Climat

Le climat en Europe en 2022

Le rapport « The State of the Climate in Europe 2022 » a été conjointement publié par l’Organisation Météorologique Mondiale et Copernicus. Ce rapport met en évidence des tendances alarmantes concernant le réchauffement climatique en Europe et ses conséquences sur la société et les écosystèmes.

Le rapport confirme que l’Europe connaît un réchauffement climatique deux fois plus rapide que la moyenne mondiale depuis les années 1980. En 2022, la température moyenne en Europe a été d’environ 2,3°C au-dessus de la moyenne de l’ère pré-industrielle (1850-1900). La température moyenne annuelle en Europe en 2022 se situe entre la deuxième et la quatrième plus élevée jamais enregistrée.

Au niveau global, la température moyenne annuelle de surface en 2022 a été de 1,15 °C [1,02 °C à 1,28 °C] au-dessus de la moyenne pré-industrielle de 1850-1900. A noter que sur le site global-climat.com, la température globale d’après ERA5 (et les données historiques HadCRUT5) en 2022 s’est élevée à +1,2°C au-dessus de 1850-1900. L’année 2022 a été soit la cinquième, soit la sixième année la plus chaude jamais enregistrée selon six ensembles de données, et ce malgré l’effet de refroidissement de La Niña. Les années 2015 à 2022 ont été les huit années les plus chaudes jamais enregistrées dans tous les ensembles de données.

Les 1,15°C au niveau global sont donc à comparer aux 2,3°C au niveau européen pour l’année 2022, par rapport à la période dite préindustrielle.

L’été 2022 a été le plus chaud jamais enregistré en Europe. Plusieurs pays, dont la Belgique, la France, l’Allemagne, l’Irlande, l’Italie, le Luxembourg, le Portugal, l’Espagne, la Suisse et le Royaume-Uni, ont connu leur année la plus chaude. L’Espagne a enregistré son quatrième été consécutif de sécheresse, affectant ses réserves d’eau qui sont descendues à 41,9 % de leur capacité totale. La France a connu sa période de janvier à septembre la plus sèche, et le Royaume-Uni et la Belgique leur période de janvier à août la plus sèche depuis 1976.

L’Europe a été frappée par plusieurs vagues de chaleur en 2022. L’une des plus sévères a eu lieu à la mi-juillet, avec des températures exceptionnelles dans de nombreux endroits. Des records de chaleur ont été enregistrés dans des pays tels que l’Irlande, l’Allemagne, la Suède, la Finlande, l’Estonie, la Lettonie et la Fédération de Russie. De nombreux records ont été battus par plus de 3°C, en particulier dans le nord de l’Angleterre et l’ouest de la France. Le graphique ci-dessous montre l’ampleur de l’anomalie historique observée pour l’Europe lors de l’été 2022.

Source : Copernicus

Au Royaume-Uni, la barre des 40°C a été franchie pour la première fois, avec une température de 40,3°C à Coningsby le 19 juillet. La chaleur extrême de l’été a particulièrement retenu l’attention avec des niveaux sans précédent en juillet mais les températures ont été supérieures à la moyenne pendant une grande partie de l’année. La barre des 10°C en moyenne annuelle a été franchie pour la première fois, dépassant le précédent record établi en 2014 (9,88 °C).

La France a été particulièrement touchée pendant la saison estivale avec trois vagues de chaleur. Une vague de chaleur anormalement précoce a débuté le mercredi 15 juin. Le 17 juin, des pointes ont été relevées à 41-42°C. Ce fut notamment le cas à Durban-Corbières, dans l’Aude, avec un maximum à 42.3°C. Le 18 juin, des records absolus sont tombés. Biarritz, avec 42.9°C, a battu son record de chaleur tous mois confondus. L’indicateur thermique national a atteint la valeur la plus élevée jamais observée lors d’une mi-juin. Avec 27.4°C le 18 juin, jamais on avait vu un niveau aussi élevé aussi tôt dans l’année, d’après Météo France.

