Climat

Température mondiale : +0,29°C entre 1998 et 2016

Au cours du premier semestre 2016, des températures record ont été relevées : c’est ce que l’on peut conclure si l’on fait la moyenne des différentes archives globales pour en présenter une version homogène. L’année 2016 dépasse désormais largement 1998, avec +0,29°C, toutes sources confondues. Le phénomène El Niño 2015-2016, comparable à celui de 1997-1998, a provoqué une élévation significative des températures après des années marquées par un rythme de réchauffement climatique moins important que dans les prévisions des modèles.

D’un point de vue climatique, il est difficile de comparer une année à une autre. Il y a pour cela deux raisons principales :

1 – La forte variabilité naturelle liée à l’océan Pacifique, qui a impact majeur sur la température globale. Les records sont systématiquement battus lors d’années El Niño parce que le Pacifique a une importance considérable sur le climat mondial. Les années La Niña sont généralement plus froides et il est donc difficile, à court terme, de mesurer l’effet du réchauffement lié aux gaz à effet de serre. La meilleure méthode, pour évaluer le réchauffement climatique, est de s’intéresser au long terme, soit 30 ans environ, pour éliminer la variabilité naturelle. Mais si on veut faire des comparaisons à plus court terme, il faut comparer ce qui est comparable, par exemple des années marquées par des phénomènes El Niño similaires (même s’ils sont uniques !).

Anomalies mensuelles de température de surface de la mer dans la région 3.4. Source : NOAA - OISST.v2 (base 1981-2010)

Anomalies mensuelles de température de surface de la mer dans la région 3.4. Source : NOAA – OISST.v2 (base 1981-2010)

2 – La disparité des archives de températures globales. Les différentes sources comme les stations au sol, les instruments en mer, les satellites, les réanalyses, donnent des résultats relativement proches. Mais en privilégiant un indice sur un autre et en choisissant une période particulière, on peut obtenir des rythmes de réchauffement très différents.

Maintenant que le premier semestre 2016 est passé, il est possible d’y voir un peu plus clair dans les observations climatiques. Revenons sur les des deux points soulevés plus haut :

La forte variabilité naturelle liée à l’océan Pacifique : les années 1998 et 2016 ont été marquées par des phénomènes El Niño exceptionnels, comparables en intensité. La variabilité de l’océan Pacifique est donc moins importante entre les deux années. On peut voir ci-dessous que les anomalies de température de surface de la mer dans la région clé Nino 3.4 du Pacifique sont comparables en 1998 et en 2016 :

NINO 3.4 comparison

La disparité des archives de températures globales : ces années 1998 et 2016 étant comparables d’un point de vue climatique, il peut être intéressant d’homogénéiser les données émanant des différentes sources. Pour cela, on trouvera ci-dessous une compilation des chiffres obtenus grâce à différentes méthodes mais sur une même base, l’écart par rapport à la moyenne 1981-2010.

Voici donc une comparaison entre 1998 et 2016 tirée des principales sources que sont les stations au sol, les données récoltées à la surface de la mer, les satellites et les réanalyses. La NASA, la NOAA, le Met Office utilisent des stations au sol et des instruments à la surface de la mer. UAH et RSS tirent leurs données des satellites. Quand aux réanalyses NCEP-NCAR et Era Interim, elles intègrent une multitude de données (stations, satellites…) dans un modèle climatique. NCEP-NCAR est une réanalyse de la NOAA, dont les données remontent à 1948. Un bilan quotidien des données NCEP-NCAR est disponible sur global-climat.com. Les données d’Era Interim d’ECMWF remontent à 1979.

Ce bilan n’est pas exhaustif. On aurait pu y rajouter d’autres données, comme celles de la JMA (Japon) ou de Berkeley Earth, dont les résultats sont similaires à ceux du Met Office pour la première, et de la NASA pour la seconde. D’autres réanalyses auraient également pu être utilisées mais les données ne sont pas toujours publiquement disponibles ou facilement accessibles.

Les données NASA, NOAA, Met Office, UAH, RSS, NCEP, Era Interim sont toutes basées sur la moyenne 1981-2010 et sont donc comparables, d’un point de vue statistique au moins. On peut voir ci-dessous ce que donne la moyenne de ces 7 archives sur les six premiers mois de 1998 et 2016 avec un bilan global et le détail agence par agence plus bas.

Moyenne de toutes les données (NASA, NOAA, Met Office, UAH, RSS, NCEP-NCAR, Era Interim) : 

Avec 0,64°C au-dessus de la moyenne 1981-2010, le 1er semestre 2016 est donc nettement plus chaud que 1998. L’écart est donc de 0,29°C entre 1998 et 2016 (18 ans après). Cet écart a été particulièrement important lors des mois les plus impactés par El Niño : janvier, février et mars.

All comparison

NASA :

Les stations au sol et les instruments qui mesurent la température à la surface des mers montrent un réchauffement important : +0,39°C entre 1998 et 2016, selon la NASA.

NASA comparison

NOAA :

Avec +0,36°C entre 1998 et 2016, les stations de la NOAA donnent des résultats similaires, malgré une couverture spatiale moins importante.

NOAA comparison

Met Office :

Avec une couverture spatiale qui ne prend pas en compte les pôles, le Met Office a relevé une hausse de 0,30°C entre 1998 et 2016. Les premiers mois de l’année 2016, très chauds par rapport à la norme en Arctique, ont moins boosté la moyenne globale du Met Office que celle de la NASA.

Met Office comparison

UAH :

Les satellites ont vu 2016 dépasser pour la première fois les niveaux exceptionnels relevés en 1998. Il apparaît que les satellites sont très sensibles aux évolutions d’El Niño. Sur le premier semestre, 2016 dépasse désormais 1998 de 0,03°C.

Satellites comparison

RSS :

RSS affiche un réchauffement légèrement plus important qu’UAH avec +0,05°C entre les deux périodes.

RSS comparison

NCEP-NCAR :

Les réanalyses sont les données qui affichent le plus fort réchauffement. NCEP-NCAR a relevé une augmentation de 0,47°C entre 1998 et 2016.

NCEP comparison

ERA Interim :

Réchauffement important également pour ERA Interim avec +0,45°C entre 1998 et 2016.

ERA Interim comparison

2 réponses »

    • Oui, c’est vrai, certaines périodes sont marquées par un décalage. Les satellites ne mesurent pas exactement la même chose puisqu’il s’agit de la température dans la basse troposphère. Et puis les satellites ne mesurent pas directement la température mais l’interprètent.
      Les satellites sont quand même le signe d’une tendance.

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