Climat

Les différents bilans de température pour décembre 2015

Le mois de décembre 2015 fut très probablement le plus chaud depuis le début des observations instrumentales. Les données issues des stations au sol, des satellites, des réanalyses concluent toutes à une anomalie record pour décembre.

Pour les agences utilisant les stations au sol (NASA GISS, NOAA, Met Office, Berkeley, JMA), décembre 2015 s’est très probablement soldé par un record absolu. On peut le dire en raison de l’ampleur de l’écart avec les précédents records : on est au-delà de la marge d’erreur d’environ 0,1°C. Tous mois confondus, les satellites (UAH, RSS) placent toujours début 1998 devant mais la fin d’année 2015 est remarquable avec le mois de décembre le plus chaud depuis le début des relevés satellites en 1979. Pour une véritable comparaison entre l’impact d’El Niño en 2015-2016 et 1997-1998 sur les températures issues des satellites, il faudra voir ce que donneront les prochains mois. C’est effectivement début 1998 que les satellites avaient enregistré un véritable bond des anomalies et non fin 1997. Si c’était à nouveau le cas, les satellites pourraient relever une température record début 2016, mais comme chaque El Niño est différent, le scénario pourrait ne pas se reproduire.

Anomalies de température par rapport à la moyenne du 20è siècle. Source : NASA.

Anomalies de température par rapport à la moyenne du 20è siècle. Source : NASA.

Il n’est malheureusement pas toujours possible de comparer les données des différents instituts car ils n’utilisent pas la même base pour calculer leurs anomalies. Par exemple, NASA GISS choisit 1951-1980, le Met Office 1961-1990 et UAH 1981-2010. Afin de pouvoir comparer les résultats, vous trouverez ci-dessous un bilan harmonisé de l’année 2015, selon les principales agences qui élaborent des moyennes de température mondiale. Ci-dessous, les écarts sont présentés par rapport à la même moyenne, celle du 20è siècle (c’est d’ailleurs par rapport à cette base que seront désormais présentés les bilans de températures sur global-climat). Pour les mesures satellites UAH et RSS, dont les données ne sont disponibles que depuis 1979, les chiffres de la NASA ont été intégrés au calcul afin de présenter un écart à la moyenne du 20è siècle. Cela ne change pas le classement des mois les plus chauds calculés par rapport à la base 1981-2010 d’UAH. Concernant la réanalyse NCEP-NCAR,  les chiffres de la NASA ont également été choisis en complément.

GISS NOAA Met Office Berkeley JMA UAH/GISS RSS/GISS NCEP/GISS
Janvier 0,83 0,81 0,77 0,78 0,68 0,75 0,73 0,73
Février 0,88 0,88 0,75 0,83 0,68 0,66 0,71 0,83
Mars 0,90 0,89 0,81 0,85 0,76 0,66 0,65 0,89
Avril 0,76 0,77 0,75 0,76 0,69 0,54 0,52 0,77
Mai 0,82 0,86 0,80 0,76 0,75 0,73 0,68 0,85
Juin 0,83 0,88 0,82 0,75 0,76 0,78 0,78 0,80
Juillet 0,75 0,8 0,77 0,66 0,72 0,60 0,62 0,73
Août 0,80 0,87 0,81 0,77 0,80 0,70 0,72 0,91
Septembre 0,83 0,92 0,86 0,83 0,83 0,67 0,69 0,99
Octobre 1,06 0,99 0,89 1,04 0,85 0,84 0,77 1,18
Novembre 1,06 0,96 0,91 1,00 0,88 0,75 0,76 1,10
Décembre 1,16 1,11 1,12 1,10 1,05 0,89 0,92 1,16

Concernant l’année 2015 dans son ensemble, toutes les agences qui utilisent des stations au sol, ainsi que la réanalyse NCEP-NCAR annoncent un record de chaleur. Seules les données satellites UAH et RSS mettent toujours 1998 (+0,90°C) et 2010 (+0,82°C) au-dessus de 2015 (+0,71°C).

GISS NOAA Met Office Berkeley JMA UAH/GISS RSS/GISS NCEP/GISS
Année 2015 0,89 0,9 0,84 0,84 0,79 0,71 0,71 0,91

Pourquoi de telles écarts entre les différents indices de températures ? Tout d’abord parce que les satellites ne mesurent pas directement la température de surface mais celle de la basse troposphère. Les résultats obtenus grâce aux stations au sol sont mesurés directement. L’avantage des satellites est leur couverture spatiale : UAH couvre le globe dans son ensemble, RSS n’omet que l’Antarctique et une petite partie de l’Arctique. En revanche, les satellites pourraient être moins fiables dans le temps en raison des problèmes d’ajustement de leur orbite et leur (trop ?) grande sensibilité à El Niño (et à La Niña). Les stations au sol, au contraire, ont souvent une moindre couverture spatiale mais sont censés être plus cohérents sur la durée. Certaines agences, comme le GISS (NASA) ou Berkeley compensent leur handicap spatial en interprétant les températures dans les régions non couvertes par des stations au sol, ce qui leur permet d’approcher une couverture de 100%. D’autres n’utilisent pas cette méthode d’interpolation, comme le Met Office et la JMA, et préfèrent laisser les régions sans station en dehors de leur moyenne. D’où une moindre couverture du globe, environ 85%.

2 réponses »

    • Bonjour JF,
      C’est parce que les données ne sont publiquement disponibles que depuis peu (août 2015 je crois). Avant c’était possible avec un compte à l’ecmwf et les données avaient un peu de retard je crois pour plus de fiabilité. Mais je pense les montrer la prochaine fois car c’est une ré-analyse de très bon niveau, il me semble. D’ailleurs, j’avais calculé +1,17 pour janvier avec Era interim, en accord avec la NASA (calcul qui reprend la base de la NASA pour une comparaison avec les autres indices relatifs au 20e siecle).

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