Un article publié dans la revue Weather de la Royal Meteorological Society examine les facteurs qui ont fait de l’été 2018 le plus chaud de l’histoire du Royaume-Uni, à égalité avec 2006.
De nombreuses régions de l’hémisphère nord ont approché ou battu leur record de chaleur durant l’été 2018. Cela a notamment été le cas au Royaume-Uni, où la saison estivale a été marquée par la température la plus élevée relevée depuis 1884.
Les scientifiques du Met Office, auteurs de l’étude, ont examiné en détail les conditions météorologiques qui ont prévalu lors de l’été 2018 (juin, juillet, août).

Températures maximales et minimales quotidiennes moyennes du Royaume-Uni d’avril à août 2018. Chaque courbe est ombrée en respectant les valeurs (rouge) supérieures ou (bleu) inférieures à la moyenne climatologique de 1981-2010. Source : Met Office.
Le mois de juin 2018 a été exceptionnellement sec dans le centre et le sud de l’Angleterre, certains endroits près de Londres enregistrant peu ou pas de pluie pendant 57 jours. Le manque de pluie a entraîné un assèchement des sols, ce qui a augmenté les températures maximales dans le sud-est de l’Angleterre à la fin du mois de juillet.
Les conditions océaniques et atmosphériques au-dessus de l’Atlantique Nord ont une influence importante sur l’emplacement du jet-stream. C’est ce qui a conduit à la domination de systèmes de haute pression sur l’Europe occidentale. En outre, les températures élevées à la surface de la mer sur la côte britannique, les sols secs résultant du manque de pluie ont également contribué à la hausse des températures au-dessus des terres. Mais ces facteurs représentent à eux seuls environ la moitié de l’anomalie de température observée l’été dernier. Le changement climatique compterait pour l’autre moitié.
En rassemblant de multiples éléments de preuve tirés d’observations et de modélisations climatiques, l’analyse montre qu’une température estivale britannique comparable à des étés extrêmes comme 2018 ou 1976 a maintenant une probabilité de survenir de 11 à 12% sur une année donnée, soit 30 fois plus que ce à quoi on pourrait s’attendre avec les seuls facteurs naturels.
Les dernières projections du Met Office sur les futurs changements climatiques au Royaume-Uni suggèrent également que ces températures estivales deviendraient la norme d’ici 2050, 50% des étés dépassant le niveau atteint en 2018.
L’été 2018 de l’hémisphère nord a également été marqué par des températures exceptionnelles en Europe occidentale, en Asie centrale et en Amérique du Nord. Des records ont été battus localement en France, en Scandinavie, à Taïwan, au Japon, aux Etats-Unis. Dans la Vallée de la Mort (ouest des Etats-Unis), le mois de juillet 2018 a été le plus chaud des annales avec 42,3°C de moyenne. C’est la moyenne mensuelle la plus élevée jamais enregistrée sur le globe.
D’après une étude publiée en juin 2019 dans la revue Earth’s Future, les épisodes de chaleur simultanés observés dans l’hémisphère nord en 2018 n’auraient pas pu avoir lieu sans le changement climatique induit par l’homme.
En moyenne quotidienne, entre mai et juillet 2018, environ 22% des zones peuplées et agricoles situées au nord de 30 degrés de latitude ont simultanément subi des températures extrêmes, d’après cette étude dirigée par Martha Vogel, chercheuse en climatologie à l’ETH Zürich. Des impacts liés à la chaleur ont été décrits pour au moins 18 pays des latitudes moyennes du nord.
Cette étendue spatiale extrême de l’événement de 2018 est sans précédent dans les relevés d’observation pour mai-juillet. La surface concernée en 2018 est 8% plus importante que lors du deuxième plus gros événement de ce type relevé en 2012.

Etendue de la vague de chaleur de de l’hémisphère Nord en 2018. a) Nombre de jours chauds entre mai et juillet 2018. b) Anomalies thermiques moyennes des jours chauds entre mai et juillet par rapport à la climatologie au 90e percentile des températures quotidiennes pour la période de référence 1958-1988. Source : Vogel et al (2019) – Earth’s Future.
Par rapport à la période pré-industrielle allant de 1870 à 1900, une vague de chaleur de type 2018 n’a été relevée que deux fois dans l’un des 29 modèles étudiés (CMIP5) par Martha Vogel. Compte tenu de toutes les simulations du modèle, cela représente une probabilité d’environ 0,2% pour une zone de type 2018 dans des conditions préindustrielles. Ces résultats confirment selon Vogel et ses collègues qu’il est pratiquement certain que l’événement de chaleur de 2018 n’aurait pas eu lieu sans émissions de gaz à effet de serre.