La France a traversé un nouvel épisode caniculaire entre le 12 et le 25 juillet, touchant particulièrement la façade ouest. L’épisode a duré 14 jours à l’échelle nationale, ce qui la classe au 5e rang des vagues de chaleur les plus longues (23 jours en 1983, 21 jours en 2006, 16 jours en 2003 et 2018), d’après Météo France. L’épisode sur classe aussi au 3e rang des canicules les plus intenses que la France ait connu (derrière juillet 2019 et août 2003).

Une troisième vague de chaleur a commencé le 31 juillet en France. Le thermomètre a grimpé jusqu’à 41.8°C à Durban-Corbières (Aude) le 12 août et a dépassé les 40°C sur de nombreuses stations. 

Au final, la France a connu en 2022 son année la plus chaude depuis le début des relevés. Voici le Top 3 des années les plus chaudes en France.

202214,51°C
202014.07°C
201813.94°C

L’Espagne n’a pas été épargnée non plus avec le 4e mois de juin le plus chaud des annales et le mois de juillet le plus chaud jamais observé.  La vague de chaleur qui a affecté la péninsule et les îles Baléares en juillet a été la pire depuis le début des enregistrements météo, selon l’organisme météorologique espagnol Aemet. L’année s’est également soldée par un record de chaleur.

Les températures de surface de la mer ont également atteint des niveaux record dans l’Atlantique Nord, avec de grandes portions de la région affectées par de fortes, voire sévères et extrêmes, vagues de chaleur marine. Le réchauffement de la surface de l’océan, notamment dans la mer Méditerranée orientale, la mer Baltique et Noire, et l’Arctique méridional, est plus de trois fois supérieur à la moyenne mondiale. Ces vagues de chaleur marine entraînent des migrations d’espèces et des extinctions massives, l’apparition d’espèces envahissantes, et perturbent les écosystèmes et la biodiversité.

En ce qui concerne le climat régional, malgré les tendances au réchauffement sur des échelles de temps décennales, il faut dire qu’une variabilité d’année en année se produit en réponse à certains facteurs climatiques. L’Oscillation Nord-Atlantique (NAO), qui décrit les variations de l’intensité de deux modèles de pression récurrents dans l’atmosphère au-dessus de l’Atlantique Nord, joue un rôle clé dans la variabilité climatique en Europe et peut donc expliquer en partie certaines variations saisonnières.

La NAO était positive dès le début de l’année et jusqu’en mars, contribuant à un début d’année chaud pour une grande partie de l’Europe.

Pendant l’été, en accord avec un indice NAO positif, une bande de haute pression, s’étendant sur l’Atlantique Nord central, l’Europe de l’Ouest et l’Europe du Nord-Est, a contribué à des températures record et à des conditions sèches dans ces régions. Les périodes prolongées de conditions anticycloniques, et le manque persistant de précipitations dans de grandes zones de l’Europe de l’hiver à l’été, ont favorisé l’apparition de vagues de chaleur pendant l’été.

D’autres facteurs pourraient expliquer pourquoi l’Europe se réchauffe plus vite. Une étude menée par des chercheurs de l’Université de Stockholm, publiée en novembre 2022, suggère qu’en plus des émissions de gaz à effet de serre, une part substantielle de la hausse des températures est liée à la diminution des aérosols en Europe. A cause des gaz à effet de serre, le climat est aussi devenu plus sec à travers le continent, en particulier dans le sud de l’Europe.

Les aérosols anthropiques sur de grandes parties de l’Europe auraient temporairement masqué, jusque 1980 environ, une partie du réchauffement dû à l’augmentation des gaz à effet de serre. Un renversement de tendance, avec diminution des aérosols au cours de la période 1979-2020, a entraîné une augmentation du rayonnement solaire atteignant la surface du continent européen.

Il faut dire également que les terres ont une capacité thermique inférieure à celle de l’eau, ce qui signifie qu’elles ont besoin de moins de chaleur pour élever leur température.

Parallèlement à la diminution des aérosols, la température en Europe s’est élevée considérablement au cours de la période 1991-2021, à un taux moyen d’environ +0,5 °C par décennie.

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