Climat

Comment l’Atlantique a renforcé la dernière glaciation

D’après une étude publiée dans Nature Geoscience, le stockage du CO2 dans l’océan Atlantique a contribué de manière significative au refroidissement survenu il y a 70 000 ans. Une circulation océanique bouleversée par le changement climatique aurait favorisé le captage de carbone dans cette région du globe.

La Terre est entrée dans une période de glaciation il y a environ 120 000 ans. Elle en est sortie il y a 11 500 ans. La baisse de l’insolation sous les hautes latitudes de l’hémisphère nord a sans doute été l’élément déclencheur de la période froide. L’orbite de la Terre change sur le long terme et à certains moments, la diminution des radiations solaires favorise la constitution des glaces septentrionales. Mais cela n’explique pas tout. Le refroidissement s’est poursuivi même lorsque l’insolation a de nouveau augmenté. La baisse de la concentration de gaz à effet de serre a très probablement joué un rôle de premier plan dans les variations du climat : les archives glaciaires montrant que les niveaux de CO2 sont intimement liées à l’évolution des températures.

Une grande question demeure cependant : comment ce stockage du CO2 a-t-il pu se faire ? L’hypothèse la plus probable est bien qu’une grande partie du carbone retiré de l’atmosphère a été captée dans les profondeurs des océans. Le problème est qu’il est difficile de le prouver formellement et de déterminer le scénario exact. Une étude publiée le 3 février dans la revue Nature avait déjà apporté des preuves tangibles permettant de lever une partie du mystère. Ces indices montraient que pendant la dernière période glaciaire, les profondeurs de l’océan Austral avaient contenu des quantités d’oxygène beaucoup moins importantes qu’aujourd’hui. Cela signifie pour les chercheurs qu’il y a eu un stockage accru de carbone dans l’océan Austral lors des épisodes de faible concentration de CO2 atmosphérique.

Un nouvel article qui vient d’être publié dans Nature Geoscience apporte cette fois un éclairage sur le rôle de l’Océan Atlantique dans le cycle du CO2. L’analyse des foraminifères benthiques, des micro-organismes retrouvés au fond de l’océan Atlantique, a permis de reconstruire les changements de la concentration en ions carbonate. On sait qu’une baisse de la concentration indique que davantage de CO2 a été capté par l’océan. L’étude montre que dans l’Atlantique profond, la concentration en ions carbonate a diminué  entre – 80 000 et – 65 000 ans, au coeur de la dernière glaciation. Cette baisse signifie que les réserves de carbone de l’Atlantique ont augmenté d’au moins 50 milliards de tonnes. Au même moment, la quantité de carbone dans l’atmosphère a diminué de 60 milliards de tonnes.

Un tiers du CO2 stocké durant la totalité glaciation l’a été lors de la période étudiée par les scientifiques (entre – 80 000 et – 65 000 ans), ce qui signifie que la pompe à carbone de l’Atlantique a eu un rôle important. La diminution du taux de dioxyde de carbone atmosphérique a coïncidé avec une période de refroidissement global, une augmentation significative de la taille des calottes polaires et une modification de la circulation océanique.

Selon les auteurs de l’étude, les changements dans la circulation océanique auraient joué un rôle important dans la réduction des concentrations de CO2 dans l’atmosphère au cours de la dernière glaciation, en augmentant le stockage du carbone dans l’Atlantique profond.

Catégories :Climat, Océans

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