La température globale en ce mois de décembre est en très nette baisse. Les données publiées quotidiennement sur le site global-climat sont celles de NCEP-NCAR, une réanalyse de première génération. Le biais froid de NCEP-NCAR est assez évident sur les derniers mois par rapport aux autres séries de données issues des stations au sol, des réanalyses ou des satellites. En plus de ce biais froid, il y a une forte chute des anomalies depuis le 10 décembre 2020. Au vu du comportement étrange de NCEP-NCAR dernièrement, on peut légitimement s’interroger sur cette baisse. J’ai voulu y voir plus clair dans la mesure de température mondiale actuelle avec une réanalyse plus fiable, ERA5.
ERA5, une réanalyse de dernière génération produite par l’ECMWF (Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme), jouit d’une réputation de grande fiabilité au sein de la communauté scientifique et soutient la comparaison avec les autres mesures de référence de la température de surface comme la NASA. Evidemment, le réchauffement climatique est un phénomène de long terme et c’est à cette échelle que l’on peut vérifier une tendance significative. Observer les données au quotidien n’a de sens qu’en lien avec la prise en compte de la variabilité naturelle.
Pour évaluer la tendance de NCEP-NCAR, j’ai cherché à obtenir les relevés d’ERA5. Les données quotidiennes d’ERA5 étant plus difficiles à obtenir, les chiffres présentés ici peuvent différer de quelques centièmes de degrés par rapport aux données officielles qui seront dévoilées par Copernicus et l’ECMWF dans son bilan mensuel. Cela tient au fait que les anomalies quotidiennes sont calculées ici à partir d’ERA5 (pour la température brute actuelle) et de KNMI (pour la climatologie), faute d’accès à la climatologie quotidienne d’ERA5. Je m’excuse donc par avance si les résultats diffèrent quelque peu du bilan final fourni par Copernicus et ECMWF. N’ayant pu faire qu’un test rétrospectif, je devrai attendre le rapport mensuel pour juger de la fiabilité de la méthode et éventuellement en pérenniser l’archivage. En outre, il y a un délai de 5 jours pour la publication des données d’ERA5, contre 2 jours pour NCEP-NCAR. Le graphique ci-dessous montre les anomalies de température globale pour décembre relevées par NCEP-NCAR et ERA5 par rapport à la période 1981-2010. Les données jusqu’au 21 décembre pour NCEP-NCAR et jusqu’au 18 décembre pour ERA5 ont été prises en compte.

Les réanalyses sont produites par assimilation de données, un processus qui repose à la fois sur des observations et des prévisions basées sur des modèles utilisant les lois de la physique et les observations passées. NCEP-NCAR est une réanalyse de première génération (1996). NCEP-NCAR souffre logiquement de la comparaison avec les réanalyses les plus récentes comme ERA5 qui présentent une résolution horizontale, verticale et temporelle supérieure. Ce qui explique les résultats différents obtenus par les deux réanalyses.
Les cartes de NCEP-NCAR ont montré des anomalies surprenantes à la surface de plusieurs régions du globe depuis 2019. J’ai voulu savoir, à l’aide d’ERA5, si la chute des anomalies de NCEP-NCAR annonçait une vraie baisse de la température globale. Il semble bien que cela soit aussi le cas pour ERA5, du moins pour cette fin d’année. Contrairement à NCEP-NCAR, la moyenne annuelle d’ERA5 reste particulièrement élevée compte-tenu des températures de surface de la mer dans le Pacifique.
Comme NCEP-NCAR, ERA5 présente une chute spectaculaire des anomalies depuis le 10 décembre. La différence est qu’ERA5 part de beaucoup plus haut. L’explication de ces anomalies en baisse tient en partie aux conditions La Niña qui prévalent actuellement dans le Pacifique et à certaines poches très froides des hautes latitudes de l’hémisphère nord. En 2020, la moyenne globale relevée par ERA5 sera quand même la plus élevée ou la deuxième plus élevée des annales. L’année 2020 est pour le moment à égalité quasi-parfaite avec 2016 et les derniers jours de décembre décideront d’un éventuel nouveau record de chaleur. Avec la marge d’erreur, on peut considérer que 2016 et 2020 seront difficiles à départager dans la série ERA5. Le graphique ci-dessous montre la température globale annuelle pour NCEP-NCAR (jusqu’au 21 décembre en 2020) et ERA5 (jusqu’au 18 décembre en 2020).

