D’après la réanalyse de dernière génération ERA5, la température globale en 2020 a connu une anomalie quasiment équivalente à celle de 2016, année marquée par un record de chaleur.
L’épisode de 2016 avait été favorisé par un événement El Niño exceptionnel, l’un des plus forts jamais observés avec celui de 1998. L’année 2020 n’a pas été réchauffée comme 2016 par le largage de chaleur dans le Pacifique, typique des événements El Niño.
Copernicus doit publier le bilan officiel de la réanalyse ERA5 le 8 janvier 2021 (dans quelques heures, au moment où cet article est écrit). 2020 devrait se situer légèrement derrière 2016 dans ce bilan officiel mais au vu du faible écart, Copernicus pourrait parler de quasi-égalité entre ces deux années. On ne peut qu’être surpris par ces anomalies équivalentes dans un contexte fort différent. Il ne fait ainsi aucun doute que le niveau exceptionnel atteint en 2016 et en 2020 est dû au réchauffement climatique. Sans El Niño et avec un cycle solaire au plus bas, l’influence des gaz à effet de serre n’en est que plus manifeste en 2020.
L’Europe a en outre connu en 2020 son année la plus chaude jamais enregistrée avec 1,6°C au-dessus de la période de référence 1981-2010 et 0,4°C au-dessus de 2019, l’année la plus chaude précédente.
Voici un comparatif des deux années. Les cartes ci-dessous montrent la différence entre 2020 et 2016 (Résultat = température de 2020 – température de 2016). La première montre la différence annuelle – 0,007°C – avec un contraste évident dans le Pacifique Est, une région déterminante pour les anomalies de température à court terme. Les cartes suivantes montrent les différences mois par mois. Six mois de 2016 ont été plus chauds que 2020 ; six mois de 2020 ont été plus chauds que 2016. Les anomalies sont relatives à la période 1981-2010.
Pour chaque mois, l’indice ONI est précisé pour le mois en cours et les deux mois précédents. L’ONI, qui reflète la température dans la région Niño 3.4 du Pacifique, est un indice clé d’ENSO : des valeurs supérieures à +0.5 montrent la présence d’El Niño, des valeurs supérieures à +2.0 sont le signe d’un événement exceptionnel. Des valeurs inférieures à -0.5 témoignent de conditions La Niña.
L’année 2016 avait connu les valeurs ONI les plus élevées jamais observées, avant d’évoluer vers des conditions La Niña faibles par la suite. L’année 2020 a été marquée par un ONI légèrement positif dans les premiers mois avant de voir émerger une La Niña modérée, juste sous le seuil qualifié de « fort ». Cet épisode devrait en principe tirer les anomalies vers le bas en 2021.

Janvier : plus chaud en 2020
Janvier 2016 : +0.742°C – ONI NDJ : +2.6
Janvier 2020 : +0.772°C – ONI NDJ : +0.5

Février : plus chaud en 2016
Février 2016 : +0.885°C – ONI DJF : +2.5
Février 2020 : +0.796°C – ONI DJF : +0.5

Mars : plus chaud en 2016
Mars 2016 : +0.82°C – ONI JFM : +2.2
Mars 2020 : +0.682°C – ONI JFM : +0.6

Avril : plus chaud en 2016
Avril 2016 : +0.712°C – ONI FMA : +1.7
Avril 2020 : +0.703°C – ONI FMA : +0.5

Mai : plus chaud en 2020
Mai 2016 : +0.576°C – ONI MAM : +1
Mai 2020 : +0.627°C – ONI MAM : +0.3

Juin : plus chaud en 2020
Juin 2016 : +0.435°C – ONI AMJ : +0.5
Juin 2020 : +0.534°C – ONI AMJ : 0

Juillet : plus chaud en 2016
Juillet 2016 : +0.527°C – ONI MJJ : 0
Juillet 2020 : +0.492°C – ONI MJJ : -0.2

Août : plus chaud en 2016
Août 2016 : +0.577°C – ONI JJA : -0.3
Août 2020 : +0.442°C – ONI JJA : -0.4

Septembre : plus chaud en 2020
Septembre 2016 : +0.554°C – ONI JAS : -0.6
Septembre 2020 : +0.63°C – ONI JAS : -0.6

Octobre : plus chaud en 2020
Octobre 2016 : +0.581°C – ONI ASO : -0.7
Octobre 2020 : +0.616°C – ONI ASO : -0.9

Novembre : plus chaud en 2020
Novembre 2016 : +0.642°C – ONI SON : -0.7
Novembre 2020 : +0.775°C – ONI SON : -1.2

Décembre : plus chaud en 2016
Décembre 2016 : +0.534°C – ONI OND : -0.7
Décembre 2020 : +0.434°C – ONI OND : -1.3

Catégories :Climat
Bonjour Johan,
Je me demande si le biais des anomalies de l’archive NCEP-NCAR mesurées en 2020 pourrait être explicable par cet article du Washington Post.
https://www.washingtonpost.com/weather/2020/12/12/australia-wildfires-volcanoes-global-effects/ Dans cet article, on y fait mention de la désastreuse saison des incendies de forêt en Australie en 2019-2020 qui a soufflé tellement de fumée dans la stratosphère que cela a pu empêché la lumière du soleil d’atteindre la surface de la Terre, provoquant potentiellement un bref effet de refroidissement global comparable à une éruption volcanique modérée.
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