Climat

Le Blob lié à la fois au CO2 et à El Niño

La plus grande vague de chaleur marine jamais observée dans le nord-est du Pacifique est liée à la fois à El Niño et aux gaz à effet de serre. Réchauffement climatique et variabilité naturelle se sont ainsi combinés pour favoriser cette anomalie chaude exceptionnelle, le « Blob », sur 2014 et 2015.

Une nouvelle étude menée par des chercheurs de l’Institut de technologie de Géorgie et la NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration) impute la vague de chaleur marine 2014-2015 – le fameux « blob » – à des conditions météorologiques qui ont commencé à la fin de 2013.

Les chercheurs expliquent dans la revue Nature Climate Change comment ils ont retracé l’origine de la vague de chaleur maritime. Tout a commencé à la fin de l’année 2013 et au début de 2014, avec la formation d’une crête de haute pression dans le nord-est du Pacique.

Des études précédentes ont montré que le réchauffement climatique dû aux gaz à effet de serre était susceptible d’entraîner à l’avenir davantage d’anomalies de pressions élevées dans cette région de la planète.

A l’origine, on retrouve un réchauffement de l’ouest du Pacifique tropical qui s’est propagé via un circuit atmosphérique (les ondes de Rossby) jusqu’au nord-est du bassin océanique, où des pressions élevées ont été favorisées. On peut voir ci-dessous comment des conditions de types La Niña, où l’ouest du Pacifique se réchauffe par rapport à l’est, perturbent la circulation atmosphérique jusqu’au nord-ouest américain :

Source : NOAA

Source : NOAA

Le phénomène aurait encore été amplifié ces dernières décennies en lien avec l’accumulation des gaz à effet de serre. Cette crête barométrique a affaibli les vents qui apportent normalement de l’air arctique froid sur le Pacifique Nord. Avec ces hautes pressions, on a vu moins de tempêtes, moins de précipitations dans le nord-ouest américain et une sécheresse exceptionnelle en Californie.

Pendant ce temps, la température des océans avait augmenté de quelques degrés au-dessus de la moyenne. On peut voir ci-dessous l’énorme anomalie chaude dans le Golfe d’Alaska, au large de la côte nord-ouest américaine.

Anomalies de températures en janvier 2014 (source : NCEP/CFSR - Climate Renalyzer)

Anomalies de températures en janvier 2014 (source : NCEP/CFSR – Climate Renalyzer)

C’est dans cette région du Golfe d’Alaska qu’un monstre marin s’est formé lors de l’hiver 2013-14. Surnommé le « blob »- un nom de film d’horreur – il s’agit  en fait une  poche d’eau très chaude. En 2012-2013, cette poche était encore coincée entre deux poches plus froides dans le Pacifique Nord. On a commencé à l’observer attentivement quand elle s’est montrée aux abords des côtes américaines en août 2013. En 2014, elle est devenue encore plus chaude, et s’est rapprochée davantage de la côte. Cette masse de 2000 km de long pour 100 mètres de profondeur affichait des températures de 1 à 4°C supérieures à la normale.

Les pressions élevées dans la région du Golfe d’Alaska ont donc contribué à la naissance du « Blob ». A la mi-2014, la situation dans le Pacifique a favorisé l’activation du Mode Méridional avec l’émergence de conditions El Niño. En retour, de nouvelles rétroactions atmosphériques liées à El Niño apportèrent encore davantage de chaleur vers l’ouest du continent nord-américain. Résultat, en  2015, la région chaude à la surface de l’océan s’était élargie sur toute la côte Ouest américaine.

Anomalies de températures en février 2015 (source : NCEP/CFSR - Climate Renalyzer)

Anomalies de températures en février 2015 (source : NCEP/CFSR – Climate Renalyzer)

Les chercheurs ont utilisé des simulations des modèles climatiques pour étudier le lien entre l’augmentation des concentrations de gaz à effet de serre et l’impact sur les températures de l’eau de surface de l’océan. L’étude a révélé que ces événements météorologiques extrêmes pourraient devenir plus fréquents et prononcés avec le réchauffement climatique.

Elle montre surtout comment le réchauffement de l’ouest du Pacifique, favorisé par les gaz à effet de serre, a entraîné l’apparition de la vague de chaleur dans le Golfe d’Alaska début 2014, avec une incidence sur El Niño à la mi-2014, qui a lui-même en retour favorisé le développement du Blob plus au sud, le long des côtes américaines au début de l’année 2015.

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