atteint un niveau record en 2014. Le réchauffement le plus important a été observé dans l’ouest du Pacifique. Les modèles climatiques ne parviennent à reproduire le réchauffement que lorsque les gaz à effet serre liés aux activités humaines sont pris en compte.

L’étude pourrait permettre d’améliorer les prévisions et aider à anticiper les sécheresses en Afrique de l’Est. C’est déjà le cas pour l’après El Niño : des conditions La Niña particulièrement prononcées pourraient suivre avec un nouveau réchauffement de l’ouest du Pacifique dopé par le réchauffement climatique. Les scientifiques impliqués dans l’étude ont mis en garde l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), chargée du développement économique et de l’assistance humaintaire dans le monde.

Citation : « Assessing the contributions of East African and West Pacific warming to de 2014 boreal spring East African drought » – Chris Funk, Shraddhanand Shukla, Andy Hoell, and Ben Livneh (Bulletin of the American Meteorological Society).

 

 

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