Dans un monde à +1,5 ° C et à +2 °C, la probabilité de rencontrer une vague de chaleur de dimensions supérieures à l’événement 2018 augmente respectivement à 65% et 97% dans la médiane multimodèle. Cela implique que même si le réchauffement climatique était limité à +1,5°C, nous serions confrontés à un événement du type 2018 en moyenne près de deux années sur trois et presque tous les ans à +2°C.
Pour en revenir au Royaume-Uni, le temps sec et ensoleillé qui a dominé de mai 2018 au début d’août a certes conduit à un maximum estival. Mais si l’été 2018 fut exceptionnel dans l’ensemble, la vague de chaleur n’a pas été aussi intense que celle de… 2019. A la fin du mois de juillet dernier, un nouveau record de 38,7°C a été relevé à l’Université de Cambridge.
L’Europe a d’ailleurs connu deux épisodes de chaleur remarquables en 2019. Une première vague a touché de nombreuses régions du continent au cours de la dernière semaine de juin 2019. Plusieurs records historiques ont été battus en France, en Suisse, en Autriche, en Allemagne, en République tchèque, en Italie et en Espagne. Le record absolu en France a été battu de près de deux degrés avec une pointe à 46°C à Vérargues le 28 juin 2019.
Puis une deuxième vague a encore touché de nombreuses régions. A Paris, le record a été battu avec une température de 42,6°C, battant nettement le record précédent (40,4 degrés Celsius) établi en 1947. Plusieurs pays européens ont battu cette fois leur record de chaleur absolu : Allemagne (42,6°C à Lingen), Pays-Bas (40,7°C à Glize-Rijen), Belgique (40,7°C à Beitem), Andorre (39,4°C), Luxembourg (39°C) et donc Royaume-Uni (38,7°C à Cambridge).
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Bonjour,
Désolé, le nombre de publicités avec les variations de luminosité m’empêchent de me concentrer sur les articles.
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?!?
« une température estivale britannique comparable à des étés extrêmes comme 2018 ou 1976 a maintenant une probabilité de survenir de 11 à 12% sur une année »
puis
« Dans un monde à +1,5 ° C et à +2 °C, la probabilité de rencontrer une vague de chaleur de dimensions supérieures à l’événement 2018 augmente respectivement de 65% et 97% dans la médiane multimodèle. Cela implique que même si le réchauffement climatique était limité à +1,5°C, nous serions confrontés à un événement du type 2018 en moyenne près de deux années sur trois et presque tous les ans à +2°C ».
Pas compris. Comment une hausse de probabilité de 97% d’un évènement dont l’occurrence initiale est de 12%, peut-elle aboutir à une occurrence de près de 100%? Ce ne serait pas plutôt 970%? Je n’ai pas le temps de lire l’étude maintenant, mais je regarderai demain.
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« une température estivale britannique comparable à des étés extrêmes comme 2018 ou 1976 a maintenant une probabilité de survenir de 11 à 12% sur une année » : Il s’agit de l’étude du Met Office sur les étés (juin, juillet, août) au Royaume Uni. Cela passe à 50% en 2050.
« Dans un monde à +1,5 ° C et à +2 °C, la probabilité de rencontrer une vague de chaleur de dimensions supérieures à l’événement 2018 augmente respectivement de 65% et 97% dans la médiane multimodèle. : il s’agit de l’étude de Earth’s Future relative à la chaleur dans l’hémisphère nord sur mai-juillet. L’incompréhension vient en fait d’une mauvaise expression de ma part, la probabilité augmente à 65% dans un monde à 1,5°C et non De 65%. Sachant que l’occurence actuelle est de 16% pour une vague de chaleur hémisphérique comme 2018.
On passe donc d’une probabilité de 12 à 50% pour un été britannique type 2018 à l’horizon 2050. Et d’une probabilité de 16 à 65% pour la vague de chaleur hémisphérique type 2018 dans un monde à 1,5%.
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ça y est, j’ai compris 🙂
Merci!
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Merci également !
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J’avoue avoir du mal à comprendre de telles anomalies de températures quotidiennes qui, selon NCEP-NCAR, vont de +0,738°C le 4/11 à +0,282 le 13/11. Comment peut-on perdre o,45°C mondialement en seulement 9 jours. J’imagine que l’océan a absorbé une grande part de l’énergie. Mais cela paraît quand même énorme.
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La chute des températures est due à l’hémisphère nord, qui était très chaud en octobre. Vous pouvez voir sur la carte d’anomalies (rubrique « température mondiale actuelle) que de vastes portions terrestres de l’hémisphère nord ont connu une descente d’air froid en novembre, notamment l’Amérique du nord. A la surface des terres, les températures peuvent grandement varier avec de telles incursions.
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