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Bonjour,
La periode de refroidissement semble un peu longue mais est ce qu il ne pourrait pas y avoir un lien avec la periode des Geminides (etoiles filantes) un peu comme ce qui se passe en Mai avec les saintes glace.
Merci pour votre blog, et le travail que vous publiez.
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C’est comme en sport , quand on commence à perdre , on s’en prend à l’arbitre . Depuis des années vous utilisez un indice de reference , celui ci ne va plus dans votre sens : vite il faut en trouver un autre plus favorable !!
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Vous vous méprenez. NCEP est pratique pour avoir une idée approximative de la température mondiale au jour le jour, pas pour avoir les données les plus fiables avec le recul. Johan Lorck le précise depuis des années, bien avant ce décalage vers le froid.
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Merci Johan! Je m’interrogeais aussi sur cette baisse dans l’archive NCEP, mais une chute similaire s’était déjà produite le même mois en 2016! Cela va dans le sens d’un effet « la niña » exacerbé à cette période de l’année.
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Outre l’anomalie globale plus basse que les autres archives, il y a eu en 2020 des choses étonnantes chez Ncep, notamment en Sibérie, où la carte ne reproduisait pas ce qui était relevé sur le terrain.
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Je suis assez d’accord avec la réponse de Anonyme. Pourquoi avoir sorti le nouvel indicateur ERAS lorsque la moyenne mondiale des t° baissait ? Vous affirmez que les données d’ ERAS sont plus fiables, est-ce bien le cas ?
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Pas de problème, je comprends qu’on puisse poser la question. Ca fait environ un an que Ncep-Ncar affiche des anomalies étranges, pas seulement globalement mais localement. J’ai même essayé de me renseigner auprès d’eux pour savoir s’ils avaient changé quelque chose. La réponse n’a pas été trop concluante. Il y a bien eu un changement dans la collecte de certaines données mais je ne crois pas que cela soit significatif.
J’essaye par ailleurs d’obtenir ERA5 depuis longtemps. C’est une réanalyse qui est bien mieux considérée par les climatologues, normal, elle est toute récente. A moins d’être developpeur informatique, les données quotidiennes sont difficiles à extraire sous forme d’anomalies. J’espère non sans peine y être parvenu avec l’aide de la climatologie de KNMI. Vu que les chiffres obtenus m’ont parus OK pour ces derniers mois, j’ai décidé de les publier.
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Vous allez dire qu’un exemple local ne veut rien dire mais le fait est qu’on a le Noël le plus froid en France depuis 10 ans !!
Et comme par hasard, NCEP-NCAR affiche une forte anomalie basse.
Je n’ai pas votre degré d’expertise, évidemment, mais perso je préfère continuer à suivre tjs le même indicateur.
Et si on regarde votre graphe comparatif, NCEP affichait aussi une forte divergence froide au début des années 90 par rapport à ERAS, divergence qui a fini par se résorber…..
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@PhildeNuits: c’est un exemple local, mais c’est surtout un exemple très restreint dans le temps. Si on se fie aux réanalyses (attendons quand même les bilans officiels pour être sûr), la baisse est marquée en cette fin d’année; mais à l’échelle de l’année, il n’en demeure pas moins que 2019 sera à la 2ème place derrière 2016 pour ERA5, RSS, la NASA, la NOAA, le Berkeley et le HadCRUT (voire peut-être à la 1ère place pour certains de ces bilans). NCEP et UAH donneront sans doute cette année à la 3ème ou 4ème place. La baisse actuelle semble remarquable d’un point de vue météo. D’un point de vue climat, il en faudrait bien davantage pour renverser la tendance au réchauffement de ces dernières années et décennies.
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«La baisse actuelle semble remarquable d’un point de vue météo.»

Je me demande bien en quoi.
D’autres envisagent même un SSW précoce.
https://global-climat.com/2017/09/25/comment-laffaiblissement-du-vortex-polaire-favorise-les-vagues-de-froid/
https://global-climat.com/2019/01/31/polar-vortex-quel-lien-avec-le-rechauffement-climatique/
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Sur ce graphe, on voit que la température à 10 hPa sort de la variabilité à 90% fin novembre, début décembre, avec même un record autour du 30 novembre. Donc oui, c’est remarquable, même si c’était temporaire. Mais ce sont les données pour la haute stratosphère, pas au niveau du sol.
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… Et pour les hautes latitudes nord seulement.
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Il est entendu ici les conséquences d’un tel évènement (SSW et vortex instable) qui n’est pas aussi exceptionnel que le suggère PhildeNuits.
Si à cela on ajoute la météo spatiale et l’ONI négatif, rien de bien surprenant si cet hiver, le froid mord plus fort et plus loin localement et qu’au final les indices partent à la baisse. En ce moment, il fait très doux au Québec.
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Oui, ça arrive et ça pourrait même se produire plus fréquemment avec le réchauffement climatique. Apparemment, on a là un gros SSW en perspective avec des vagues de froid attendues vers mi-janvier (mais où dans l’hémisphère nord ?). On a clairement des conditions réunies pour une belle chute des anomalies globales. Si c’est tout à fait explicable, on devine déjà les réactions…
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Y a un problème dans l’ordre des réponses. C’est un peu pénible, désolé.
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Le graphique annonce un SWW. Ca pourrait nous amener du grand froid en janvier ! On va en reparler dans les prochaines semaines…
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L’année 2020 est la plus chaude en France depuis le début des mesures, en 1900:
https://meteofrance.com/sites/meteofrance.com/files/styles/lightbox_style/public/images/editorial/Graphe_TM_1900_2020_28dec.png?itok=nM8919XZ
J’imagine qu’on est dans la marge d’erreur par rapport à 2018. Il n’en demeure pas moins que le climat en France s’est réchauffé de 2°C depuis le début du XXème siècle. À peu de choses près, Orléans a désormais le climat du midi toulousain de la « belle époque ».
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Oui, 14C contre 13.9C avec une moyenne 1981-2010 à 12.6C. Ce qui donne une anomalie en 2020 de +1,4C par rapport à la moyenne 1981-2010. A apprécier par rapport à l’anomalie globale qui va tourner autour de +0,6C.
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