Les émissions mondiales de C02 venant des énergies fossiles devraient atteindre un niveau record en 2018 avec 37,1 milliards de tonnes, selon le Global Carbon Project. C’est une augmentation projetée 2,7% par rapport à 2017.
Après trois années de faible croissance entre 2014 à 2016, les espoirs d’un pic avaient été douchés en 2017, les émissions ayant repris leur tendance à la hausse avec +1,6%. Mauvaise nouvelle encore cette année : la croissance se poursuit et même accélère avec +2,7% (+1,8% à + 3,7%).

L’utilisation du pétrole et du gaz continue de croître et certains pays utilisent encore le charbon pour alimenter une grande partie de leur croissance économique.
Les 10 plus grands émetteurs en 2018 sont dans l’ordre la Chine, les États-Unis, l’Inde, la Russie, le Japon, l’Allemagne, l’Iran, l’Arabie saoudite, la Corée du Sud et le Canada. L’UE prise dans son ensemble se classe troisième.
Les émissions de la Chine représentent désormais 27% du total mondial. La hausse atteint en 2018 +4,7% (+2% à +7,4%). Ceci est basé sur la croissance estimée du charbon (+4,5%, principale source de combustible en Chine), du pétrole (+3,6%), de la consommation de gaz naturel (+17,7%) et de la production de ciment (+1,0%).
En Chine, l’utilisation de gaz naturel a augmenté rapidement de 8,4% par an depuis 2012, à la fois pour fournir de l’énergie nouvelle et pour réduire la pollution de l’air résultant de l’utilisation du charbon. L’utilisation de gaz naturel a d’ailleurs augmenté dans pratiquement toutes les régions du monde au cours des cinq dernières années.

Les émissions des Etats-Unis représentent 15% du total mondial. Elles devraient augmenter d’environ 2,5% (+0,5% à +4,5%) en 2018 après plusieurs années de déclin.
Pour l’Union européenne, 2018 se traduirait par une diminution de −0,7% (de –2,6% à +1,3%) par rapport à 2017. Cette estimation est basée sur des estimations concernant le charbon de –1,2%, le pétrole de +1,2%, le gaz de -2,9% et des émissions de ciment stables.
Pour l’Inde, les prévisions pour 2018 tablent sur une augmentation de +6,3% (fourchette de 4,3% à +8,3%) par rapport à 2017. Cette estimation est basée sur des projections pour le charbon de +7,1%, le pétrole de +2,9%, le gaz de +6,0% et le ciment de +13,4%.
Pour le reste du monde, la croissance attendue pour 2018 est de +1,8% (fourchette de +0,5% à +3,0%). Ce chiffre est calculé sur la base des projections du PIB établies par le FMI.

Les émissions doivent atteindre leur maximum et diminuer rapidement pour faire face au changement climatique. Avec la croissance des émissions de cette année, il semble que le pic n’est pas encore en vue. Pour limiter le réchauffement climatique à l’objectif de 1,5°C de l’Accord de Paris, les émissions de CO2 doivent être réduites de 50% d’ici 2030 et atteindre le zéro net d’ici 2050 environ.
Le déploiement mondial des énergies renouvelables accélère mais cela n’a pas suffi à compenser la croissance de l’énergie fossile. Il y a cependant des éléments qui incitent à l’optimisme, d’après une analyse publiée par Christiana Figueres dans la revue Nature. Les coûts de la technologie des énergies renouvelables ont chuté de 80% en dix ans.
Le Maroc, le Mexique, le Chili et l’Égypte produisent de l’énergie solaire à un coût moins élevé que le gaz naturel.
Aujourd’hui, plus de 50% des nouvelles capacités de production d’électricité sont renouvelables, l’énergie éolienne et solaire doublant tous les 4 ans.
Cependant, une augmentation supplémentaire des émissions en 2019 semble probable en raison de la croissance persistante de l’utilisation de pétrole et de gaz naturel. L’utilisation du charbon a nettement ralenti au cours des dernières années, atteignant potentiellement un pic, mais sa trajectoire future reste incertaine.

Les perspectives de croissance économique, des réductions d’émissions insuffisantes dans les pays développés et la nécessité d’accroître l’utilisation de l’énergie dans les pays en développement où les émissions par habitant restent très inférieures à celles des pays plus riches continueront d’exercer une pression à la hausse sur les émissions de CO2.

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